Chapitre 12.2 : Keir

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Ma tête me lançait. Atrocement. Mes oreilles bourdonnaient et un sifflement constant continuait de résonner sous mon crâne. J'avais la gerbe, aussi et ma position me semblait inconfortable. Même si je ne savais pas réellement dans quelle position je me trouvais exactement.

Mes fesses reposaient sur une surface dure, mon dos, également. Mes cuisses semblaient former un angle droit avec mes mollets. Cela voulait sans doute dire que j'étais assis. Mais je n'aurais pas parié ma vie là-dessus, cela-dit. Mes bras étaient reliés derrière mon dos. Enfin... j'avais cette impression. Ils me faisaient vachement mal, aussi.

J'étais complètement dans le coaltar. Je ne savais pas où j'étais, ni ce que je faisais ici. L'endroit dans lequel je me trouvais était plongé dans l'obscurité. À moins... à moins que mes paupières ne soient toujours clauses ? C'était une probabilité. Je ne pouvais toutefois pas l'assurer. C'était... très chiant comme sensation. En tant que Scientek, j'étais toujours ultra-performant. La douleur et la perte de contrôle de mon corps parfait n'étaient pas des choses auxquels j'étais habitué. Quoique... La douleur ne m'était pas étrangère, mais j'avais appris à l'apprivoiser... grâce au contrôle drastique que j'exerçais sur ledit corps parfait. Là, je n'arrivais pas à me concentrer assez longtemps pour maîtriser quoi que ce soit.

Je ne paniquai pas. Les sensations – même si elles étaient désagréables – étaient en train de me revenir. Cela voulait dire que je reprenais conscience et que mon super cerveau allait bien finir par fonctionner normalement à nouveau. Je le trouvais simplement un tantinet trop lent à mon goût. Je détestais me sentir si... vulnérable. Privé de mes repères et de mes capacités d'analyses hors-norme. Je notai toutefois que ma confiance en moi n'avait pas trop morflé. C'était plutôt encourageant. Ma personnalité unique survivrait à ce qui m'était arrivé. C'était une magnifique nouvelle pour l'humanité. Enfin... pas vraiment pour l'humanité, mais pour les Scienteks. Et comme nous étions les seuls dignes d'intérêt...

D'ailleurs... que m'était-il arrivé, exactement ? Mes pensées étaient encore trop confuses pour que je puisse y répondre correctement. Je me souvenais de...

Teaghan !

J'ouvris brusquement les yeux – ils étaient donc fermés jusqu'à présent – et retins à grand peine un grognement de douleur.

L'image de deux prunelles turquoise et du visage qui y était associé flotta encore quelques instants dans mon champ de vision. Je clignai des yeux pour la chasser et concentrai mon attention sur ce que je voyais vraiment.

Je me trouvais au milieu d'une pièce sombre. Elle n'était cependant pas plongée complètement dans l'obscurité. Ma vision mit quelque temps à s'ajuster à la faible luminosité. Les murs, le sol et le plafond étaient entièrement en bois. Pas de fenêtres, mais des lampes torches étaient disséminées çà et là.

J'étais bien assis sur une chaise, au milieu de la pièce. Mes bras tendus derrière mon dos étaient entravés par un lien. Je testai sa résistance. Elle était élevée. Du moins, elle l'était pour le Keir diminué que j'étais actuellement. Il était probable qu'elle ne m'aurait pas résister bien longtemps si j'étais dans mon état normal. Je ne m'en agaçai pas particulièrement. Mes forces me reviendraient dans quelques instants et me libérer ne serait plus qu'une formalité.

Le truc... pourquoi étais-je entravé, déjà ? Je ne me souvenais pas encore de ce qui avait pu me conduire à me retrouver dans cette situation. J'espérais juste que je n'avais pas de commotion. Le dernier souvenir que...

Putain, Safia ! Comment ai-je pu oublier, Saf' ?!

Je m'agitai sur la chaise et tirai plus fort sur mes liens. Ils résistèrent. Cette fois-ci, je ne pus retenir un grognement de frustration et de douleur mêlées. Je me forçai à me calmer et à respirer lentement.

Héritiers des Bannis - Tome 1 : Clans ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant