VIII : Parce que tu n'en as pas aimé une autre.

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SPENCER

Mes sanglots remplissent l'appartement tout entier et mon cœur déjà fêlé de toute part, se brise définitivement en plusieurs milliers de morceaux. Comme ces grains de poussière, comme l'écrin de la bague déposait un peu plus loin.

L'alcool a bien des avantages comme oublier ses soucis, nous faire sentir bien et la plupart du temps se sentir hors de son corps, mais ça ne dure jamais longtemps parce que la réalité nous rattrape est avec lui le retour de la médaille, comme la gueule de bois qui nous surprend au saut du lit. Lorsque j'ouvre un œil pour regarder mon radio-réveil, je ne m'étonne pas d'être déjà en milieu d'après-midi. À côté, j'ai le vague espoir de voir un verre d'eau et quelques aspirines avec un gentil mot de la part de Deley. C'est lorsque je remarque le verre d'eau et les aspirines bien présentes que je m'appuie sur les deux bras pour me soulever. Quelque chose cloche. J'attrape le verre d'une main et l'examine quelques secondes, sa fraîcheur au contact de mes doigts contraste avec la moiteur de ma peau.

_Bois-le, tu ne risques rien.

Je sursaute violemment et renverse un peu d'eau sur mon drap. Je jette un regard par-dessus mon épaule et aperçois Deley, appuyer contre le mur de ma chambre près de la porte, les bras croisés sur son torse. Pendant un instant, je me demande s'il s'agit d'une hallucination en plissant les yeux. J'ai déjà eu des symptômes similaires en mélangeant l'alcool et les médocs.

Il n'est pas réel, il ne peut pas l'être. Me dis-je.

Et malgré tout, je demande :

_Qu'est-ce que tu fiches ici ?

_Je suis venue te rapporter quelques affaires, tu te souviens ?

Je me retourne sur le dos et m'étale sur le lit en essayant de me fondre dans le matelas moelleux, mais ma migraine s'aggrave et je passe une main sur mon front. J'ai incroyablement chaud.

_Vraiment, Spencer ? C'est comme ça que tu passes tes journées depuis qu'on est séparé, à boire et à coucher avec n'importe qui ?

Malgré moi un élan de culpabilité m'assaille, mais aussi un peu de colère alors je me contente de fixer mon plafond blanc pour éviter son regard. Évitant ses questions, je les contourne en posant les miennes. C'est ce que je fais toujours. Le faire parler et me taire, d'où notre problème de communication.

_Comment es-tu entré ?

_J'ai encore le double de la clé. Je venais te rapporter ça avec le reste. J'ai toqué et tu n'as pas répondu, mais la porte n'était pas verrouillée. Alors je suis entré, j'ai trouvé tes affaires dans le couloir puis toi endormie. Pas besoin d'être un génie pour comprendre.

Ce qui est bien avec Deley, c'est que je peux le laisser parler parce qu'il en dira toujours plus que je ne lui en demande. Il est naïf, si naïf que parfois je me rends coupable des moindres défauts de notre couple.

Deley fait passer la clé sur le dessus de la commode en bois blanc à ses côtés et une boule se forme dans mon estomac. Je n'ai jamais voulu en arrivée là, mais notre couple à été une perte de temps et d'énergie considérable. Nous n'aurions jamais dû être ensemble. Je ne dis pas que nous n'avons jamais été heureux, c'était le cas dans les débuts, et il m'a soutenu, fais rire et aimer comme personne ne l'avait fait avant lui puis nous avons grandi, chacun à eux d'autres soucis et peut-être que nous ne nous sommes pas aperçu que nous avions tous les deux changés au point d'être incompatible désormais. Quand bien même nous avons essayé de nous accorder, ce n'était jamais suffisant.

_Prends l'aspirine et reposes-toi, Spencer. J'ai laissé les cartons dans l'entrée et j'ai récupéré mes vêtements dans l'armoire. 

Je tourne la tête à ma gauche où la grande armoire du même bois blanc que la commode, à ses portes ouvertes. Cette fois, mes yeux piquent. Mon armoire a l'air tellement vide sans ses vêtements, les miens tellement minables sans les siens à côté. Ça provoque une sensation bizarre de voir que quelque chose qui a toujours été là, disparaît soudainement. Sans rien dire de plus, je tourne la tête vers Deley. Il est grand, très grand et mince. Ses cheveux châtains sont rasé de près sur sa tête et ses petits yeux ronds me fixent. Ce n'est pas un canon, mais il a du charme. Il se mord la lèvre comme s'il voulait ajouter quelque chose, mais n'en fais rien. Puis d'un coup, je me souviens d'une chose complètement stupide.

Again and More [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant