10. Succès (2/2)

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Je n'avais pas changé de téléphone, et même si mon répertoire n'affichait plus le contact de l'ex-fiancée de Dimitri, je le retrouvai dans mon historique. Je ne pouvais pas me tromper, j'avais eu de nombreux appels en absence un soir où la pauvre s'ennuyait chez elle.

Dès la première tonalité, mon estomac se contracta comme un ballon vidé de tout air.

– Allô ?

Sa voix semblait venir de très loin et un brouhaha n'aidait pas à entendre. Je bouchai mon oreille avec mon index mais n'osai pas parler.

– Allô ? répéta-t-elle.

– C'est Amanda.

– Ah...

– Où es-tu ?

– Je... à Paris. J'attends mon train.

C'était crédible, c'était l'heure où les parisiens se rendaient au travail.

– Tu es sûre. Et Wellington, ça te parle ? Tu ne serais pas dans le coin ?

– Euh... pour être franche, non. Je n'ai pas mis les pieds aux USA depuis longtemps.

Un silence s'installa. Essayait-elle de noyer le poisson en ajoutant cette erreur géographique ?

– Amanda ?

– Que penses-tu de mon livre ? demandai-je.

Elle soupira.

– La mesquinerie ne te ressemble pas. Qu'est-ce que tu me veux ? Tu es bien la dernière personne qui aurait envie de m'appeler. Et je n'attendais clairement pas de tes nouvelles.

– Est-ce que tu prépares un sale coup ?

Deuxième soupir.

– Non, écoute j'essaie de m'en sortir, je suis sortie de l'hôpital psychiatrique il y a deux mois et ton appel ne m'aide pas.

Mon mal de ventre augmenta en flèche. J'avais beau savoir que l'attitude de Chloé à son faux mariage était plus que déplacée, je me sentais coupable de la savoir en mauvais état psychique, comme si tout était de ma faute. Dimitri m'avait plus d'une fois rassurée en affirmant que son état datait de bien avant ma rencontre avec elle.

– Je reçois des menaces. Quelqu'un qui n'a pas apprécié mon livre.

Je l'entendis marcher vite malgré le bruit et elle dût brandir son téléphone vers les enceintes d'une gare car j'entendis l'annonce musicale de la SNCF suivie de « le train en provenance du Havre va entrer en gare voie numéro 22 ».

– Je suis à Paris et je peux t'envoyer une photo pour le prouver, je suis devant l'horloge numérique.

– Je te crois... Je... Je vais raccrocher, pardon.

– Attends !

– Oui ?

– Je vous souhaite sincèrement d'être heureux, toi et... enfin, bref, pardon pour tout. Et, s'il te plaît, ne me rappelle plus jamais.

Elle raccrocha d'un coup et je n'eus pas le temps de retrouver ma voix, malgré Laura qui piétinait d'impatience de connaître la teneur de la conversation, qu'une photographie de Chloé, dans son manteau d'hiver, à la gare Saint-Lazare s'afficha dans mes messages. Je ne pus observer plus longtemps son visage dont l'éclat avait bien terni. La blancheur de sa peau n'avait plus cette beauté, juste un aspect fatigué, comme ces perles de l'Atlantique que l'on oublie de porter.

Bon. Alors, si Chloé Desneiges n'était pas impliquée, à qui d'autre avais-je fais du tort dans mon livre ?

– Je devrais appeler Janine, déclarai-je après quelques secondes de réflexion.

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant