Il était en face de moi, plus petit, il était bloqué entre moi et le rebord de la fontaine, il ne me faisait plus de signe afin de me faire comprendre qu'il voulait que je recule. L'atmosphère autour de nous avait changée, je l'avais senti et je suis sûr que lui aussi. Je ne savais pas où ça allait nous mener tout ça mais j'avais bien peur que ça ne nous apporte pas que des bonnes choses. En effet, sur l'instant, je ne voyais plus personne, seulement Louis, il n'y avait plus que nous deux, presque l'un contre l'autre. Ma main tenait toujours son menton si bien que les personnes qui ne nous connaissaient pas devaient se poser des questions. Mes yeux étaient dans les siens, je n'avais toujours aucun mot pour décrire ses yeux, ils étaient trop singuliers, trop spéciaux, extraordinaires, magnifiques, et encore, ces mots étaient bien loin de la réalité. Il me fixait, son regard me demandant silencieusement ce qui était en train de se passer.
J'avoue que j'aurai aimé avoir une réponse à lui donner, mais ce n'était pas le cas, je n'en avais aucune idée, je me laissait porter par mes pulsions mais je sentais que ça pouvait déraper à tous moments, je savais que si je ne faisait pas quelque chose rapidement la situation deviendrait gênante, du moins, plus qu'elle ne l'était déjà. Je ne savais pas ce que je comptais faire, ce qui allait se passer d'ici les minutes qui aillaient suivre, je ne savais pas... Je ne savais rien, la seule chose dont j'étais sûr sur l'instant présent était que Louis était en face de moi et que j'avais vraiment envie de l'embrasser.
Je rapprocha mes lèvres des siennes, nos souffles heurtant mutuellement nos lèvres, la même tension pesait autour de nous, la même atmosphère lourde, chaude, limite érotique. Nos corps semblaient aimantés, impossible à séparer, nous étions près, très près, trop près pour ma santé mentale, pour que je puisse être maître de mes actes, de mes émotions, pour que je puisse me contrôler, réfléchir correctement. C'est pourquoi je m'approcha encore de lui, rapprochant encore nos corps, collant nos fronts ensemble, entourant ses hanches de mes bras, le collant contre mon torse. Ses poings se fermèrent et ses mains se posèrent contre mon torse, il releva la tête, ses yeux se fixant de nouveau dans les miens, le même bleu expressif, la même intensité dans son regard, la même façon de me poser une question silencieuse.
Son souffle se heurta d'un seul coup plus durement contre mes lèvres, il se fit saccadé, une sorte de désir emplissait l'espace autour de nous, et pourtant, nous étions en public, dans un parc pour enfants, nous étions trop proche pour un endroit public, pour deux hommes même. Nous étions devant plein de gens qui étaient sûrement en train de nous juger, en train de mal nous regarder, en train de nous critiquer. Je savais que Louis ne s'en rendrait pas compte, je savais que pour l'instant il était déconnecté du monde, qu'il ne se rendait compte de rien. Je savais qu'il m'en voudrait après, de trop l'avoir approché, de l'avoir« contrôlé », je savais qu'il trouverait plein de raisons de m'en vouloir, surtout si j'allais au bout de mon idée...
Il me regarda plus intensément, semblant se poser de plus en plus de question, ses yeux s'emplissant de plus en plus d'interrogations et de doutes. Sa langue passa sur ses lèvres, les humidifiant légèrement, puis ses dents coincèrent sa lèvres basses entre elles, dans une lenteur extrême, dans un érotisme insoupçonné, dans un geste langoureux dont j'ignorais l'existence, dans une lenteur calculée, dans un geste empli de désir, de peur et de doute. Il paraissait effrayé, effrayé de ses sentiments, effrayé de ce qu'il pourrait se passer, effrayé de la façon dont les choses tournaient, effrayé de mes gestes ainsi qu'effrayé de mon regard désireux détaillant son visage, partant des douces lignes de son front, de ses yeux bleu trop expressifs, de son nez fin et gracieux, de ses pommettes hautes et roses, de ses joues pleines de bébés tellement mignonne, de ses lèvres charnues, roses, pleines, de sa lèvre coincée entre ses dents, de sa façon langoureuse de se tenir, de parler et de me regarder.
Je me pencha plus sur lui, lui faisant comprendre de nouveau que je ne comptais pas reculer, que je comptais attendre de voir sa réaction avant de bouger, avant d'agir. Il me fixa dans les yeux, il semblait sûr que je n'irais pas jusqu'au bout de ma pensé, sûr que je ferai demi-tour, que je reviendrais dans le passé, sur mes pas, que je ferais marche arrière et trouverait une excuse pour expliquer cela, pour ne pas devoir assumer cela. Mais non, et je vis ses yeux se voiler, se remplir de plus de doute encore, de plus de questions aussi, je vis ses yeux s'écarquiller lentement, petit à petit quand il comprit ce que je comptais faire.
Je pense qu'il attendait dans un sens que je fasse le premier pas puisqu'il ne bougeait pas, ses yeux restaient fixés dans les miens, toujours à la recherche de réponses que je ne pouvais lui donner, toujours à la recherche d'un indice, d'une certitude que je ne possédais pas, mais que j'aurais aimé avoir afin de le rassurer, de le soutenir, je ne sais pas, juste, je pense que j'aurais aussi aimé savoir. Parce que c'est rassurant, rassurant de savoir où tu vas, ce que tu fais, ce qu'il faut, ce qu'il ne faut pas, ce qu'on dois faire ou éviter, c'est rassurant d'avoir des réponses, c'est un confort, une chose dont on à besoin. On a besoin de réponses, de certitudes, de généralités, d'habitudes, de choses qui ne changent pas, jamais, qui apporte une certaine stabilité.
Nous sommes tous des enfants au fond, on a besoin de réponses à nos questions pour ne pas trop s'en faire, pour ne pas s'imaginer pire, pour vivre le sourire aux lèvres, on a juste besoin de savoir et de vivre. On a besoin de jeux, de divertissements, de joies, de peines et de conneries pour aller mieux, pour se changer les idées, pour juste s'aérer l'esprit et garder un sourire aux lèvres même s'il sonne faux, même s'il paraît hypocrite, même s'il paraît forcé.
Et c'est ce dont Louis à l'air en ce moment, d'un enfant, il cherche des réponses dans mes yeux de manière à ne pas avoir à poser de mots sur ses interrogations, sur les miennes, sur les choses de la vie et celles qui nous entourent. Il est plus petit, donne plus l'impression qu'il a besoin de protection, de plus d'attention, de plus de choses et en même pas de trop, car il ne faut pas le brusquer, l'effrayer, lui donner trop d'attention afin de ne pas lui donner l'impression d'être une chose faible et fragile.
Alors oui, Louis avait des airs de bébés, mais ce n'en était pas un, il n'était pas une petite chose fragile à protéger, il était une personne, un homme à part entière, un bel homme avec une histoire, des joies, des peines, des hauts et des bas. Louis vivait sa vie à sa manière, mais il vivait et c'était le plus important, il était heureux, faisait son possible pour garder le sourire et répandre la joie autour de lui pour les gens qu'il aime.
Je revins à l'instant présent lorsque je l'entendis respirer bruyamment d'un coup, comme si sa respiration s'était coupée, comme s'il l'avait retenue depuis trop longtemps. Je me rendis compte à ce moment là que nous étions très très près, nous étions à quelques centimètres à peine l'un de l'autre, nos lèvres se toucheraient si l'un de nous avait l'audace de parler ou même de respirer un petit peu trop fort.
Mes bras étaient toujours autour de ses hanches mais les serraient plus fort, tellement que ses poings qui au départ étaient à peine contre mon torse se retrouvaient à présent tout contre, c'était actuellement la seule barrière entre nos deux torses, nos bassins appuyés l'un contre l'autre me permettait de sentir que nous étions beaucoup plus proche que nous ne devrions l'être.
Son front était contre le mien, tout contre, mon nez touchait le bout du sien si bien que nous étions totalement appuyés l'un contre l'autre, dans notre monde. Il n'y avait plus aucun bruit autour de nous, seul le bruit de nos respirations troublait le silence, seul le fait que nous étions totalement l'un contre l'autre nous accrochait à la réalité, seul le bleu de ses yeux dans le vert des miens me paraissait réel. A ce moment, la seule chose qui me semblait normale était le fait que Louis et moi étions l'un contre l'autre, dans un parc public, à deux centimètres nos lèvres se touchaient. Et je ne sais pas si c'était l'atmosphère du moment, le fait que j'étais perdu dans mes sentiments, je ne sais pas.
Tout ce que je savais c'est que sur le moment j'avais envie de réduire à néant la distance entre nos lèvres, de réduire à néant la seule chose qui était encore réelle à mes yeux, mais au passage de réduire à néant aussi, ou au moins un petit peu, notre amitié. Donc je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé mais...
Je l'ai embrassé.
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Maybe I Hate You [Larry]
ФанфикDeux caractères différents, deux ou trois clichés, un groupe d'amis, des non-dits, des secrets, des relations cachés puis révélées et enfin parfois gâchées . Tout cela mélangé pour vous raconter l'histoire de deux hommes. Ne dit-on pas de que de l...