Chapitre 24 : Lady James

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Adrian

Je m'éveille, emmitouflé sous la couette moelleuse de la chambre d'Ella. Tout respire la calme et la bienveillance dans cette maison, c'est le foyer que tout être humain aurait rêvé d'avoir... du moins en apparence! Je n'ai rien dit à Ella, mais j'ai entendu son échange avec sa mère dans la cuisine. Je me suis éclipser un instant de la partie de cartes que je faisais avec Rupert pour aller aux toilettes et j'ai tout entendu : Catherine ne m'aime pas. Je suis blessé par ce constat car je pensais qu'en étant parfaitement honnête, elle me laisserait une chance... avec Rupert ça s'est bien passé, mais s'il se laisse influencer par sa femme, je ne pourrais pas compter sur lui.

Je tourne la tête vers Ella et constate qu'elle dort à point fermé. Je m'extirpe du lit le plus discrètement possible pour ne pas la déranger et pars dans la salle de bain. Après m'être douché et habillé, je descends l'escalier qui mène au salon. Je pensais croiser les parents d'Ella mais il n'y a personne. Je me dis que faire le café arrondirait les angles avec ma belle famille? Alors je me guide vers la cuisine. Je m'immobilise immédiatement en constatant la présence de Catherine, déjà affairée au fourneaux de si bonne heure.

— Bonjour. Dis-je doucement.

Elle se tourne vers moi et arrête ce qu'elle fait en croisant mon regard.

— Vous êtes déjà réveillé ? Dit-elle, surprise.

— Oui. Je pensais faire du café pour tout le monde, mais vous m'avez devancé. 

— Je me lève tôt, c'est une habitude... et puis vous n'avez pas à préparer le petit-déjeuner, vous êtes un invité. 

— Je voulais juste me rendre utile...

— Le café est déjà prêt. Dit-elle, en me le montrant sur le plan de travail. Il y a encore des scones d'hier, mais si vous voulez, je peux faire autre chose ? 

— Non ! Ça ira, merci. Dis-je prenant une tasse pour me servir. 

Je suis mal à l'aise car je sens la distance qu'elle a délibérément installée entre nous. Elle m'a dit que j'étais un invité, alors qu'en réalité, c'est étranger qui devait sortir de sa bouche. Je l'ai senti à l'intonation de sa voix. Je vois de qui Ella tient son obstination ! 

— Vous voulez que je vous aide pour le repas de ce soir ? Demandais-je, poliment.

— Non. Tout est déjà presque prêt. Vous avez peur que ce ne soit pas comme dans votre restaurant ? 

— Non ! C'est juste que... je ne voulais pas que vous restiez ici toute la journée. 

— J'ai l'habitude, c'est une sorte de tradition... Je sais que ça ne vous parle pas beaucoup, mais Ella, Rupert et moi avons toujours fêtés Noël ainsi. Dit-elle avec froideur.

Bon ! Au moins si j'avais un doute sur son aversion pour moi, là, je n'en ai plus.

— Je suis désolé de ne pas être l'homme que vous imaginiez pour votre fille. Je veux que vous sachiez que je l'aime et ne veux que son bonheur. Dis-je, calmement.

Ella s'arrête une seconde foie et se retourne doucement dans ma direction.

— Je ne doute pas de vos sentiments pour ma fille, je me dis juste, que ça ne peux pas marcher. Je connais ma fille et vous êtes très différents l'un de l'autre, trop même. Je l'ai vu quand vous êtes sortie de la voiture. Vous êtes très beau Adrian. Vous savez parler et vous avez de la prestance. Vous êtes votre propre patron! Un homme fort et déterminé ! Ella est... c'est une artiste contrariée. Elle se dévalue en permanence et elle n'a pas confiance en elle. J'ai peur que vous preniez le dessus sur elle, car elle ne sait pas se protéger. 

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