Chapitre 16 - [Partie 2]

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Une femme, visiblement plus âgée que Matthieu, sortait de chez lui et appuyait sur le bouton de l'ascenseur. Sophistiquée et distinguée, elle portait une robe noire visiblement d'une grande maison française de couture. Plutôt élancée et un peu trop maigre, elle arborait un large sourire tout en recoiffant ses cheveux. Quelques mèches s'échappaient de son chignon, ce qui donnait l'impression d'une coiffure réalisée à la hâte, trop rapidement. Ce détail contrastait avec son apparence distinguée. Ses yeux verts étaient illuminés reflétant son bonheur. Tout son visage semblait m'indiquer qu'une chose : elle était heureuse.

Il n'en fallut pas plus à ma jalousie pour prendre le contrôle de mon esprit. Matthieu la rejoignit sur le palier et lui aussi semblait être content. Je n'avais que rarement vu cet éclat dans les yeux. Il ne fallait pas être un génie pour savoir ce qu'ils venaient de faire. Et dire qu'il m'avait invité juste après. Il n'avait décidément aucune gêne !

Ma curiosité me poussait à me cacher encore pour entendre leurs propos. Je réussis à retenir ma jalousie en laisse encore quelques secondes. Elle ne tarderait pas à prendre le dessus sur moi mais, pour le moment, je devais recueillir le plus de preuves possibles. Je voulais être sûre de mes conclusions avant d'attaquer Matthieu.

— Merci pour tout, déclara Matthieu.

— Bonne soirée mon chéri.

Il se penchait alors sur cette femme et leurs visages se rapprochèrent. Voulant à tout prix me préserver de cette vision d'horreur, je fermais les yeux. Les bruits, significatifs d'un baiser, résonnèrent à mes oreilles. L'évidence s'imposait à moi et mes larmes, de rage et de honte, commencèrent à couler. Je sentis, au fond de moi, quelque chose se briser.

J'ouvris les yeux seulement quand j'entendis l'ascenseur s'arrêté, en bas de l'immeuble, et que les talons de cette femme retentissent sur les carreaux de marbre. Entre temps, la porte de l'appartement avait claqué et Matthieu était probablement affairé à éliminer les preuves de sa partie de jambes en l'air de l'après-midi.

Je m'asseyais sur les marches tentant de mettre en ordre des idées et, surtout, d'arrêter mes larmes de couler. Après cinq minutes de réflexion sur le comportement que je devais adopter face à cette tromperie évidente, je décidais d'aller confronter Matthieu. Ravalant ma fierté de femme bafouée, je me relevais, difficilement, chancelant avant de retrouver mon équilibre grâce à la rambarde en fer forgé. Respirant de grandes bouffées d'air, me pinçant pour le creux de bras pour me retenir de pleurer, essuyant mes yeux des anciennes larmes, inutiles et accablantes, je me préparais à la bataille qui s'annonçait.

En gravissant les dernières marches, je fis l'état des lieux des émotions qui me traversaient. Je devais être prête pour la guerre et je ne voulais pas qu'un sentiment mal contrôle mettent en péril ma victoire. Résiliée à aller jusqu'au bout, je ne voulais pas abandonner aussi près de la confrontation.

Ma jalousie avait pris le contrôle de mon corps et de mes émotions et m'aidait, actuellement, à avancer. Au début, j'avais ressenti de la rage et de la colère à cause du comportement de Matthieu. Nous n'avions jamais déclaré être exclusif. Cependant, il pourrait me traiter avec plus de respect et ne pas inviter cette femme, cette salope, chez lui juste avant notre rendez-vous. Cet énervement profond n'avait pas disparu. Sous-jacent mais bien présent, il n'attendait qu'une chose : de pouvoir éclater et s'exprimer.

Cependant, derrière cette rancœur, je sentais une profonde tristesse poindre, ainsi qu'une mélancolie et une nostalgie. Plus jamais je pourrais continuer avec Matthieu après cela et nos aventures ensemble allaient me manquer. Cette perte me faisait mal car je ne pouvais pas accepter de retourner à mon ancienne vie.

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