Chapitre 15 : Celui qu'on croit

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Je viens de rentrer chez moi, après une journée bien remplie. Les lendemains d'enchères sont les plus éreintantes! Il faut préparer les factures des acheteurs, attendre les accords pour enclencher la préparation des colis, et envoyer des mails à ceux qui n'ont pas eu la chance d'obtenir l'objet de leur convoitise... mais c'est ce qui me plait tant dans mon métier, je ne m'ennuie jamais. C'est donc avec un profond soulagement que je m'écroule dans mon canapé, pose mes pieds sur la table basse et allume la télé. Je ne la regarde pas vraiment, mais quand je suis fatiguée ça me détend.

Soudain, je sursaute, en entendant mon portable sonner. Il est 22h passé et le nom de Max s'affiche. Je suis surprise car il n'a pas l'habitude de me contacter aussi tard, c'est rapidement que je réponds.

— Oui, Max. Répondis-je inquiète.

— Je suis désolé de t'appeler aussi tard, mais c'est une urgence... est-ce-que tu pourras venir demain matin ? Je sais que c'est le week-end, mais j'ai besoin de toi. 

— Quoi ? Pourquoi, donc ? 

— Les quatre tableaux de Skanska que tu as vendu à ton ami, doivent être restitués. Je viens de raccrocher avec l'avocat qui s'occupe de lui, et il vient de me prévenir que finalement Skanska les retire à la vente. Comme, le compromis de vente n'a pas été signé, il a le droit de se rétracter... Je sais que c'est décevant, mais c'est comme ça. Dit-il, dépité.

Je suis sous le choque de ce que j'entends! Cela fait plusieurs mois que je suis ici, et rien de tel n'est jamais arrivé, en particulier avec des oeuvres de Skanska. Je me demande ce qui a bien pu arriver pour qu'il décide de récupérer ses tableaux.

— On ne peut pas essayer de lui faire comprendre qu'il perd une forte somme d'argent en faisant ça ? 

— J'ai tenté de lui faire entendre raison, mais rien n'y fait... il semblerait que ce soit pour des raisons personnelles... ça fait vingt ans que je fais ce métier et je n'avais jamais vu ça. Un artiste qui refuse de vendre des tableaux qu'il a laissé en exposition pour une vente au enchère. Dit-il, avec déception.

— D'accord, je viendrais demain, à la première heure. 

— Merci, Ella. Je suis encore désolé pour le dérangement... 

— Ce n'est rien, ce n'est pas de ta faute... je vais devoir prévenir Eric qu'il n'aura pas les oeuvres escomptées... Je serai à la galerie à 8h. 

— À demain. Dit-il, avant de raccrocher.

Je reste interdite un long moment dans mon canapé, essayant de comprendre ce qui a bien pu pousser Skanska à faire machine arrière pour ces oeuvres... J'espère qu'il ne commence pas à avoir la grosse tête et qu'il ne deviendra pas coutumier du fait, car cela ferai baisser sa côte auprès des acheteurs... et de moi par la même occasion !

Je compose le numéro d'Eric pour le tenir au courant de ce que je viens d'apprendre. Il décroche immédiatement à peine la première tonalité a-t-elle retentit.

— Eric ! Dis-je avec surprise. J'espère que je ne te dérange pas... 

— Non. J'attendais ton appel. Dit-il, d'une voix étrange.

— À bon ? 

— C'est à cause de ce midi? Écoute, je ne sais pas ce  qui m'a pris, je voulais juste le voir de près... le jauger en quelque sorte, pour voir si il te mérite vraiment. Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais je ne veux que ton bonheur... 

— Quoi ? Mais qu'est-ce-que tu racontes ? Le coupais-je, incrédule.

— J'ai rendu visite à Adrian.. je suis allé déjeuner à la trattoria avec quelques connaissances et je pense avoir été trop loin... il s'est comporté en gentleman, alors que j'ai voulu le pousser dans ses retranchements... 

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