J'attends Adrian sur le trottoir, nos sacs à côté de moi. Il vient de m'envoyer un sms pour me prévenir qu'il arrivait avec la voiture de location, j'en ai profité pour descendre nos affaires, afin que nous prenions la route dès que possible.
Je le regarde se garer devant moi avec la mini Cooper, puis pars ouvrir le coffre, à peine s'est-il immobiliser.
— Attends, je vais la faire. Me dit-il, empressé, en sortant de la voiture.
— C'est bon, ce n'est pas très lourd...
— Tu es impatiente, on dirait !
— Toujours ! Répondis-je du tac au tac. Tu conduis ou je conduis ?
— Je serai ravis de me faire conduire par toi... surtout que tu dois certainement connaitre le chemin mieux que moi.
— C'est à ça que sert le GPS. Allez, en route ! Dis-je en refermant le coffre.
...
Bristol est à deux heures et demi de Londres, c'est donc détendue que je nous dirige jusqu'à ma ville natale. Accompagnés de la playlist de Noël que j'ai préparée pour l'occasion, Adrian et moi discutons de tout et de rien.
— C'est comment chez toi ? Demande-t-il, soucieux.
— Et bien, c'est une petite maison, tout ce qui a de plus normal... il y a trois chambres et un petit jardin. Je n'ai jamais eu d'animaux de compagnie, ma mère n'en voulais pas, bien que je l'ai suppliée toute mon enfance... Ah! et mon père adore jouer aux cartes le soir. Tu te demandes certainement pourquoi je te dis ça... mais ça à son importance, car il te demandera de jouer avec lui à un moment donné et tu n'auras pas d'autre choix que d'accepter, sinon il te poursuivra jusqu'à l'épuisement.
— Eric jouait aux cartes avec lui ? Dit-il, amusé.
— Au début... et puis... vers la fin, il ne venait même plus aux déjeuners familiaux, prétextant une montagne de travail.
— Tes parents l'appréciaient ?
— Ma mère surtout... du moins l'idée qu'elle s'en faisait. Je ne leur ai jamais révélé pourquoi nous nous étions quittées aussi abruptement, et c'est certainement pour ça qu'elle continue d'entretenir des relations amicales avec lui... et puis je ne voulais pas aborder les détails de ma vie privée avec eux à ce moment là.
— Je suis heureux qu'ils aient acceptés ma présence pour Noël. Je suis impatient de vivre ça avec toi... je n'ai jamais eu de sapin chez moi...
Je l'écoute un instant, me faire des confidences sur sa vie passée. Je suis toujours un peu déstabilisée lorsqu'il aborde des passages peu glorieux de sa jeunesse. Je ne le lui dit pas, mais je suis en colère! En colère contre cette mère que je ne connais pas, mais qui faillit dans son rôle de parent. Adrian a réussi à devenir quelqu'un d'extraordinaire sans elle... Que serait-il devenu, si elle avait été un modèle digne de ce nom?! Il regarde au travers de la fenêtre, les paysages défiler devant lui, et mon coeur se serre en imaginant l'enfant qu'il a été. Solitaire et malheureux de voir qu'on lui reproche des choses qui lui échappe. D'une façon presque irrationnelle, j'ai envie de le protéger. Faire ce que l'on a pas fait pour lui. Je ne laisserai personne le blesser car cela signifierait qu'on me blesse aussi, et ça, je ne l'accepterai pas!
...
Après un voyage sans encombre, je me gare devant ma maison aux briques rouges, décorée de guirlandes luminescentes pour l'occasion. Je souris en constatant qu'il y a des traditions qui sont immuables. Mon père a toujours aimé les mettre. À peine sortons-nous de l'habitacle, que la porte d'entrée s'ouvre pour laisser apparaitre mes parents, venues nous accueillir avec impatience.
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General FictionLorsqu'Ella James quitte sa petite ville natale pour s'installer à Londres après une déception amoureuse, elle décide de pleinement profiter de sa nouvelle existence. Fraîchement diplômée des beaux-arts, elle commence une carrière dans l'une des gal...