Chapitre 17.2 : Keir

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Teaghan écarquilla les yeux quand l'électricité qui était mienne crépita autour de moi et que mes pupilles et mes iris virèrent au blanc brillant intégral.

— Que... l'entendis-je hoqueter avant que je ne lui envoie une décharge de mon cru qui – en plus de lui provoquer ces tremblements typiques des électrocutés – la propulsa à plusieurs pas de moi.

Elle tomba à la renverse en lâchant son sabre et posa ses mains sur sa poitrine en continuant de convulser.

Est-ce qu'elle était en train de souffrir ? Oui. Mais elle n'allait pas mourir. La décharge que je lui avais envoyée n'était pas suffisamment intense pour arrêter son cœur.

J'espérais simplement qu'elle ne tarderait pas trop à se reprendre, parce que sinon, j'aurais un peu de mal à expliquer aux juges qui nous scrutaient, pourquoi je ne profitais pas de sa vulnérabilité pour l'achever.

Pour le moment, avec mon sourire de psychopathe plaqué sur mon visage, ils devaient être en train de penser que je prenais simplement un malin plaisir à la torturer, et cela expliquait que je prenne mon temps pour m'approcher d'elle et lui planter mon épée en plein cœur.

Ce n'était absolument pas le cas. J'étais toujours profondément en colère d'être un pion manipulé par cette Sandra qui m'avait demandé de truquer le combat, mais je ne prenais aucun plaisir à voir Teaghan souffrir. Bien au contraire.

Oui. Je voulais qu'elle se relève pour pouvoir respecter ma part du marché et sauver Safia... mais pas seulement.

Je ne voulais pas que Teaghan meure. Tout simplement. Pour pouvoir continuer de lui prouver que j'étais infiniment supérieur à elle, bien sûr. C'était évident.  Mais aussi... pour tout un tas d'autres raisons sur lesquelles ce n'était vraiment pas le moment de m'attarder.

Le coup de poing métaphorique en plein cœur – que j'avais déjà expérimenté tout à l'heure en croisant les yeux de mon ennemie – refit son apparition et je me frottai machinalement la poitrine. En me rendant compte de mon geste, j'arrêtai immédiatement et poussai un grognement de frustration.

D'un pas décidé, je m'approchai finalement du corps de celle qui – soyons honnêtes une demi-seconde – avait commencé à me retourner le cerveau et à détricoter mes certitudes dès notre première rencontre au bord de la rivière avec son attitude froide et revêche, à mille lieues du caractère que j'imaginais trouver chez un membre de son espèce. Mais je préférais encore m'arracher une dent que de l'admettre complètement.

Il n'empêche... Teaghan restait pour moi une exception et je m'accrochais encore à mes certitudes concernant l'infériorité des Draoid'hean. Mais – c'était un fait – j'avais l'envie viscérale que cette petite plante verte continue d'essayer de me prouver le contraire en tentant de nous mettre sur un pied d'égalité.

Alors oui... J'avais envie qu'elle vive, bon sang ! Et pas seulement pour sauver Safia.

Je serrai les dents pour ne pas perdre complètement les pédales et lui hurler de se relever avec un « putain de bordel de merde », bien placé. Vu le temps qu'elle mettait à ce remuer, les juges et les Médiateurs devaient se demander s'il n'était pas temps de venir constater le décès et de me déclarer vainqueur. Il fallait qu'elle se bouge et j'étais prêt à aller lui filer deux ou trois coups de pieds aux fesses pour qu'elle le comprenne.

Avec un mélange de soulagement et d'horreur, je saisis rapidement qu'elle n'allait pas m'en laisser le temps. De lui mettre un coup de pied aux fesses, s'entend. Car en m'approchant d'elle, je constatai que son teint – déjà loin d'être pâlot en temps normal – s'était considérablement réchauffé. On pouvait même dire qu'il flamboyait. Littéralement.

Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant