Again and More [Terminée]

Prologue

DEAN

Il aurait pu m'appeler pour m'annoncer un décès, un accident, une dette payer mais jamais je n'aurais imaginé que ce soit une fête.

UNE SEMAINE AVANT.

J'ai la tête en vrac. Pas que je me sois pris une cuite et pourtant il en résulte la même impression. Mes oreilles bourdonnent, un pivert martyrise mon front et ma peau est luisante d'une sueur qui ne devrait pas être. Tout ce que je peux faire est de me tenir la tête entre les mains, massant mes tempes pour alléger la douleur. Ce qui ne marche absolument pas. Puis quelque chose de nouveau résonne. C'est en continu pendant plusieurs secondes, s'arrête pour quelques instants puis reprend. Je masse mes tempes plus fortes, mais rien n'y fait.

_Tu veux bien éteindre ce fichu téléphone ?

Je relève la tête, passe une main à ma nuque et regarde Camille rouge de fureur face à moi. Nous sommes dans notre salon. Je viens de finir ma journée de classe et j'ai une bonne pile de copies qui attend d'être corrigé. Des terminals ou peut-être des premières. Pas de seconde. Je n'en ai pas cette année. Je lance un regard las à la pile poser sur la table basse et me rends compte que j'ai un stylo rouge dans les mains. À en juger par la copie qui s'étale devant moi à moitié colorier ; le devoir tout comme ma concentration laisse à désirer. J'étais apparemment en plein dedans. Puis Camille est venue m'interrompre ainsi que ma migraine. Je me demande ce qu'elle est venue me reprocher cette fois-ci. Dès que je commence à avoir mal à la tête, je me déconnecte complètement de tout de qui m'entoure.

_Dean, éteints-moi ce téléphone quand je te parle !

Camille me gronde comme un enfant, ne s'apercevant même pas qu'elle est sans doute la plus immature de nous deux. Je reste un instant les yeux dans le vague à contempler sa longue chevelure rousse qui s'élève au rythme de ses allers et venues. Pourquoi est-ce qu'elle m'engueule ? Je tourne mon regard sur la droite. Sur le bras du divan, mon téléphone vibre et manque de tomber du canapé. Je le rattrape et vois apparaître la photo de mon frère. Il semble vraiment très jeune sur cette photo. Il ne doit pas avoir plus de quinze ans. Son prénom « Peter » semble me faire un appel de phare. D'ailleurs pourquoi m'appelle-t-il ? Cela fait bien deux ans que nous avons mis un point d'honneur à nous éviter et à rompre tout contact. Et pourquoi faut-il qu'il m'appelle alors que j'ai la tête en vrac et une crise de Camille à gérer ?

_Ne t'avises pas de répondre, me prévint-elle.

_C'est mon frère.

_Je me fiche de savoir qui c'est !

Je me lève du canapé en abandonnant le stylo sur la table, les sourcils froncés et me dirige vers la baie vitrée du salon.

J'hésite quelques instants, pas que la menace de Camille prenne quelconque ascendant sur moi, seulement que je ne sais pas ce que peut bien avoir à me dire mon frère après deux ans d'ignorance. Une seule chose me décide à lui répondre : ça doit être grave.

_Allo ?

Camille se rebiffe derrière moi, mais je n'entends plus que la longue attente à l'autre bout du fil. C'est seulement lorsque je perçois un souffle que Camille me lâche les basques pour aller se réfugier dans la chambre.

_Dean ?

La voix de mon frère paraît éraillé, un peu hésitante comme si mon numéro avait pu être réattribuer. Presque comme si j'étais mort.

_C'est bien moi. Dis-je dans un souffle.

J'observe le dehors. notre jardin s'étend et plus loin, une vue des montagnes qui entoure notre ville. La brume cache les montagnes les plus éloignées et le ciel sombre ne prévoit pas une belle soirée. Sûrement va-t-il pleuvoir.