Le lendemain soir, j'attendais Emma devant le restaurant depuis maintenant dix minutes. Pour fêter notre passage aux choses sérieuses, j'avais revêtu une chemise bleu clair, légèrement ouverte, et un jean noir. Le but était de paraître élégant sans être trop sophistiqué, tout en gardant la possibilité de me déshabiller rapidement. J'avais également tenté de coiffer mes cheveux bruns en arriérée, mais ils refusaient tout bonnement de tenir en place. Enfin, je m'étais parfumé de cette fragrance que j'avais créé moi-même et que les femmes aimaient tant.
L'attente fut longue et je m'en voulais d'être toujours aussi prévenant et d'arriver autant en avance. La cause principale de mon impatience était ma nervosité. J'appréhendais la réaction d'Emma quand elle comprendrait la nature de mes activités. Elle allait fuir, c'était sûr. Pourquoi avais-je eu une telle idée ? Je regrettais de plus en plus ma décision. Pour autant, il me restait encore une carte dans ma manche que je pourrais jouer, si je flanchais avant d'oser tout lui révéler. J'avais encore la possibilité de faire machine arrière. Je pourrais lui faire croire que nous étions ici juste pour manger puis repartir chez moi. J'improviserais quelque chose avec ma collection de sex-toys et elle ne se douterait de rien.
Non stop ! Arrête ! Je n'allais tout de même pas remettre en cause mes plans en me préoccupant des sentiments d'une femme. Il n'en était pas question. Je n'aimais pas changer d'avis surtout quand tout était déjà prévu. J'allais m'en tenir à ma résolution et si elle partait en courant, tant mieux ! J'en serais enfin débarrassé.
Ma soudaine rage et colère firent vite place à une réflexion plus rationnelle : la nourriture servie dans mon établissement n'était pas très bonne. Je n'allais pas infliger ça à Emma. Si les clients se pressaient ici, c'était pour toutes autres choses. Seuls quelques touristes mangeaient sans rien se douter car les murs étaient très bien insonorisés. Penser calmement à la situation présente me fit beaucoup de bien. Je m'étais enfin de côté mes préoccupations, jusqu'à l'arrivée d'Emma, pour me concentrer sur mon excitation grandissante.
Quand enfin je l'aperçus au coin de la rue, je fus subjugué par l'élégance et la grasse qui se dégageait d'elle. Emma avait revêtu une sublime robe rouge. Celle-ci était suffisant décolleté pour déclencher du désir instantanément, chez n'importe quel homme qui posait un regard sur elle, mais pas assez pour être provoquante. Ses cheveux attachés en arrière retombaient sur son épaule droite. Pas trop maquillée, elle était tellement ravissante. Craquante même. J'étais bien décidé à faire d'elle mon repas de la soirée.
Mon cœur se mit à battre légèrement plus vite en la voyant. Je me remémorais notre week-end ensemble et un sourire s'illumina sur mon visage. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elle me faisait mais j'étais bien décidé à lui cacher l'effet qu'elle avait sur moi. D'un air que je voulais le plus froid et le plus détaché possible, je la saluai sans même enlever les mains de mes poches.
— Emma, bienvenue dans un de mes restaurants. En revanche, ce que tu vas voir après, j'aimerais que tu en parles à personne, d'accord ?
Elle me regarda intriguée et interloquée mais acquiesça d'un signe de tête. Je la conduisis alors dans l'arrière salle du restaurant. Celle-ci était semblable à tous mes autres établissements : une enfilade de couloirs dans un dégradé de pourpre et de rouge, du sol au plafond. Chaque salle, aux concepts différents, était totalement équipée et prête à l'emploi. Tout était mis en place pour augmenter le désir : drap rouge en soie, large choix d'accessoires, meubles pour varier les positions... Certaines salles avaient mêmes des fenêtres, plus ou moins grandes, qui donnaient sur le couloir, laissant loisir à quiconque d'espionner. Les pièces occupées étaient signalées avec une lumière rouge, pour éviter tout dérangement.
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Succomber
RomanceEmma avait tout pour être heureuse : un petit copain adorable, un métier correctement payé et une vie paisible à Paris. Cependant, à la fois hantée par son passé et accablée par sa routine quotidienne, elle était, à l'aube de ses 28 ans, à la croisé...