CHAPITRE 20 : Magie

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Emma, William et Donald discutèrent longuement, du duché en général et de la baronnie en particulier. Emma en appris autant de ce qui était dit que des non-dits. Dans les faits, William s'occupait de tout ce qui n'était pas militaire mais ne prenait aucune décision par lui-même. Jusqu'à récemment, tout fonctionnait plutôt bien mais la maladie du vieil homme l’avait fortement handicapé. Depuis six mois il ne quittait plus sa chambre.

- Harold lui a pris la chevalière sigillaire le mois dernier, rapporta William, impuissant devant la bassesse de son demi-frère.

- C'est son droit, contra leur père. Même si cela ne nous plaît pas.


Emma rebondit sur cette dernière phrase, poussant les deux hommes dans leurs retranchements. Donald finit par admettre qu’Harold n'était pas le fils qu’il aurait souhaité mais que le destin l’avait voulu ainsi. Il expliqua à une Emma perplexe que Moira, sa défunte femme, paix à son âme, avait eu un accouchement périlleux.

- Elle a failli y passer, raconta-t-il tristement, c'était horrible si vous saviez, il y avait du sang partout. Et ce ...ce boucher que ses parents lui ont envoyé comme accoucheur il a ..il a… Enfin bref, après ça je n’ai plus jamais pu la toucher. C’est devenu une femme très pieuse mais… enfin c’est comme ça que j’ai eu William des années plus tard. J’avais besoin de tendresse vous comprenez ?


Emma le laissa gentiment disgresser, elle s'était aperçu que si le bonhomme était lucide son esprit battait parfois la campagne. À un moment, complètement sûre de son choix, la blonde Duchesse fit approcher Ruby pour lui chuchoter d’aller lui quérir Maxime. C'était un jeune homme formidable qu’elle avait découvert en chemin. Un gars solide et charismatique que ses compagnons écoutaient toujours, parfois sans même s’en rendre compte. Il n’ordonnait pas, il suggérait, il montrait toujours l’exemple, se levant en premier et se couchant en dernier. Le troisième jour, elle l’avait nommé sergent et l’avait mis à la tête du contingent. C'était un excellent guerrier pour couronner le tout, pas du tout comme elle, lui savait garder la tête froide en toute occasion et se battait avec intelligence là où Emma suivait ses tripes. Elle allait avoir besoin de lui.

Mais Ruby n’eut jamais le temps de quitter la chambre. Elle faillit se prendre la porte en pleine figure quand soudain les battants s’ouvrirent à la volée sur Maxime et Harold au coude à coude. Le premier essayant de s’interposer entre le noble et sa maîtresse.

- Père, hurla Harold ! Savez-vous ce que cette harpie à fait ? C’est une folle furieuse, une criminelle de la pire espèce !


Emma sourit, amusée de la verve de l'imbécile. Qu’il put se croire autorisé à la juger... non mais vraiment. Et puis de quoi se plaignait-il au juste? C’est Donald qui posa la question et la réponse réveilla la colère d'Emma.

- Elle a ignominieusement assassiné un brave homme, s'égosilla le fils aîné. Un pilier de sa communauté. Un innocent accusé par jalousie.

- Un brave homme, cria Emma à son tour ?! Ce violeur d’enfants, cet animal sans conscience ?! Vous n'êtes pas seulement un demeuré, vous délirez en prime si vous confondez justice et assassinat.

- La justice exige un procès.

- Et parfois elle exige une action rapide.

' Rapide, la railla Harold, mais vous l’avez écharpé ! Et vous avez laissé des hommes à vous terroriser MES villageois. Et celui là qui refuse que j'envoie du soutien, renchérit-il en désignant le soldat, vous en dites quoi ?

- J’en dis.., elle demanda en regardant William, dites vous avez des cachots dans le coin?


L’homme prit à parti n’osait plus lever les yeux. Depuis l’arrivée de son frère, il se faisait le plus petit possible mais là on lui avait posé une question directe qu’il ne pouvait ignorer.

Le Cygne du Royaume NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant