J'étais endormie sur le transat lorsque Yohann tapota mon bras.– Quoi ? répondis-je.
Je me sentais nauséeuse mais me concentrai pour ne pas lui montrer.
– On n'a pas eu le temps de terminer notre discussion. Tu sais, j'aurais vraiment les boules si Dimitri ne veut plus me voir, et toi aussi.
– Mais qu'est-ce que tu racontes ? Il ne t'en voudra pas de n'avoir pas pu lui dire plus tôt, si c'est ça qui t'inquiète. Je sais qu'au lycée vous partagiez tous vos secrets. Malgré l'éloignement ces dernières années, votre amitié est restée vive. Et moi, je n'ai aucune raison de t'en vouloir.
– Mais, il n'y a pas que ça. Mais... Non, ce sont des choses que je ne peux pas te dire.
Yohann avait piqué ma curiosité au plus haut point. S'attendait-il à ce que je lâche le morceau maintenant ?
– C'est intriguant tout ça. T'es obligé de me dire tout, maintenant.
Mais il repartit dans l'Elysium, une bière à la main.
– Yohann, parle-moi, s'il te plaît !
Il se retourna, nous étions déjà dans la cuisine. Le bruit de sa bouteille sur le plan de travail en marbre vrilla mes tympans. Il hésita puis :
– Est-ce que Dimitri a émis l'hypothèse que j'étais peut-être gay ? demanda-t-il, d'un ton mystérieux.
– Je te jure que non, jamais.
Il resta songeur, et quelque chose dans son expression me fit comprendre qu'il n'était pas convaincu.
– Croix de bois, croix de fer ! ajoutai-je.
– Non, c'est trop bizarre.
Il but une gorgée dans sa bouteille de bière. Je me rendis compte qu'il avait bu plus que de raison, à en croire ses pupilles vitreuses.
Finalement, il lâcha :
– Nous avions dix-sept ans, nous avions fait la fête. J'en avais tellement envie. Il s'est laissé faire... Tu comprends ? Le premier homme avec qui j'ai couché, c'est Dimitri !
...
Je me réveillai en sursaut, trempée de sueur. Un cauchemar, juste un cauchemar. Dimitri dormait paisiblement à côté de moi. Je savais que c'était irrationnel mais je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir. J'étais encore trop absorbée par le rêve.
Qu'est-ce qui me gênait vraiment dans tout ça ? Même si Dimitri avait vécu. Nous avions tous fait des choses intimes, eu des moments d'expérimentations même si ce n'était que dix minutes dans une vie... Mais... Dimitri était tellement... hétéro.
Pourtant, je pensais à mes années universitaires. Des élèves de médecines avaient fait des choses entre eux, forcés par le bizutage et entraînés par l'alcool. Des garçons tout ce qu'il y avait de plus « hétéro ».
Alors, quoi ? Allais-je maintenant psychoter à cause d'un rêve ?