Chapitre 14 : Savoir à qui se mesurer

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Adrian

Je sors à peine de chez Ella, et me dirige déjà d'un pas pressé jusqu'à la trattoria. Il n'y a encore personne, car j'aime bien être le premier à arriver. J'ai ramené depuis peu quelques affaires chez elle, car j'y passe l'essentiel de mes nuits, et je veux pouvoir profiter de sa compagnie au maximum, sans avoir à passer chez moi toutes les cinq minutes.

La nuit dernière a été magique... encore une fois. Dès que je suis avec elle, la réalité se transforme et j'apprécie le fait d'être vivant! De pouvoir respirer son odeur, et la regarder se mouvoir devant moi, encore et encore. Elle m'obsède et m'inspire, je n'avais jamais été si dépendant de quelqu'un avant. Elle est vraiment comme je le pensais : pure et candide. Il y a une partie de moi qui sait que je ne la mérite pas, que je ne suis pas digne d'elle, cependant j'ai décidé de l'ignorer. Je profite du temps qui m'est accordé en sa présence, car un jour, j'en suis sûr elle se rendra compte que je ne suis pas celui qu'elle croit. Elle me regardera comme elle regarde Eric, sans aucune émotion. C'est pour cela que je le déteste tant. Il est le reflet de ce que je serai quand Ella m'aura quittée, un homme à la ramasse qui essaye tant bien que mal, de retrouver l'affection de celle qui jadis lui appartenait. Tout ce que je peux faire, c'est faire en sorte qu'elle soit heureuse le plus longtemps possible avec moi et qu'elle ne décèle jamais mes faiblesses...

...

Le service du midi, me distrait de mes pensées taciturnes, et j'en suis ravis. Il y a beaucoup de demande et c'est dans un vacarme incessant que j'encaisse les commandes des clients. Alors que je tends le reçu à un habitué, je suis surpris de voir Eric passer la porte de mon établissement, accompagné de deux hommes en costumes. Il observe autour de lui, un peu perdu, puis quand il me voit, il s'avance à ma rencontre.

— Eric ! Que puis-je faire pour toi ? Dis-je, perplexe.

— On voudrait manger. Ella m'a tant parlé de ta cuisine... et puis ce que j'ai pu goûter hier m'a intrigué. Je me suis dit, que je ne pouvais pas repartir sans avoir pris un vrai repas ici. 

— Ok. Je peux vous suggérer la soupe du jour: un velouté de tomate au basilic, il y a aussi des spécialités italiennes, c'est inscrit sur le grands tableau derrière moi. Vous choisissez ce que vous voulez, je vous encaisse, vous vous installez là où il y a de la place et on vous apporte votre commande . Lui expliquais-je.

— C'est quoi saltimbocca ? Dit-il avec un accent anglais à couper au couteau.

— Ce sont des escalopes de veau fourrées au jambon de parme et à la mozzarella. C'est très typique du Sud de l'Italie. 

— Oh... Vous voulez quoi les gars ? Dit-il en s'adressant à ses compagnons. 

Il discutent un instant de la carte, avant de se mettre d'accord pour leur commande. 

— Alors, deux saltimbocca. 

— Dans un menu ou à part ? 

— Dans un menu. On prendra des bières en boissons et une foccacia au pesto. 

Je reconnais dans sa commande les suggestions d'Ella, et sourit en me disant qu'il l'a écouté scrupuleusement. 

— Il n'y a plus de foccacia au pesto, mais au poulet et à la crème de truffe. 

— C'est si élaboré que ça ? Dit-il, avec effroi.

Et oui, qu'est-ce-que tu crois? Je ne tiens pas un kebab! Pauvre con...

— Nos recettes évoluent en fonction des saisons et on prime sur l'harmonie des saveurs. Répondis-je rapidement. Donc, je te mets une foccacia ? 

— Oui, et une autre bière. 

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