La presqu'île sur laquelle était organisée les Jeux de notre territoire grouillait de monde. Çà et là, des marchands ambulants – venant pour la plupart d'autres coins de l'île – alpaguaient la foule pour lui proposer tout un tas de marchandises.
Les Scienteks se dirigeaient tout naturellement vers ceux qui présentaient des « trésors » dénichés dans les ruines des anciennes villes, les Draoid'hean vers les vendeurs d'herbes, de plantes et d'artefacts magiques qu'on ne trouvait pas forcément dans la région.
En revanche, les différences entre les membres des deux clans ennemis disparaissaient quand il s'agissait de s'orienter vers les stands proposant de la nourriture. Notre île n'étant pas immense, sa gastronomie lui ressemblait. Les Scienteks et les Draoid'hean mangeaient donc sensiblement la même chose, pas forcément par goût, mais plutôt par manque de choix. La seule différence notable résidait peut-être dans les assaisonnements. Les miens étant des monomaniaques des herbes, je vous laisse imaginer le nombre de fois où je m'étais retrouvée avec un bout de ces foutues plantes vertes coincé entre les dents...
Je reportai mon attention sur ma mère et mon père qui marchaient devant moi.
La tradition voulait que ce soit les parents les plus proches de chaque participant qui le conduise jusqu'à l'entrée du terrain des Jeux. Entrée marquée symboliquement par une immense porte reproduisant les anciens portails monumentaux des constructions antiques, mais faites de bric et de broc, de quelques pierres et de bois.
Ouais... beaucoup de bois, en fait, me dis-je en la détaillant plus attentivement. J'aurais pu la faire cramer en un claquement de doigt. Or, je n'avais absolument aucune raison de faire ça. C'était juste que... mon pouvoir issu de l'Élément Feu, me démangeait sérieusement depuis la cérémonie où j'avais bien cru mourir carbonisée par ma propre magie. Bien sûr, ça n'avait pas été le cas, puisque je me tenais devant cette foutue porte en bois, fin prête à participer à mes premiers – et sans doute mes derniers – Jeux. Mais il n'empêche... je sentais son pouvoir brûlant circuler dans mes veines avec beaucoup plus de force que précédemment.
Cela devait-il me transformer en une pyromane psychopathe pour autant ?
Non. Évidemment.
Bref.
En tant que fille de la cheffe des Andrasta, j'étais la dernière de mon clan à m'y présenter. Bizarrement, j'avais hâte de franchir cette porte – et non de la cramer – et de retrouver Katy et Dan, mes deux meilleurs amis qui m'attendaient déjà à « l'intérieur ». Pas Sam, par contre. Lui, je n'avais plus vraiment envie de le voir depuis cette fameuse nuit où le mythe du héros s'était brisé.
Je secouai la tête et tentai d'ignorer le petit pincement au cœur qui m'avait saisi en pensant à cet amour de jeunesse qui ne me faisait désormais plus vibrer. Je devais me concentrer.
Une fois la porte franchie par les derniers participants des deux clans, nous serions ensuite tous parqués ensemble – dans un grand entrepôt – pendant plusieurs heures avant que ne soient lancées les « festivités ». Scienteks et Draoid'hean mélangés.
C'était peut-être ce moment que je redoutais le plus. Car il n'était pas rare que les hostilités débutent dans ce hangar. Chaque année, une poignée de participants en ressortaient morts ou mutilés.
Avant même que les Jeux ne soient officiellement lancés.
Je trouvais cela horrible et presque... terrifiant. Car j'étais sûre de mourir de honte si cela devait m'arriver.
Nous n'étions qu'à quelques pas de cette entrée quand mes parents s'arrêtèrent brusquement d'avancer. Réussissant in extremis à ne pas percuter ma mère, je lâchai un chapelet de jurons qui me valut le regard le plus froid et réprobateur dont elle était capable.
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Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemis
FantasyJe m'appelle Teaghan et j'appartiens au clan d'Andrasta. Mes ancêtres - les Draoid'hean - croyaient aux Dieux tout-puissants et à leur magie. Il s'appelle Keir et appartient au clan O'Connor. Ses ancêtres - les Scienteks - misaient sur la science e...