ÉPILOGUE

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Le jeune garçon d'une dizaine d'années s'arrêta sur une glissade et regarda, penaud, la belle quadragénaire qui se tenait sur le porche d'une salle de réunion. Les bras croisés sur sa poitrine, la femme le toisait avec toutefois un éclat de bienveillance. On lui avait pourtant répété cette consigne mille fois, au moins, mais il avait toujours une bonne raison de désobéir. Cette fois ne dérogeant pas à la règle.

- Mais Maman, tenta-t-il d'expliquer.

- Non Henri, tu peux peut-être négocier avec Emma, mais pas avec moi.

- Mais maman, Scarlett...

- Henri, quand un jeune prince fait une faute, il n'en rejette pas la responsabilité sur sa cousine.

- C'est même pas ma cousine d'abord : c'est une fille.

Régina observa son fils adoptif en essayant de cacher son amusement devant sa répartie inepte. De tous les enfants qu'elles avaient adopté, au fil des années, celui-ci était incontestablement son préféré. Elle n'aurait pas dû en avoir bien sûr, et elle les aimaient tous. Mais cet Henri (le second) était particulier. Était-ce sa frimousse intelligente ? Sa curiosité insatiable ou bien le fait que, par un curieux hasard, il était celui qui ressemblait le plus à son doux amour ?

- Évidemment mon chéri, sinon elle serait ton cousin. Mais elle est la petite fille de Ruby et donc ta cousine.

- Mais c'est un loup !

Régina fut surprise, elle ne s'attendait pas à entendre une telle discrimination de la part de son fils. Moins que quiconque, il n'aurait dû entretenir de préjugés. La famille de Ruby côtoyait la leur depuis qu'elles avaient échappé au sort triple. La louve s'était même montrée particulièrement prolifique en élevant une ribambelle de rejetons. Et évidemment tous étaient des loups.

- Henri ! Mais qu'est-ce qui te prends ?

- Mais maman elle triche !

Avant qu'elle ne puisse répondre quoique ce soit, la femme sentit une présence s'approcher à une vitesse folle. Bien que la paix règne sur la région depuis une centaine d'années, les réflexes de la brune prirent le dessus, et elle invoqua autour d'elle et du jeune garçon une protection magique. Juste à temps. Une forme massive et hirsute heurta la paroi invisible dans un couinement de douleurs.

- Tu vois, exulta le garçon, elle triche ! Tu as dis que les nobles ne trichaient pas. Donc elle n'est pas ma cousine !!

Régina partie d'un rire heureux. Ah la logique de son fils. Une chose étrange s'il en était. Puis dans un soupir las, elle se rappela de la femme avec qui elle était en entretien. Famille ou devoir ? Jadis le choix aurait été évident, elle aurait privilégié son sacro-saint devoir. Mais aujourd'hui, elle était différente. Aussi, se tourna-t-elle brièvement vers son invité.

- Rowan, je dois m'occuper de ça. On en parle plus tard ?

- Bien sûr Majestée, mais je vous le répète, ce n'est ni inquiétant ni urgent.

- Tout de même Prêtresse, la disparition soudaine de Morgane devrait l'être non ? Elle est la gardienne du Royaume.

- Elle ne l'est plus Régina. Le rituel de passation a été accompli avec succès lors de la dernière pleine Lune. Je pense que Morgane était fatiguée. Perdre Viviane, après la mort de Lancelot a été le coup de trop. Et puis, certains disent qu'ils ont vu Merlin traîner dans le coin. Mais ne vous en souciez pas pour l'instant. Là vous avez un problème autrement plus important avec ces deux garnements.

Régina les avaient presque oubliés. Mais cela faisait tant d'années que leur spiritualité reposait sur la demie-fée. Comment son absence pourrait-elle ne pas leur faire cruellement défaut ? La mère s'ébroua pour se débarrasser de ces tergiversations politiques. Il était temps de revenir à l'essentiel.

Le Cygne du Royaume NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant