XVII : J'essaie simplement de faire attention à toi.

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DEAN

C'est un concert tonitruant que joue Dame Nature au-dehors, mais c'est celui-ci, silencieux, que joue Spencer qui m'interpelle.

Le lendemain, je roule vers le lycée d'un pas prudent. La route est verglacée par la neige puis la pluie fine qui est tombée hier soir dans la nuit. L'air est plus glacial que jamais et chacun a sorti bonnets, écharpes et gants. De nombreux enfants sur le trottoir font pas vers l'école, leur cartable sur le dos et leurs parents avec eux. Pendant un bref instant, oubliant tout souci, j'essaie d'imaginer ce que se serait d'avoir un enfant. Je veux dire, bien sûr j'en côtoie toute la journée, je leur apprends, les dirige, les conseils et parfois les gronde, mais c'est différent. Je ne sais pas ce qu'on ressent quand on a un enfant à soi, qui nous ressemble et dont on doit prendre soin. Mais j'imagine que je ne suis pas prêt de le savoir. Camille ne veut nullement entendre parler d'enfant, je peux la comprendre, elle est encore jeune et moi aussi. Néanmoins, je me souviens de comment maman nous distribués nos céréales le matin avant de nous emmener à l'école et comment elle venait nous border le soir en rentrant. Alors même que je trace ma route vers le lycée, l'image de moi tenant par la main un enfant sur le trottoir et le conduisant à l'école reste gravé dans mon esprit. J'ai pris soin de mon petit frère, mais ça ne ressemblait pas vraiment à être un parent. Mais je crois que j'aimerais en être un, un jour.

Je me gare à quelques pieds de rues du lycée et continue à la marche. Le temps est si nuageux et imprévisible que chacun de mes pas est hésitant tandis que mes yeux s'obstinent à lorgner le ciel, ma rétine imprimant l'image de gros nuages blancs cotonneux jusqu'à mon cerveau.

Quand j'entre dans le lycée, je respire une grosse goulée d'air comme si j'allais sauter du haut d'une falaise d'un instant à l'autre et fmarche vers la salle des professeurs. Je ne sais pas lesquelles des élèves ou de mes collègues seront les plus...récalcitrants.

En passant la porte, toutes les discussions s'arrêtent et les têtes se tournent vers moi.

Me voilà redevenu un élève au lycée Staton, pensais-je en essayant d'ignorer tout le monde.

Je me dirige vers la machine à café sans l'envie de débattre avec qui que ce soit. J'avais espéré qu'eux au moins, comprendraient. Je cherche une pièce dans le fond de mes poches, mais n'en sort que quelques malheureux penny dont la tête du président Lincoln sur la face semble me faire une grimace. Je retiens un grognement en me disant que la journée commence sacrément mal sans café et je vois un bras me tendre un billet. Je le prends et lève le regard sur le manteau au motif écossais d'un marron terreux.

_Merci, soupirais-je à l'adresse du professeur Alsheman.

Je me commande un café tandis qu'il semble passé en revue les bars chocolatées dans le distributeur à côté. Je glisse ensuite trois sucres dans mon café et part m'asseoir sur le vieux canapé vert en compagnie d'Alsheman.

_Tout le monde me déteste. Dis-je en ayant assez de me mordre la langue jusqu'au sang.

Le professeur m'ignore un instant en dépliant son journal puis hausse les épaules, chose que je ne l'avais jamais vu faire.

_Et alors ? Vous devriez arrêter de vous morfondre comme un gosse et vous concentrer sur la pièce, Hellis. Elle ne va pas se monter toute seule comme par magie.

_Mais justement, je viens de perdre tout le monde !

D'accord, en cet instant je suis aussi pathétique qu'on peut le croire à bouder comme un enfant. Seulement, tout cela me touche bien plus que je ne l'aurais cru. J'étais tellement abattu quand je suis rentré hier soir, que Camille à cru que j'étais malade. Je n'ai pas osé lui dire la vérité alors elle s'est fait aussi petite qu'une souris. Une souris grimpant sur moi en essayant de me grignoter le...Euh, hum.

Again and More [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant