17. Menaces (2/2)

1.1K 210 27
                                    




Je retombai aussi vite assise, mes jambes ne pouvaient pas en supporter davantage. Ça expliquait pas mal de choses, sur son comportement, cette susceptibilité et cette nervosité qui s'était emparée de lui alors qu'il avait retrouvé la sérénité depuis plus d'un an.

- Les gars, il se passe quoi ? demanda Anne. Vous me faites peur. Laura ? Marion ? Vous savez quelque chose.

C'était navrant de voir autant de confusion. Là ça avait atteint son paroxysme. Les secrets, ça ne donnait rien de bon.

- Oui, répondit Laura, après une hésitation.

- On veut savoir ! Des menaces ? Des flics, une rançon,  la batterie, c'est quoi ce bordel ?!

J'inspirai profondément, mélange d'agacement et désir de ramener de la force à mon âme tourmentée. Nous devions reprendre en main ce séjour, et jouer franc-jeu avec nos amis.

- Ecoutez, tous, dis-je, il semblerait que le voyage soit compromis.

- On raconte tout. Chacun se pose autour de la table, Amanda et moi, nous allons chacun tout raconter. Et surtout si vous aussi il y a des choses auxquelles vous pensez, intervenez !

De notre arrivée à cet instant, je faisais l'inventaire de ce qui m'était arrivée : les premières menaces, les livres, le saccage du mariage que j'avais préparé depuis des mois, puis Dimitri me montra des mots pliés, des messages anonymes sur son téléphone.

- On ne vous a pas perdu ?

- Non, répondit Anne, un peu vexée d'être parmi les derniers au courant.

- Okay, alors vous êtes la cible d'un con. Mais alors, cette rançon ?

- C'est du flan ! déclara Marion. Y'a un comique qui joue avec vous. On n'a pas été enlevées. Amanda a décidé d'elle-même de se tirer. La voiture, c'est de la malchance. Et nous sommes revenues vite.

- Tu oublies la batterie de secours retirée de sa boite, rappela à juste titre Robine.

- Alors, quoi ? Le rapport ?

- Quelqu'un savait, compris-je.

- Et... tu peux développer, s'il te plaît ? Il est trois heures du matin, mes neurones sont grillés, marmonna Marion en mordant dans son fromage.

- On savait que je serai loin et sans possibilité de rentrer. C'était une mise en scène. Il se mouille un minimum. Dimitri croit que c'est vrai, et donne l'argent. Personne n'est vraiment enlevée, donc pas de malfrat.

- Tordu... et un peu tiré par les cheveux, non ?

- Un amateur, il s'est chié dessus si c'est vraiment ça, déclara Marion.

- Si c'est Ben, je lui casse la gueule ! explosa Dimitri.

- Tu ne feras rien, arrête avec Ben ! répliquai-je. 

- On ne va pas rester les bras croisés.

- Le saccage du mariage, c'est du concret, les menaces, l'appel ! C'est grave ! dit Anne.

- Je vais faire ce qu'il aurait fallu que je fasse plus tôt. On va porter plainte.

- Tu prends la bonne décision ! surenchérit Laura.

- Robine ? Tu nous emmènes demain matin, dès l'aube ?

- Sans problème.

Après moins de quatre heures à somnoler, mais trop nerveux à l'idée de toute cette histoire, nous nous rendîmes auprès des autorités néo-zélandaises. Ils ne pouvaient pas retracer l'appel de Dimitri. Le dossier et les déclarations étaient trop maigres pour engager une enquête de grande envergure. Les preuves que j'avais détruites n'aidaient pas. Ils prirent cependant ma déposition, se voulurent compréhensifs. Le seul élément concret, c'était le délit en France et c'était mon assistant qui voyait ça avec la police de Paris.

Mais il y avait quelque chose de rassurant du fait de cette annonce officielle. Le séjour se terminait de toute façon, il ne restait plus que deux jours avant de reprendre l'avion. Au moindre souci, nous devions appeler la police d'Auckland et ils interviendraient immédiatement.

Cet épisode de deux heures au commissariat semblait sorti d'un rêve. Alors que nous étions tous affalés dans l'Elysium, tandis que Robine accumulait les kilomètres pour descendre jusqu'à l'embarcadère du ferry, j'avais l'impression que ma déposition n'avait pas réellement eu lieu.

Nous avions sauté toutes les étapes finales du voyage : la célèbre plage de Coromandel, ou la grotte Waitomo. Seul importait pour moi le retour à Auckland, ville peuplée où un avion nous ramènerait en France.

Dimitri caressa mon bras. Je frissonnai. Mais ce n'était pas de plaisir. Une angoisse grandissante serrait mes entrailles, parce que malgré l'impression de sécurité à ses côtés, nous ne savions toujours pas le fin mot de l'histoire et je savais quelque chose qui modifiait toutes les perspectives...


Notes à moi-même :

1. Ne plus avoir de secret pour Dimitri (hum...).

2. Planifier un autre voyage ?

3. Parler d'Angus avec Marion... quand elle aura fumé un peu.

4. Trouver de la marijuana. Non. Pas bien.

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant