Chapitre 8 : Teaghan

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Surprise – autant par l'écran de télé qui venait de s'allumer que par le rire de Keir – je me relevai brusquement avec un mouvement de recul. Mes jambes heurtèrent la chaise et je perdis l'équilibre.

Persuadée de m'affaler lamentablement sur les fesses, je poussai un petit cri quand deux bras musclés m'attrapèrent pour me stabiliser. La vitesse à laquelle il avait bougé était juste... ahurissante. Je préférais d'ailleurs ne pas m'attarder sur cette « découverte » et sur ce qu'elle pouvait bien signifier pour mes chances de survie lors de notre affrontement. Car c'était une chose de savoir que les Scienteks étaient génétiquement modifiés et que cela leur conférait des capacités surhumaines. C'en était une autre d'y être confronté de près.

Quoi qu'il en soit, sans doute peu habitué à y aller mollo avec ses congénères à l'ADN trafiqué, Keir ne contrôla pas sa force. Et au lieu de tomber vers l'arrière, mon corps fut brusquement précipité vers l'avant. Je heurtai son torse avec l'impression de m'être pris une porte.

Je songeai subitement que l'image de bloc de glace que j'utilisais pour parler de lui était amplement méritée. À l'exception du côté gelé. Le corps de Keir était peut-être dur, mais absolument pas froid. Sa température corporelle semblait même légèrement plus élevée que celle des miens. À moins que cette impression de chaleur vienne de moi et de ma prise de conscience soudaine de notre proximité.

« Dur comme une statue, mais loin d'être aussi froid qu'un cadavre ». Voilà ce que je dirai à Katy si... Non. Pas si. Voilà ce que je dirai à Katy quand je la reverrai.

Mes joues s'enflammèrent en songeant subitement au corps d'athlète sur lequel j'étais plaquée. J'avais dû choper une commotion en me cognant la tête...

Agacée par la stupidité de cette situation, je me redressai vivement et le repoussai avec mes mains. Il ne bougea pas d'un iota, mais je sentis tout de même ses muscles tressaillir à ce contact.

— Merci de m'avoir rattrapée. Tu peux me lâcher maintenant, déclarai-je en tentant de retrouver une expression neutre.

Car la sienne ne reflétait aucune émotion identifiable.

Or, il ne me lâcha pas et – alors que j'aurais dû le faire – je ne réitérai pas ma demande.

Je commençais sérieusement à me demander si – en plus de ma commotion – l'air de la pièce n'était pas saturée d'une sorte de drogue capable de vous faire faire n'importe quoi, quand ses yeux dévièrent une fraction de seconde vers ma bouche. Je retins mon souffle. Réaction une nouvelle fois complètement stupide puisque l'idée même qui venait de me traverser l'esprit était... je n'avais même pas de mots pour décrire à quel point elle était stupide justement.

Quand ses yeux métalliques quittèrent le bas de mon visage et se vrillèrent à nouveau aux miens, je lui retournai donc un regard glacial similaire au sien.

Je fus aussitôt soulagée de me retrouver en terrain connu.

Malheureusement, notre duel oculaire muet s'éternisa et même si je ne voulais pas perdre ce petit affrontement, il fallait bien que je me rende à l'évidence. À cause des drogues, de la commotion cérébrale et malgré ma haine envers son clan, j'étais en train de toucher le champion des O'Connor. Celui-là même que je devais tuer. Et – alors que sa seule vue aurait dû me révulser – je m'aperçue, horrifiée, que je commençais au contraire à ressentir des choses... dérangeantes et inappropriées.

Car j'avais tout à coup une conscience aigue de son corps tout proche du mien, de la chaleur de ses doigts qui n'avaient pas lâché mes bras, de ses pectoraux... Une sorte de décharge électrique me traversa, me procurant d'agréables frissons que je décidai d'ignorer. J'étais une adulte, je savais donc ce qu'ils signifiaient et il ne fallait pas que je commence à penser à ses abdos, parce que sinon... Je me concentrai sur son visage.

Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant