20. La rose (1/4)

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La nuit blanche qui suivit fut riche en émotions.  Les forces de l'ordre firent leur travail, nos témoignages furent tous entendus. Ni moi ni Dimitri ne voulions voir de près ou de loin nos agresseurs qui furent immédiatement transféré au centre pénitentiaire dans l'attente de leur procès.

Dans la salle d'attente, Yohann, Laura, Marion et Anne étaient abasourdis.

- Non mais quand même... Vous vous rendez compte de ce qu'ils ont fait... répéta Anne.

- Le mariage s'était une histoire de dingue, mais là c'est un autre niveau ! dit Marion.

- On racontera mon histoire qu'on ne le croirait même pas ! constatai-je.

- Écris un livre, suggéra Laura avec ironie.

-  Ça ne risque pas d'arriver !

Le plus étonnant, c'était que j'étais davantage blasée que triste. J'avais vécu plein d'émotions en peu de temps, c'était peut-être trop pour une seule personne, surtout pour une hyperémotive. Alors je prenais une certaine distance, ou plutôt c'était que je ne réalisai pas encore vraiment ce qui m'était arrivée. Comme si j'étais spectatrice de quelque chose qui me concernait de loin. Dimitri était sur ses gardes, attendait le moment où j'allais craquer, mais rien ne venait.

Y songeant un peu plus, je déclarai :

- Nous sommes tombés sur des gens bêtes et stupides. C'est tout.

- Enfin, tu les connaissais.

J'avais évidemment raconté tout ce qui me liait à Killian. J'étais d'autant moins fière d'avoir succombé à cet homme devenu si insignifiant. Je n'avais rien caché à Dimitri.

- C'est terminé maintenant. Vous allez pouvoir tout oublier, déclara Laura.

Il était trop tard pour avancer notre vol. Nous allions donc prendre celui prévu. On nous logea dans un hôtel pour une nuit de repos bien méritée.

La journée du lendemain, nous décidâmes de flâner dans les rues d'Auckland. Enfin, plutôt l'après-midi car nous avions tous traîner dans nos chambres, épuisés par nos mésaventures.

- Je suis dégoûtée pour vous ! dis-je au groupe. Nous voulions tellement vous offrir un séjour de rêve !

- Ne dis pas de bêtise ! Arrête de culpabiliser pour une chose dont tu n'es pas responsable.

- Vois comment tout ça va nous lier pour l'éternité ! surenchérit Marion.

D'un sens elle n'avait pas tort. Notre groupe ne pouvait être plus proche qu'en cet instant. Et cette expérience hors du commun ancrerait plus profondément nos relations. Et pas seulement à cause de Robine, Ben ou Killian. Yohann s'était révélé sans leur intervention, et notre lien avait complètement changé. Pour moi, il faisait désormais partie intégrante du groupe.

Alors que plusieurs restaurants s'offraient à nous dans une des plus magnifiques rues d'Auckland, je proposai :

- On va dîner ? J'ai faim !

Pour cause, à part notre petit-déjeuner tardif, nous n'avions rien dans le ventre.

- Bonne idée, répondit Marion.

Puis, d'un air énigmatique, Laura, Anne et Yohann se joignirent à elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Dimitri qui sentait que quelque chose se tramait.

Ce fut Laura qui expliqua :

- NOUS, nous allons nous trouver un petit restau. VOUS, vous allez ailleurs.

- Comment ça ?

- C'est une surprise !

Anne sortit une enveloppe de son sac et la fourra dans ma main :

- Entrer dans le building en face, et donnez ça au mec de l'ascenseur.

- Qu'est-ce que vous avez mijoté ? demandai-je.

- Ah, Ah, vous allez voir. Venez les filles ! dit Yohann.

Ils s'en allèrent.

- T'y comprends quelque chose ? demandai-je à Dimitri.

- Non. On se lance ?

Tandis que nous traversions la rue pour rejoindre l'entrée du building immense, je me rappelai :

- C'est pour ça qu'ils ont fait une réunion quand nous étions à Napier...

- Je me demande bien ce que c'est. Un restaurant panoramique ?

Nous longeâmes le hall d'entrée jusqu'aux portes. Le jeune homme qui s'occupait de l'ascenseur ouvrit l'enveloppe mais ne laissa rien sortir ni de son regard, ni de sa bouche. Il appuya sur le dernier bouton.

La montée dura plusieurs minutes, tant le gratte-ciel était haut.

- Je crois que tu as visé juste, dis-je à mon mari en le serrant dans mes bras avant de l'embrasser.

Nous étions euphoriques. Cette surprise tombait à point nommée. J'en oubliais quelques secondes Killian et ses deux compères.

Les portes s'ouvrirent.

- Passez par la porte de droite, dès le signal sonore, nous expliqua-t-il avant de repartir.

Nous échangeâmes un regard circonspect avec Dimitri. La porte donnait sur le toit.

- Mais qu'est-ce qu'ils nous ont concocté ?

Un signal d'alerte retentit et la porte se débloqua. Dimitri me laissa passer en premier. Le vent soufflait sur le toit. Je ne voyais rien qu'une piste d'atterrissage. Le vent et un bruit assourdissant s'accélérèrent.

- Un hélicoptère ?

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant