17. Menaces (1/2)

977 207 25
                                    







J'avais le cerveau en ébullition. Une vague glacée me submergea.

Si dans un dernier virage je n'avais pas reconnu l'Elysium au loin,  j'aurais fait une crise de panique.

Je recouvrai un semblant de calme.

Ok, Angus devenait un nouveau suspect. Il faudrait que je pose plusieurs questions à Marion, au risque de la braquer contre moi, car cette amourette comptait pour elle. Mais n'empêche qu'il nous déposait en lieu sûr. Pour noyer le poisson, et dans quel but ?

- Enfin ! se réjouit Marion.

Yohann, Anne et surtout Dimitri sortirent du camping-car. Ils ne s'étaient pas couchés. Seule la silhouette de mon mari intéressa mon regard. Il avait une tête de déterré. Un vrai cadavre ambulant, livide, inquiet. Il semblait sur le point d'éclater en sanglots.

Angus gara la voiture et ma portière s'ouvrit d'un coup. Dimitri, tout sourire, soulagé comme s'il venait d'apprendre qu'un ouragan meurtrier déviait de sa trajectoire, m'accueillit. Décidément, ça devenait une habitude.

- C'est bien toi ! exulta-t-il en me privant d'oxygène tant il me serrait fort.

Anne en fit tout autant avec Laura. Yohann sautillait de joie.

Chose étrange, à cet instant je m'étonnai de l'absence de gyrophare ou de véhicules de police devant notre camping-car. Ça ressemblait à s'y méprendre à la scène dans ces films catastrophes où la famille séparée se retrouvait après des péripéties.

- Vous n'avez pas prévenu les flics ?

- On ne pouvait pas, répondit Dimitri.

- Hein ?

- On a essayé de vous joindre, dit Anne qui ne lâchait pas Laura.

Je vis qu'elle avait pleuré, ses yeux étaient rouges. Pourtant ni elle ni Dimitri n'était du genre à se laisser dévorer par l'inquiétude. Un instant je pensai à mes parents, quelqu'un était mort ?

- La batterie du téléphone a lâché, tout comme celle de la voiture, expliqua Laura.

- Mais qu'est-ce qui vous a empêché d'alerter la police ? insistai-je.

- Ils demandaient une rançon...

Instinctivement, je regardai Angus, qui pourtant ne comprenait pas notre échange. Nous nous regardâmes ensuite avec Laura, Marion et Robine. Nous ne comprenions pas plus que lui.

- Sorry... coupa Angus.

Il s'excusa auprès de Marion, disant qu'il devait aller retrouver ses potes qui l'attendaient. Elle le remercia chaleureusement mais ne prit pas le temps de répondre à son salut de la main car elle attendait comme nous la suite de la conversation.

- Va falloir nous expliquer ! On n'y comprend rien !

- Dimitri ?

Les phares qui nous éclairaient jusque-là étaient partis avec Angus alors Dimitri nous proposa de rentrer dans le camping-car.

Nous montâmes tous à bord de l'Elysium. L'odeur familière des fauteuils en cuir du salon m'apaisa. Yohann nous présenta un plateau de fromage que nous nous empressâmes d'entamer tant la faim nous tenaillait.

Mais nous n'avions pas oublié les mots énigmatiques de Dimitri.

- De quelle rançon tu parles ?

Il se posa sur l'accoudoir, face à nous, et expliqua, comme s'il n'y croyait pas lui-même :

- J'ai reçu l'appel d'un homme. Il me disait que tu étais retenue en otage. Je devais verser trois cent mille euros sur un compte avant vingt-quatre heures si je voulais te revoir.

- On a dû lui tirer les vers du nez ! ajouta Anne dont la colère ne s'était à priori pas apaisée. Il était si choqué, si étrange.

Un flash d'image de notre chambre avec mes livres déchirés s'imposa à mon esprit.

- Putain ! C'est quoi cette blague ? dis-je en me levant.

- C'est pour ça, j'ai du mal à réaliser que tu sois là, poursuivit Dimitri.

- Mais du coup, tout va bien ... tenta Robine en reprenant son sourire. Tu vois bien qu'on est saines et sauves.

- Rien ne va, Robine, non ! coupai-je, excédée. Dimitri, j'ai un putain de mal de tête. Trop, c'est trop.

Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est quoi ce cauchemar ! pensai-je.

- Vous prenez ça au sérieux ? demanda Yohann.

- Oui, répondit Dimitri.

Puis s'adressant à moi :

- Amanda, ce que je voulais te dire avant que tu ne t'enfuies, et la raison pour laquelle je suis sorti de mes gonds, c'était que je recevais aussi des menaces depuis que nous sommes arrivés.

La cerise déconfiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant