CHAPITRE 19 : Une noblesse décadente

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Comment ça on est pas mardi ?!  Ok ok c'est possible. Mais il se trouve que j'ai fini l'écriture ( si on oublie un épilogue qui ne saurait tardé. Alors je me suis dit qu'on pouvait aussi bien passé a deux posts semaine. Bien sur vous avez toujours l'opportunité de vous en plaindre...

À la suite du jugement de Blackbird, comme ses hommes aimaient à appeler l'exécution du fils Johnson, Emma avait décidé de changer ses plans. Déjà, elle avait été contrainte de laisser deux soldats sur les lieux amputant ainsi sa garde. Mais elle n’avait pas eu le choix, les regards haineux qu’avait lancé le futur ancien bourgmestre ne mentaient pas et elle se devait de protéger les villageois de toutes représailles. Elle s'était dit également qu’il était temps d’aller à la rencontre de sa noblesse.

Ils n'étaient pas nombreux, à peine deux familles ayant survécu aux purges successives de la méchante reine et de Blanche-Neige. Deux familles seulement qui étaient tellement insignifiantes qu’elles étaient passées à travers les mailles du filet. Deux familles sur un territoire qui aurait dû en compter une dizaine. Ce point également expliquait l'état du duché. On l’oubliait trop facilement, mais l’aristocratie avait un rôle social bien précis autre que l'hédonisme forcené et la guerre. Ils devraient protéger leurs terres et en assurer une exploitation cohérente, ils devraient être les garants de la loi, même dans les coins les plus reculés. Alors, quand la noblesse disparaissait, des territoires entiers étaient livrés à eux-mêmes. Leur prisme rapetissait pour ne plus voir que leur intérêt et ceux de leur proche. Il n’y avait plus de projet commun, plus de bien commun, juste un individualisme craintif, replié sur lui même.

Mais le village de Blackbird avait un baron.  Un baron à qui elle était décidée à demander des comptes pour son indolence. Alors, elle se tenait deux jours plus tard devant un bâtiment étrange. Ça avait dû être un château fort dans la pure tradition à l’origine. Mais des générations de seigneurs y avaient apporté leurs modifications, détruisant une tour par ci, ou un pan de murailles par là. Certains étaient des bâtisseurs et avaient ajouté ailes et dépendances. Au final, on avait une espèce de manoir biscornu à la silhouette imposante devant laquelle Emma et sa troupe attendaient depuis dix bonnes minutes que les maîtres de céans viennent l'accueillir.

Cela commençait mal. Outre cette attente indigne, ils avaient dû les voir venir de loin, la soldatesque avait un comportement déplorable. Leur “uniformes” étaient faits de brick et de broc plus ou moins usagés, leur attitude à la limite de l’impolitesse était empreinte de laisser-aller. Aucune discipline, aucun professionnalisme. Certains jouaient aux cartes, d'autres discutaient en se grattant les parties visiblement gênés par leurs colocataires, personne pour effectuer des activités guerrières. Le personnel est souvent une image révélatrice de leur maître. Et ce qu’Emma voyait n'était pas flatteur. Elle n’eut guère à patienter plus avant de voir un homme d’une quarantaine d’années se diriger vers leur groupe. Richement vêtu mais avec peu de goût, nota Emma aussitôt. Un homme fat, vaniteux tout ce qu’elle aimait songea la jeune femme amère. Alors voilà l'infâme tas de boue ?  

- Ma Dame, susurra-t-il charmeur, je suis le bar...le fils du baron de Blackwood, je suis enchanté de vous offrir les honneurs de ma maison. J’ai pris la liberté de faire préparer une collation pour vous remettre des épreuves du voyage.

- Des épreuves, demanda-t-elle doucereuse ?

- Et bien oui, chevaucher par cette chaleur, pour une femme...

Elle le coupa d’un geste avant qu’il ne puisse se compromettre davantage, Emma avait déjà bien du mal à ne pas le trucider sur place. Quel abruti  ! Afficher ainsi sa misogynie devant sa nouvelle duchesse ! Pensait-il qu’elle allait se pâmer à l'idée d’un chevalier servant lourdaux ?

Le Cygne du Royaume NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant