16. Anguille sous roche (2/2)

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Nous regardâmes les trois hommes.

What's the matter ? demanda Angus à Marion.

Nothing. Y'a pas de 'blème. Rob, dis, les mites de l'étable t'ont mangé le cerveau ? Tu ne crois pas que s'ils étaient détraqués, ils n'auraient eu qu'à en profiter quand nous étions dans le foin ?

– Elle a raison. Allez, viens, tu es épuisée.

– Je suis désolée, mais, et si c'était pour nous emmener quelque part ? Nous séquestrer chez eux ?

– Non, mais, dis que j'attire les psychopathes !

Angus et ses amis avaient l'air tout à fait « normaux », ils avaient vraiment des têtes de gentils. C'était con à dire mais je le pensais vraiment. Il y avait des gens comme ça en qui on pouvait voir clair. Le beau néo-zélandais capta le malaise et trouva la solution pour rassurer Robine.

– Angus propose de n'emmener que nous. Il reviendra chercher ses potes après, traduisit Marion.

– Tu vois ! surenchérit Laura.

Alors Robine accepta de nous emboîter le pas. Marion grimpa côté passager et nous autres à l'arrière. La chaleur que diffusa le chauffage au bout de quelques minutes fut agréable.

– Eh, un téléphone ? se rappela Laura.

– Ah, mais oui ! On aurait pu y penser plus tôt ! répondit Marion. Eh, Angus, your phone, please !

Sure !

Il sortit difficilement son smartphone de la poche de son jean, tout en gardant le pied sur l'accélérateur.

Pendant que lui expliquai où se trouvait le Holiday Park de stationnement de l'Elysium, Laura saisit le téléphone et composa le numéro d'Anne.

– Ma chérie, c'est moi ! ... Oui... Oui... Tout va bien. On a eu un souci... On arrive dans... Dans ?

– Quinze minutes, répondis-je après qu'Angus m'ait passé l'info.

– Quinze minutes... Ok... Attends. Quoi ?

Robine faisait signe qu'elle voulait le téléphone.

– Je dois prêter le téléphone à Rob. A tout de suite, bisous, oui, bisous.

Elle tendit l'appareil à la jeune rousse qui, tout en rédigeant un message, commença une conversation de façade :

– Bon, ça va être agréable de retrouver nos lits !

Elle terminait de pianoter sur l'écran tactile pour former un texte qu'elle nous montra :

« Je me méfie toujours d'Angus »

Je saisis le smartphone en répondant, calmement :

– Oh que oui ! Et Dimitri, Anne et Yohann vont nous faire la fête !

Mes doigts, par contre, écrivirent en deux secondes :

« Pourquoi ? »

Puis, de ses doigts vernis, elle s'imposa un rythme soutenu pour écrire le maximum, non sans oublier de poursuivre la conversation :

– Ils ont dû alerter les autorités.

Laura et moi nous penchâmes sur sa réponse.

« Son repaire pour ses soirées avec ses potes ? Si loin d'où Marion l'a rencontré ? Tu y crois ? Moi, je pense que ce n'est pas par hasard s'il s'est rapproché d'elle. »

Je vérifiai qu'Angus ne voyait pas cette conversation clandestine. Mais dans le rétroviseur je ne vis que ses yeux fixant la route. Marion somnolait, la tête posée sur sa main.

« Pourtant nous nous rapprochons bien d'où nous sommes parties hier après-midi » fut ma réponse.

Laura meubla :

– Recherchées par la police. C'est une première pour nous, hein, Amanda ?

Robine laissa un dernier message :

« Tu veux savoir mon avis ? Il y a tout lieu de penser qu'il est mêlé aux menaces que tu as reçues. »

Merde. Les avertissements. J'avais presque oublié. Et Robine avait sûrement raison. Alors que le véhicule fonçait dans la nuit noire, je tendis la main pour ouvrir ma portière. La sécurité était activée.

Étions-nous prises au piège pour de bon ? Avais-je mené mes amies dans une sale histoire ?


Notes à moi-même :

1. Trouver comment s'échapper d'un véhicule en marche dont les portières sont fermées ?

2. Arrêter de regarder des films d'horreurs.

3. Acheter un stock de bombes lacrymogènes.   

Calum Scott, If Our Love Is Wrong

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant