La porte claqua et tous mes espoirs s'effondrèrent d'un seul coup. Une partie de moi était partie en même temps qu'Emma et je n'étais pas sûr de la revoir un jour. Je lui avais donné mon cœur, je lui avais offert mon amour éternel et inconditionnel et elle, elle a tout envoyé promener et m'a détruit. Tout ça pour une histoire vieille de huit ans.
Je méritais une leçon pour le comportement que j'avais eu dans le passé et toutes ces femmes que j'avais maltraité. Emma avait raison, je devais l'apprendre de la manière la plus dure pour que je l'assimile. Cependant, c'était déjà fait. En tout, j'avais fait neuf victimes. Neuf pauvres femmes que j'avais blessé, plus ou moins consciemment, pour me remettre de ma propre déception amoureuse.
J'étais conscient de mes actes et de leurs conséquences. Je savais que j'avais semé désespoir et malheur sur mon chemin. Pourtant, je ne m'en souciais guère. J'avais mis de côté mes préoccupations pour les autres, me concentrant, égoïstement, sur ma peine et mes envies.
Mes premières aventures n'avaient que peu soufferts de mes actes, à ma plus grande déception. J'étais un jeune homme cassé, brisé qui oscillait entre désespoir et vengeance. L'amour n'existait plus tout comme ma vie. Je voulais les faire souffrir. Je voulais que tout le monde ressente mon malheur. Je ne supportais pas de voir des personnes heureuses tandis que moi, je sombrais dans un désespoir de plus en plus profond.
Après ma quatrième conquête, qui se remit rapidement de notre rupture, je décidais de changer le processus pour causer plus de dégâts. Plus questions de signaler que c'était la fin au bout de deux semaines de sexe et relation instense. C'était tout simplement pas suffisant. La technique commençait à faire ses preuves. Cependant, à mon grand désarroi, ma vengeance m'apportait plus de tristesse et de mélancolie que de bonheur.
Quelques jours après avoir arrêté de donner signes de vie à ma huitième aventure, je sombrais dans une profonde dépression. Ce que j'étais devenu ne me ressemblait pas. Tout ce malheur que je causais plus par dépit que par réelle envie ne m'apportait rien de positifs. J'étais devenu un monstre, sans cœur, sans remords et sans vie. Je compris alors que la vengeance n'apportait rien de bon et qu'il était l'heure d'accepter mon passé, pour pouvoir se concentrer sur mon avenir.
Je recollais les morceaux de mon cœur petit à petit et décidais de l'ouvrir à nouveau. Trois années s'étaient écoulées depuis la révélation de Laura, je pensais être capable d'aimer à nouveau. Plein d'espoir, je partis à la rencontre de celle qui pourrait me transformer en un nouvel homme.
Lors d'un énième achat d'entreprises, cette fois-ci légale pour couvrir mes activités occultes, je rencontrais une jeune femme ambitieuse et pétillante, Alexia. Nous nous rapprochâmes intimement, pendant une des meilleures réunions de ma vie. Je pensais que c'était elle celle qui me sortirait de mon mal-être.
Le premier mois ensemble fut beau et grandiose. Je goutais aux plaisirs de l'amour et croquait la vie à pleines dents. Je me sentais redevenir l'homme que j'avais été. Je faisais toutes ces petites choses que seuls les jeunes couples pouvaient comprendre et la couvraient de petits cadeaux intentionnés. Pour célébrer nos trente premiers jours ensemble, je l'emmenais pour un week-end dans ma maison de campagne au Sable d'Olonne.
Le samedi soir, nous étions en train de savourer un dîner romantique devant un magnifique feu de cheminée quand notre histoire bascula. Pourtant, tout était parfait. Nous avions passé la journée à se promener sur la plage, main dans la main, profitant de l'air doux de la fin novembre. Pendant ce temps-là, un chef à domicile, renommé, préparait notre repas gastronomique. Mon majordome avait installé une table grandiose et avait parsemé le chemin de pétale de roses.
Quand le dessert était arrivé, j'étais à deux doigts de sauter sur Alexia pour lui faire sauvagement l'amour devant la cheminée avant qu'elle mette fin brutalement à mon envie avec trois petits mots tout simple. « Je t'aime » m'avait-elle dit. Coupé dans mon élan et surpris par sa déclaration, je restais figé sans pouvoir lui répondre. La soirée était gâchée.
J'essayais pendant des semaines de lui déclarer mes sentiments sans jamais réussir. Le constat était simple : je ne l'aimais pas, pas autant qu'elle, et je n'avais seulement qu'une attirance physique envers elle. Cette réalisation me fit très mal. J'avais tout essayé pour ressentir à nouveau des sentiments amoureux mais je n'y étais pas parvenu. Je devais me rendre à l'évidence, je ne serais plus jamais capable d'aimer.
Cette révélation était trop brutale et trop violente. Je sombrais dans une violente dépression, passant mes journées à me morfondre dans mon appartement. Je bus des litres d'alcools, faisant parfois quelques mélanges dangereux, afin de noyer ma peine. La tristesse m'accompagnait à chacun de mes pas et je n'avais plus la force de vivre. Je décidais de mettre fin à ma relation avec Alexia de la seule façon que je connaissais : en fuyant. Cela avait également un avantage considérable, ne pas voir en face mon échec.
Je passais des semaines à errer dans un appartement trop grand pour moi. J'oscillais entre phase de grande mélancolie et des moments de rage. Je détruis un à un tous les objets qui me rappelaient de près ou de loin l'amour. Je balançais aux quatre coins des pièces des cadres, objets de décoration ou autres photos. Je déchirai les toiles que j'avais peintes, avec tant de passion, et brulai tout ce qui me rappelait mon unique loisir. Depuis ce jour-là, je n'avais plus touché à un pinceau.
Les rares souvenirs qui me restaient de Laura avaient également disparu. Je m'en pris aussi aux preuves d'affection de mon frère ou de mes rares amis. Il ne restait plus rien dans mon appartement après mes excès de violence. Je détruisais tout, faute de pouvoir, ou de vouloir, me détruire.
Peu de personnes osaient m'approcher sauf Louis qui m'apportait la force et le courage de continuer à vivre. Je faisais enfin réellement mon deuil de l'amour. J'avais pris mon temps pour me reconstruire de ce dernier drame sentimental. Souhaitant m'éloigner à tous prix de ce qui pouvait me rappeler, de près ou de loin, Alexia, je mis mon frère aux commandes de mes activités légales. Pour me protéger, il ne m'avait plus jamais parlé de mon ancienne conquête.
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Petit chapitre mais je ne savais pas trop où couper... Je vous publie la suite :D
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Succomber
RomansaEmma avait tout pour être heureuse : un petit copain adorable, un métier correctement payé et une vie paisible à Paris. Cependant, à la fois hantée par son passé et accablée par sa routine quotidienne, elle était, à l'aube de ses 28 ans, à la croisé...