Chapitre 9.2 : Keir

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Euh... Il voulait dire quoi ce petit sourire, au juste ?

Je ne savais pas ce qui se passait dans la tête de ma colocataire (et je n'avais pas spécialement envie de le découvrir, soit dit en passant).

Le seul hic... si ce sourire signifiait qu'elle s'apprêtait un péter un câble et à tout ravager dans notre petite cabane meublée, eh bien, je voulais le savoir et être dans les dispositions adéquates pour la dézinguer rapidement.

Je devais bien avouer que sa propension à se transformer en pyromane psychotique quand elle semblait contrariée me foutait un peu les jetons. Enfin, je n'avais pas vraiment peur, bien sûr – Keir O'Connor ne craignait rien... bon, presque rien – mais le feu... C'était quand même vachement dangereux et instable comme truc. Alors oui, c'était très utile aussi, notamment pour se chauffer, s'éclairer ou cuire des aliments. Néanmoins, d'après mes souvenirs de cours d'Histoire de l'Humanité, même les hommes préhistoriques – qui vivaient de façon encore plus rudimentaires que nous autres Bannis – utilisaient soit des cailloux pour contenir sa propagation, soit un trou dans la terre.

Notre lieu de résidence temporaire était entièrement en bois. Vous voyez où je veux en venir ?

Je regardai vite fait les mains de Teaghan pour voir si elles étaient à nouveau en train de produire une petite flambée. Elles avaient l'air parfaitement normales. Petites, fines... fragiles. Lui briser les doigts serait sans doute un jeu d'enfant. J'avais constaté qu'elle s'en servait souvent pour appeler sa magie et je me demandais si elle en avait réellement besoin pour l'utiliser ou si c'était simplement plus commode ? Par exemple, si je lui coupais ses petits poignets délicats, sa magie serait-elle propulsée par ses moignons ? Ou utiliserait-elle plutôt ses pieds genre envoie d'une boule de feu dans la tronche comme si elle shootait dans un ballon ? Peut-être cracherait-elle plutôt des flammes à la façon des dragons de légendes ? Ou...

Bon, ok. C'était peut-être moi qui étais en train de péter les plombs et de virer vraiment psychopathe.

Quoi qu'il en soit, une brûlure était une blessure extrêmement douloureuse, je le savais à présent. Et je n'avais pas trop envie de l'expérimenter une nouvelle fois. D'où mon obsession pour ce sourire bizarre qui ne me disait rien qui vaille.

Le problème venait surtout du fait qu'il sortait de nulle part, ce sourire. 

J'aurais très bien compris qu'elle hurle de joie au moment où sa copine avait gagné l'épreuve, mais elle ne l'avait pas fait. Elle s'était contentée de me fixer avec un air interloqué, qui s'était transformé en regard furieux, ses mains se mettant peu à peu à rougeoyer. Je le lui avais fait remarqué après être aller chercher de l'eau en quatrième vitesse – juste au cas où – et elle s'était calmée. Puis elle avait semblé agacée, puis à nouveau furieuse, puis pensive, puis... folle à lier. C'était à ce moment-là que « le sourire » était apparu. Rien de plus normal donc que je sois un peu nerveux.

J'étais sur le point de craquer et de lui demander ce qui pouvait bien se passer dans son cerveau atrophié quand quelqu'un frappa à la porte.

Teaghan et moi sursautâmes légèrement.

Oh bon sang ! Je commençais doucement à en avoir marre de cette stupide réaction. J'étais un Scientek, bordel ! Et au risque de me répéter (encore et encore et encore...), un Scientek Ne. Sursautait. Pas ! Qui plus est en présence d'une Draoid'hean. Cet enfermement, ces Jeux, la défaite de Soléna, mon intrigante colocataire... tout ça commençait tout doucement à me taper sur le système. Ces deux jours cloîtré ici allaient finir par me rendre complètement dingue. La folie n'était jamais loin du génie. Et comme j'étais un surdoué de première catégorie...

Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant