Chapitre 4.2 : Keir.

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Le projectile atterrit doucement dans ma main. Pas besoin de la regarder attentivement pour la reconnaître. Il s'agissait d'une flèche provenant de nos entrepôts. L'une de celles que des Draoid'hean nous avaient dérobées avant-hier.

J'utilisai ma télékinésie pour la faire tournoyer dans ma paume. J'arrêtai mon manège quand sa pointe prit pour cible celle qui venait pourtant de la tirer. Elle avait toujours son arc à la main. À cette distance, moi je n'en avais pas besoin. Mon « pouvoir » était assez puissant pour la projeter vers elle et faire autant de dégâts qu'avec une arme.

Mon adversaire sembla le comprendre, pourtant elle ne bougea pas et je ne lus aucune peur dans ses yeux clairs. La rivière qui nous séparait était assez large, mais pas assez pour que ma vision améliorée ne distingue nettement leur expression... et leur couleur. Ses yeux étaient bleu turquoise, comme ceux de la chef du clan Andrasta.

J'en déduisis donc que cette Draoid'hean de taille moyenne, à la corpulence fine, devait être sa fille. Teaghan, je crois. Ou un truc dans le genre.

Ses cheveux noirs étaient attachés par une longue tresse toute ébouriffée et sa peau dorée luisait d'une fine pellicule de sueur. Son cœur battait assez rapidement et sa respiration était plutôt hachée. Mais je ne vis aucune trace de peur sur son visage. Son expression était froide et déterminée. J'imagine que celle que je lui renvoyais était similaire...

Pourtant, l'un d'entre nous était désarmé et ses pouvoirs ne faisaient pas véritablement le poids face aux capacités de l'autre. Mais si un observateur extérieur se pointait maintenant et ne voyait que nos visages, je n'étais pas sûr qu'il serait capable de déterminer lequel de nous deux détenait ces avantages...

— Où l'as-tu trouvée ? demandai-je finalement en désignant la flèche.

Ma voix était basse et tranchante, mais assez puissante pour voler jusqu'à elle au-dessus du cours d'eau. La fille ne broncha toujours pas.

— Réponds-moi, insistai-je sur un ton encore plus menaçant.

Je ne savais pas trop pourquoi je faisais ça. Insister autant, je veux dire. Peut-être parce que j'avais envie d'entendre si sa voix allait enfin trahir cette foutue peur qu'elle aurait dû ressentir ? C'est que j'étais quand même assez impressionnant comme garçon... même si cette fille ne semblait pas s'en être aperçue.

Pour le moment.

— Dans les ruines d'une ancienne ville, rétorqua-t-elle enfin.

Son ton était aussi coupant que le mien.

Sérieux ?! Pas même un petit chevrotement ? Mais... était-il possible qu'elle ignore qui et ce que j'étais réellement ? Franchement, c'était la seule explication envisageable...

— Tu mens.

— Non.

Bon... Techniquement, elle ne mentait pas, c'était vrai. Notre lieu de vie – et donc nos entrepôts – se trouvait effectivement dans les ruines d'une ancienne ville.

— Où exactement ? repris-je en lui cachant mon agacement.

Garder un visage impassible était la clé pour remporter tous types de confrontations. Je n'étais pas spécialement patient, mais j'étais plutôt doué pour paraître aussi froid et dénué d'émotions que... que quoi au juste ? Un cadavre ? Je n'avais jamais été très inspiré en matière de comparaisons...

— Ça ne te regarde pas, répliqua-t-elle.

— Si.

— Pourquoi ?

Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant