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Chapitre 20 : Status Quo

Adrian

Il est tard, mais je ne peux me résoudre à aller me coucher. Je suis en pleine inspiration et il faut que je dessine ! Ça fait plus d'une heure que je m'attèle à terminer ce qui ressemble à une nouvelle oeuvre. Ce sont des jambes mêlés les unes aux autres, on décèle à peine leurs propriétaires, on peut juste imaginer qu'ils sont en train de s'adonner aux plaisirs de la chair, tant leur proximité est sans équivoque. C'est un rêve qui a traverser mon esprit, après avoir fait l'amour à Ella, il y a à peine quelques heures. Je me suis réveillé avec cette envie irrépressible de poser sur le papier ce qui m'a secoué. 

Je la regarde de temps en temps, elle est profondément endormie. Le drap remontant sur sa poitrine, laissant paraitre le haut de ses cuisses fuselés. J'ai allumé la petit lampe de chevet, pour ne pas projeter de lumière trop cru dans la pièce. 

Avant, les autres dessins que j'avais pu faire, étaient de la pure imagination. Je n'avais jamais vécu quelque chose d'aussi fort, qui puisse me permettre de le dessiner avec autant de précision, bien que je le désirai ardemment. Maintenant, je n'ai plus qu'à me laisser porter par ce que je ressens. Ella est au-delà de tout mes fantasmes, m'apportant une certaine audace dans l'approche de mes modèles. La sexualité à toujours été une source d'inspiration pour moi, je ne m'en suis jamais caché, mais rajouter à cela l'amour, c'est tout nouveau pour moi et c'est exaltant! Ce désir de possession, la soif de l'autre, aimer donner pour recevoir en retour... ce sont des sentiments bouleversants, qui m'habitent depuis que j'ai fait sa rencontre. L'amour d'adolescence que je n'ai jamais connu, je le vis avec elle. Tout est neuf et surprenant en sa compagnie. 

— Tu ne dors pas ? Me surprend-t-elle, d'une voix ensommeillée.

Je lève la tête brusquement dans sa direction, et la voit qui s'étire dans le lit, avant de me regarder avec de petits yeux. 

— Il faut que je termine ça avant... rendors-toi. Chuchotais-je pour ne pas l'éveiller complément. 

— Le lit est froid quand tu n'y es pas... et ça m'empêche de dormir correctement. Dit-elle avec un petit sourie. 

Je passe un rapide coup d'oeil sur mon dessin, me demandant si ça vaut la peine de ne pas la contenter. Très vite, je lâche mon fusain, m'essuie les mains avec un chiffon et pars la rejoindre. — Tu es nu ? Dit-elle surprise par le contact de ma peau quand je plonge sous les draps. 

— Oui, nous ne sommes que toi et moi. Répondis-je en la prenant dans mes bras. 

— J'aurais dû te prendre en photo... Dit-elle, contre mon cou.

Je souris, avant de poser délicatement mes lèvres sur son front et de m'endormir, apaisé par son parfum et sa simple présence. 

...

Alors que je remonte à mon appartement après le service de midi. Je reçois un mail de mon avocat, m'annonçant le nouveau montant des ventes que j'ai effectué ce mois-ci. Cela devient régulier depuis quelque temps et je ne m'y intéresse presque plus. Je suis content d'engranger de l'argent grâce à quelque chose que j'aime, mais cela me met aussi mal à l'aise, car je n'ai pas l'impression de fournir un quelconque effort pour mérité tout ça. Surtout que maintenant que j'ai la trattoria, j'ai deux sources de revenues qui se portent bien. Les fins de mois difficiles qui étaient monnaie courante, ont laissées place à l'abondance sur mon compte en banque... C'est une nouvelle situation dont je me méfie, car rien n'est permanent dans cette vie et il faut sans cesse être sur ses gardes, pour ne pas tout gâcher. Si il a bien quelque chose que mon enfance m'a appris, c'est bien cela. Je n'ai hérité d'aucune des faiblesses de mes parents : je n'ai pas de problème avec l'alcool ou la drogue, et je n'ai jamais aimé être entouré d'amis factices... tout ce que je veux, c'est être tranquille dans un endroit que j'aime, accompagné d'une personne qui me comprends. Je me rends compte que ces deux choses là, je les ai. Je suis donc bien plus riche que je ne le pensais.