Chapitre 1 : Nouveau souffle

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Je reste un long moment devant ma penderie parfaitement rangée, admirant le travail de maître que je viens fournir. Mon nouvel appartement à Camdem étant déjà meublé, je n'ai eu qu'à ranger mes affaires et faire un peu de ménage, ici et là. Je dépose mon très cher appareil photo bien en évidence sur le bureau, pour l'avoir à porté de main et voilà ! Tout est parfait !

J'ai toujours photographiée tout ce que je pouvais, depuis l'adolescence. C'est une sorte de journal intime, de témoignage imagé de ma vie. Je n'ai jamais montré mon travail à qui que ce soit, car je me plais à prendre des clichés juste pour me souvenir des émotions que j'ai ressentie à différentes étapes de mon évolution. 

 C'est donc la mine réjouit, que je me décide à sortir prendre l'air frais, afin de faire quelques courses pour découvrir ce nouveau quartier qui sera à présent le mien.

Je n'ai pas l'habitude des grandes métropoles comme Londres, mais je pense pouvoir m'y repérer facilement. Bristol, là d'où je viens, est une grande ville mais bien plus modeste en terme de population. J'y ai passé l'essentiel de ma vie mais en plus du désir de tourner la page d'une histoire compliquée, je voulais me plonger dans la frénésie d'une métropole qui m'était complètement étrangère. 

Je passe ma veste, prend mon sac et sors de l'appartement. Je marche d'un pas décidé vers l'épicerie de ma rueQuand le vent caresse mon visage, je me sens incroyablement libre et ne peux réprimer un sourire. Je suis libre pour la première fois de ma vie, et j'aime ça...

L'existence que j'ai voulu fuir, me reviens en mémoire pendant ma petite promenade... Le petit appartement près de l'université que je partageais avec Eric, les déjeuners en compagnie de mes parents le dimanche et les diners le mercredis soirs avec les siens... Dire que je pensais que ce serait ma vie rêvée... J'avais acceptée le fait de mener une existence ordonnée, sans éclats, ni fantaisies. J'étais prête à l'accepter par amour. Du moins, jusqu'à ce que je comprenne qu'on ne fait pas de compromis par amour. On les fait pour soi, car l'amour, le vrai, c'est de ne jamais se compromettre !

— J'ai commencé à avoir des réponses pour les postes que je convoite... normalement, pour New York se serait bon. Dit Eric un jour.

— Quoi ? New York ? Quand comptais-tu me dire que tu voulais aller à New York ? Lui avais-je répondue avec surprise. 

— Je te le dis maintenant. Je ne pensais pas que ça marcherais aussi vite et je ne voulais pas me faire de fausse joie... 

— Tu ne m'as jamais demandé si moi, ça m'intéresserais de partir dans un autre pays ?! Ma famille et mes amis sont ici, et il me reste un semestre avant de terminer mes études ! Avais-je répondue surprise par autant de nonchalance. 

— Un master en beaux-arts ? Tu ne trouveras jamais de travail avec ça. Autant partir avec moi et essayer de voir si tu peux faire quelque chose de plus stimulant... Avait-il, proposé non sans mépris. 

Ces mots me donnèrent l'impression d'une claque en plein visage ! Je venais tout à coup de comprendre qu'il ne m'avait jamais pris au sérieux et que surtout, il pensait que je le suivrai n'importe où car je n'aurais pas d'autre choix.

— Non. Avais-je répondue, agacée.

— Quoi, non ?

— Non. Je n'irai pas à New York et non, je ne changerai pas mes plans pour obtenir un travail plus stimulant comme tu te plais à le penser ! L'art est tout aussi essentiel, voir plus important, que les chiffres que tu manipules pour faire du business avec des grandes entreprises ! Je ne suis pas ta chose que tu poses ici et là... J'ai des rêves moi aussi et je veux les réaliser !

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