CHAPITRE 34 : Départ en guerre

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Emma chevauchait à la tête de son armée. Armée ! Ce terme était bien dérisoire quand on considérait la troupe hétéroclite qui la suivait. Sur près d’un millier d’hommes qui s'étaient rassemblés autour de la capitale, seul le tiers étaient des soldats de métier. La majorité d’entre eux étaient du tout venant. De guerrier ils en avaient à peine le nom, eux qui s'étaient entraînés pour défendre leur biens de malandrins ou de loups, à l'épée ou à la lance. La jeune souveraine, si proche de sa première bataille, aurait dû s’en inquiéter.

Sauf qu’elle n’avait en tête qu’une sublime brune à la silhouette parfaite. Une sublime brune dont elle sentait le regard lui brûler la nuque. Emma s’empourpra légèrement quand la sensation lui remémora les quelques jours qui avaient précédé leur départ. Elles avaient passé des heures à échanger caresses voluptueuses et baisers enflammés. Aventurières intrépides, elles avaient entrepris de découvrir chaque zone érogène, ou du moins sensible, chaque petite taquinerie qui ferait gémir l’autre. Ça avait été magique, l'interlude le plus heureux de sa vie.

Car à cause de sa mère et de son besoin obsessionnel de tout contrôler, cela n’avait été que cela: un interlude. Emma devrait être en train de découvrir les responsabilités avec son peuple et l’amour avec sa bien-aimée, mais à la place elle se retrouvait à nouveau à manger de la poussière, les reins endoloris par deux jours de monte. Sans compter que plus ils s’approchaient du champ de bataille, plus la Source se faisait pressante. Elle chuchotait toutes les vexations infligées par Snow, les reproches sans fins, l’impression qu’elle lui donnait de ne jamais être à la hauteur, les abandons, et cette ultime trahison. Le rejet ultime. Celui de trop. Celui qu’elle lui ferait payer. Et le mieux c’est que personne ne pourrait rien lui reprocher. Ténèbres ou non c'était clairement Emma l’agressée, elle agirait en légitime défense.

De plus en plus, la jeune femme devait lutter pour ne pas se laisser submerger, pour garder Régina et son doux sourire en tête, Régina et son air désapprobateur, Régina et son rire provocateur, Régina aux courbes incendiaires. Et voilà c'était reparti. Emma n’en pouvait plus de cet escalier émotionnel, un coup en bas, un coup en haut. Sans cesse tiraillée, elle se sentait comme un os entre deux chiens.

La vue de la forêt lui offrit une diversion bienvenue ainsi qu’un nouveau sujet de préoccupation. Qu'était-il advenu de Niall Blackstorm, le conte de la frontière qu’elle voulait faire Duc ? Son château était vide à l'exception de vieux serviteurs mutiques. Emma et ses conseillers avaient décidé de remettre la question à plus tard, mais Emma n’aimait pas les mystères. Et le dernier qui lui était tombé dessus ne lui avait pas fait changer d’avis. Les ténèbres ? Vraiment ?

En arrivant à l'orée de la forêt, elle se demanda si son esprit n’avait pas cherché à la prévenir avec ces dernières élucubrations. En effet, la route devant elle était barrée par une silhouette longiligne drapée dans une cape verte forêt. L’individu semblait désarmé, malgré cela Lancelot et Emma posèrent prudemment la main sur la garde de leur épée avant de faire signe au reste de la colonne de s'arrêter. Après tout, ils avaient déjà une certaine expérience sur cette voie, et pas des meilleures.

- Vous me cherchiez paraît-il, entonna une voix féminine.


Le ton était étrangement chantant en comparaison à la tenue un peu lugubre.

- À moins que vous ne soyez un vieil homme de soixante ans, je ne crois pas non, rétorqua la souveraine.

- Le vieil homme en question est mort ma Reine.

- Pardon! ! Depuis quand ? Et pourquoi n’en ai-je pas été informée ?


Cette dernière question s’adressait à Lancelot, c’est pourtant la femme au visage toujours dissimulé qui répondit.

Le Cygne du Royaume NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant