CHAPITRE 16 : Bon retour chez les vivants

1.2K 91 5
                                    

Les deux femmes étaient plongées dans leurs pensées. Régina avait passé la nuit tiraillée de toute part. D’abord, il y avait sa libération, tellement subite, qu’elle avait encore du mal à réaliser. Il y avait des conditions, naturellement, mais la brune  soupçonnait que le joug de la jeune princesse ne serait pas si lourd à porter et ça lui laisserait le temps de revoir ses aspirations. C'était triste à dire mais elle n’avait plus soif de revanche. Elle se moquait toujours des autres, plus que jamais en réalité, puisque même le mal qu’on lui avait fait, elle s’en moquait. Alors que lui restait-il ? Elle ne s’en souvenait plus. Ce qui l'amenait au second point: l’ineffable blonde et leur baiser torride. Surtout sur le fait qu’elle y avait mis un terme alors même que le désir ravageait son bas ventre. Juste parce que tout allait trop vite, que la brune n’arrivait plus à suivre les différents rebondissements. Qu’elle voulait être certaine qu’Emma le voulait vraiment et pas sous l’impulsion d’une force inconnue.

Ce qui l'amena au troisième point. Celui qui, au final, avait occupé la moitié de sa nuit. Elle avait commencé par éliminer ses propres sortilèges. Contrairement à ce que pouvait penser la princesse c'était tout à fait envisageable. Non pas qu’elle l’aurait fait volontairement. Mais il y avait dans le château des objets dangereux qu’un rien pouvait activer si l’on n’en connaissait pas les risques. Elle avait récupéré un inventaire et les avait vérifiés un à un. Elle était même allée voir un vase et une épée qui auraient pu être à l’origine de tout mais elle avait fait chou blanc. Elle avait beau s’être torturée les méninges, elle n’avait pas de piste, ou alors elle en avait tellement qu’elles étaient inutilisables.

Emma, quant à elle, ne pensait qu’à deux choses: l'étreinte enflammée de la veille et la rencontre avec Esmeralda qui ne devrait pas tarder à apporter le petit déjeuner. Aussi, on lui pardonnera son soulagement quand c’est Lancelot qu’elle vit débarquer les bras chargés d’un plateau débordant de victuailles. Il faut dire que commencer sa journée en devant assister au meurtre sauvage d’une servante n'était pas son idée d’une matinée réussie. “ Lancelot, mon ami ”, s’exclama-t-elle, un peu trop enjouée sous le regard suspicieux de la sorcière. Cette dernière, à qui la captivité n’avait rien enlevé à sa vivacité d’esprit, compris aussitôt qui se chargeait d'amener habituellement ses repas à la blonde. Elle prit note d’y remédier. Lancelot ne fit pas attention à cette entrée en matière peu orthodoxe. Lui aussi avait peu dormi.

- Bonjour à vous aussi princesse, Dame Mills, dit-il avant de reprendre sans perdre de temps, j’ai pris la liberté de convoquer Ruby et Markus. Je vous préviens tout de même qu’ils ne sont pas au mieux de leur forme. Donc soyez patiente s’il vous plaît.


Il continua en s’adressant directement à la méchante reine.

- Quant à vous, dire qu'ils vont être surpris par votre présence est un doux euphémisme. Abasourdis, choqués, plus vraisemblablement terrifiés. Je prévois une fuite de la part de Markus et pour Ruby… disons qu’elle est d’une humeur de chien. Alors faites attention à votre gorge mais ne la blessez pas s’il vous plaît, nous en avons encore besoin. Allez maintenant, dépêchez-vous de manger, vous avez une demie-heure. Le mal n’attend jamais !


***

Comme il fallait s’y attendre les cousins Lukas reconnurent la méchante reine sur le champ. Et heureusement que Lancelot les avait prévenues car leurs réactions furent fulgurantes.  Emma plaqua son corps contre la porte pour prévenir la retraite d’un Markus tremblotant. Régina, elle, avait figé la Louve en plein bond alors qu’effectivement elle avait sa carotide en ligne de mire. Il avait fallu dix bonnes minutes pour voir un début de raison réapparaître dans les yeux de l’intendante. Markus, lui, ne s'était jamais vraiment départi d’un léger tremblement. Il y avait eu beaucoup d'explications, de cris, de menaces, de promesses de vengeance (et on reprochait à Régina sa vindicte ?). Emma avait parlementé comme jamais, se faisant l’avocate du diable. Enfin, si le diable s’habillait en robes effroyablement érotiques.

Le Cygne du Royaume NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant