1. Kiwi (1/3)

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– Amanda ? C'est toi ?

Je refermai la porte d'un coup de pied, les mains et le menton occupés à rééquilibrer une pile de boites en cartons, et parvins à répondre :

– Non, c'est Miaou... Bien sûr que c'est moi !

Je lâchai mon fatras sur le canapé et posai mon sac sur le meuble de l'entrée.

– Ma mère m'a encore donné tout un tas de bazar, marmonnai-je.

Je contournai le susdit Miaou, qui réussit à se frotter sur mes jambes en espérant qu'un bout de poisson tombe du ciel, et filai sur Dimitri. Il était accoudé au portant de la baie vitrée.

– J'ai les mains sales, me prévint-il.

Mais j'agrippai ses épaules pour me coller contre lui. Nous échangeâmes un baiser. Comme à chaque fois, je me sentais fondre. Le manque d'air nous obligea à reculer.

– Il est quelle heure ?

Dimitri saisit une bouteille sur la table de la terrasse et but une longue gorgée pendant que je regardai l'horloge :

– Dix-huit heures trente, passées.

– Déjà !

Il essuya ses mains pleines de terre sur son pantalon. Un appétit coquin me reprit.

– Embrasse-moi, susurrai-je à son oreille en me blottissant contre son torse.

Le sien s'éveilla aussi vite mais il répliqua quand même :

– Attends, je suis dans un état... je pue.

Je continuais de l'embrasser, de caresser de mes doigts sa barbe naissante. Il faisait encore chaud, Dimitri avait jardiné toute l'après-midi, sa peau luisait de sueur, il avait retiré son T-shirt... comment pouvais-je freiner mes ardeurs ?

– Je m'en fiche, mon amour.

Heureusement que nous n'avions aucun vis-à-vis dans notre jardin, ça devenait indécent. Pourquoi avais-je attendu si longtemps pour connaître cette ivresse ?

Voilà plus de six mois que nous étions officiellement ensemble, deux que nous étions mariés, (oui, on peut dire que nous savions ce que l'on voulait). Notre soif n'était jamais rassasiée : nos corps s'électrisaient comme au premier contact.

Mais notre attirance n'était bien sûr pas seulement physique. Nous ne nous ennuyions jamais ensemble. Même les moments les plus simples et les plus calmes étaient agréables. Nous ne nous lassions jamais de notre compagnie.

J'aimais prendre conscience de son corps à côté du mien à chaque réveil, j'aimais l'entendre discuter dès le petit-déjeuner, puis lui raconter ma journée, ni lui ni moi ne nous forcions pour nous intéresser à l'autre.

Pour être franche, j'avais craint de m'être fourvoyée dans un fantasme, et j'avais aussi redouté le moment où l'euphorie des premiers jours serait passée, mais il n'en était rien.

J'aurais pu après coup me poser mille questions, refaire le film du mariage Desneige-Grévois, mais je nageais dans un océan de sérénité. Nous étions de plus en plus intimes, restions nous-mêmes, sans fard et les mois s'écoulaient bien trop vite.

– Je te rappelle que nous sommes attendus chez Laura et Anne.

– Oui, je sais.

– Elles attendront ?

– Viens, allons sous la douche.

Il me suivit sans broncher.

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant