En arrivant en vue du château deux jours après leur sortie de la Forêt Noire, Emma se laissa dépasser par le convoi fatigué. La beauté du panorama la subjuguait. Elle s’était attendue à beaucoup de choses, du manoir lugubre au château-fort trapu, mais à rien de cela. La structure qu’elle contemplait était un véritable défi aux lois de la nature. Aucun maître d’œuvre n’avait pu construire cela sans magie et l’architecte qui avait dessiné les plans devait sûrement être un peu fou. Des arabesques de marbre noir s’élevaient à la conquête du ciel, elles brillaient de mille feux sombres sous le soleil couchant,. Au centre, comme nichée dans un cocon, une tour élégante partait à la conquête les nuages. A différentes hauteurs de la tour étaient disposées à intervalle régulier de grandes ouvertures obstruées par des vitraux très colorés. Elle ne voyait que cela de cette distance, la couleur, mais Emma n’avait qu’une hâte: en découvrir les motifs. Elle les imaginait aussi complexes que le reste, aussi splendides. Et que dire du paysage ? Des pics aux cimes enneigées, inviolés par la présence des hommes. Une nature sauvage et indomptable qui savait vous rappeler qu’au final, vous n’êtes que de minuscules fragments de vie éphémère. Magnifique !
- Comment une telle femme a-t-elle pu grandir dans un tel lieux, songea-t-elle à voix haute.
- Ce ne sont pas les lieux qui font les gens, répondit Lancelot qui était resté à son niveau. Ce sont les mains qui nous sont tendues, celles qui nous poussent à terre, mais au final ce sont nos choix qui nous définissent.
- Il y a un sous-entendu, demanda-t-elle suspicieuse ?
- Non Emma, ça ne me plait toujours pas mais votre décision est valable.
Ils avaient eu leur première dispute à ce sujet après avoir pendu les cadavres à des arbres. Ils s'étaient laissés distancer, aucun d’eux ne voulant laisser puruler l’abcès. Emma lui avait permis de donner libre cours à sa colère, à son incompréhension devant une attitude qui ne lui ressemblait pas. Lancelot était un chevalier de la table ronde, il avait beau badiner avec son roi, il n’en était pas moins pétri de toutes les valeurs chevaleresques. Il mettait l’honneur au dessus de tout, englobant tout. Et l’honneur était formel, on ne tuait pas un homme qui se rend, on ne tuait pas un homme désarmé et surtout, surtout on ne tuait pas les enfants. Alors les trois à la fois ! Elle l’avait laissé s’essouffler, il en avait besoin … et elle aussi quelque part, pour ne pas se perdre.- Vous avez fini, demanda-t-elle ?
- Pour le moment, se résigna-t-il.
- Bien parce que si on va au fond des choses, je n’ai rien fait d’autre que suivre vos conseils.
- Pardon, s'offusqua Lancelot ?! Et quand vous ai-je conseillé de tuer un jeune homme en pleurs exactement ?
- Ne soyez pas obtus, rétorqua la blonde. Vous m’avez dit d’être ferme dès le début quitte à lâcher du lest par la suite.
- Mais…
- Non laissez-moi finir c’est à mon tour de parler. Donc je dois être ferme. Dites-moi Lancelot, combien de routes relient le duché au reste du royaume ?
- Une seule Emma et…
- Une seule donc et combien étaient-ils déjà ?
- Une vingtaine
- Voui, donc nous avons une bande de vingt voleurs pour une voie unique. Vingt pauvres bougres qui avaient l’air de crever de faim. Pourquoi à votre avis ?
- Parce que les voyageurs sont rares je présume. Où voulez-vous en venir ?
Il commençait à s’agacer mais elle voulait lui montrer les chemins qu’avaient pris son esprit juste avant que l’escarmouche ne débute. Il fallait qu’il comprenne, elle avait besoin de sentir qu’il était avec elle. Alors Emma continua sa démonstration.
VOUS LISEZ
Le Cygne du Royaume Noir
FanfictionAU SwanQueen Dans le Monde Enchanté la malédiction n'a jamais été lancée. Emma a grandi en constante opposition avec sa mère. Blanche-Neige voudrait qu'elle soit la parfaite princesse de conte de fée, elle voudrait juste être libre. Quand Emma compr...