Epilogue

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Sur le canapé, Miaou m'écrasait la poitrine, mais la douceur de ses ronronnements m'apaisait. Nous étions chez mes parents et Léo venait de partir. Ma mère remplissait le lave-vaisselle.

- Laisse-moi t'aider, dis-je coincée entre l'accoudoir et l'oreiller.

- J'ai bientôt terminé, répondit-elle.

Dimitri but la dernière gorgée du digestif que mon père lui avait servi, puis il bailla longuement. Nous n'étions toujours pas remis du décalage horaire. 

Je n'avais pas voulu leur raconter tout le chantage dont nous avions été les victimes. Mes parents étaient si rayonnants, ils étaient heureux de nous revoir, plein d'attentions. La retraite leur allait si bien, je n'avais pas voulu éclater cette bulle de bonheur.

Miaou fit de la résistance pour entrer dans sa cage de transport. Il fut le dernier à être chargé à l'arrière du véhicule, parmi les sacs de provision et autres babioles que ma mère nous avait donné. A croire que c'était elle qui revenait de voyage.

- On se revoit dans deux semaines ? demanda mon père en m'embrassant.

- Oui.

Je refermai la portière et Dimitri démarra tout en lançant un dernier signe d'au revoir par sa fenêtre ouverte.

Je ne me réveillai qu'une fois rentrés sur Paris.

- T'as dormi comme un loir, dit-il.

J'essuyai un filet de bave, summum du glamour.

Le lendemain après-midi, le soleil nous poussa à nous rendre dans le jardin botanique.

- Tu es étrangement calme, remarqua-t-il au cours de la promenade.

- Je réfléchis, à tout et rien.

- Viens, on va s'asseoir.

Un banc miraculeusement vide nous accueillit. Le soleil luisait, les oiseaux chantaient.

Alors, je sus que c'était le bon moment, sauf que Dimitri me coupa dans mon élan :

- Je voudrais te parler de quelque chose.

- Rien de grave ? demandai-je, inquiète par son ton solennel.

- Non, t'inquiète, c'est une proposition que j'ai à te faire.

- Oh, intriguant. Sachant que tu ne peux plus me demander en mariage, déclarai-je en montrant mon alliance.

Je recouvrai mon sérieux pour écouter ce qu'il avait à me dire.

- J'ai beaucoup réfléchi, mais je veux que l'on prenne cette décision à deux. Comment dire tout ça... Tu sais, j'adore notre vie, on est bien dans notre appart, tu as tes projets, ma formation se termine, mais surtout, il y a nous deux, la seule chose qui compte.

- Oui... il y a un « mais » ?

- C'est que... depuis le voyage, ce qui s'est passé, même avant, j'ai ouvert les yeux sur un point.

J'étais suspendue à ses lèvres, incapable à ce stade de comprendre où il voulait en venir.

- Que dirais-tu de repartir vivre à Manèves ? Attends avant de répondre. Tu sais, notre famille proche est là-bas, c'est paisible, c'est notre ville de coeur, ce lieu qui nous lie depuis l'enfance. Alors, oui, je sais que tes amies sont ici, mais votre lien est si fort que ça ne changera rien, puis nous les verrons autant que tu veux, bon en plus il y a Wedding Wedding alors il faut voir... Oh, tu pleures... dit-il en voyant mes larmes.

J'étais au comble du bonheur, mais il ne pouvait pas encore le savoir. Parce que moi aussi j'y avais pensé, et ce pas plus tard que la veille en quittant mes parents.
Sur la route, j'avais observé le village s'éloigner dans le rétro, son église, son lac, ses collines et ça m'avait serré le coeur.
Tout nous ramenait à Manèves.
Je voulais rompre avec la vie parisienne, me retrouver loin de la frénésie de ces deux dernières années, la préparation du mariage fou de Chloé, le livre et ce voyage en Nouvelle-Zélande.

Il était temps d'un nouveau départ.

- Amanda ?

- Ça ne pouvait pas mieux tomber, répondis-je en tombant dans ses bras, entre rire et pleurs.

- Pourquoi ? demanda-t-il, perplexe.

Je chuchotai à son oreille, comme s'il fallait garder encore un peu secret ce précieux événement :

- Je suis enceinte.

Fin

Moldy Peaches, Anyone Else But You

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant