Chapitre 28 : Métamorphose

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Depuis le retour d'Adrian, quelque chose à changé. Il m'a à peine expliqué pourquoi sa mère était internée, et à présent il fait toutes les démarches pour qu'elle soit hospitalisée à Londres. Lui qui était si critique vis à vis d'elle avant, semble s'être métamorphosé du tout au tout. Il est en permanence à la trattoria, puis quand il rentre, il part dessiner, jusqu'à très tard dans la nuit. Il s'est renfermé sur lui-même, alors que nous échangions beaucoup avant. Je ne peux pas laisser perdurer cette situation, surtout qu'elle intervient après une période quasi-idyllique entre nous.

Quand je rentre de la galerie, il est encore en bas, à s'afférer en salle. Je décide de l'attendre, préparant avec précaution mon approche pour qu'il puisse s'ouvrir à moi... enfin. Je pars me faire une tasse de thé pour me donner du courage, alors que je mets la bouilloire en marche, je jette un coup d'oeil, distraite, aux feuilles volantes sur le bureau d'Adrian, ce sont les dessins sur lesquels il travaille depuis son retour. Une image attire mon attention, elle semble plus sombre que son style habituel. Je m'avance pour les observer de plus près. J'écarquille les yeux devant autant de noirceur. Ce n'est plus des corps emmêlés dans des positons charnels ou la simple expression du désir, mais de la violence, brutal. La chair y est maltraité, empoignée, griffées... Je ne lui connaissais pas une si grande ambiguïté. J'ai beau reconnaitre le coup de crayon précis et sans concession de Skanska, je suis mal à l'aise à la vue de ces oeuvres. J'arrête de les regarder rapidement, gênée par ce qu'elle me montre.

— Ça te déplaît tant que ça ? Dit-il, derrière moi.

Je me retourne brusquement, surprise de l'entendre. L'eau pour mon thé est prête et je pars me servir.

— C'est très différent de ce que tu as l'habitude de faire... Dis-je pour ne pas le bousculer.

— Ce que je dessinais avant, n'était qu'un mensonge, alors que là, je dessine la vérité. Dit-il, s'approchant de son bureau et regardant ostensiblement ses dessins.

— Qu'est-ce-que tu racontes ? Tes oeuvres sont magnifiques, je te l'ai dit avant de savoir que tu en étais l'auteur...

— Ça n'a pas d'importance ! De toute façon, je me suis trompé sur toute la ligne. 

— Il faut que tu me parles Adrian, je ne comprends rien à ce que tu me dit... tu esquives cette discussion depuis trop longtemps. J'ai besoin de savoir ce qui ne va pas, pour pouvoir t'aider. 

— Je ne te dit rien, car tu ne peux rien pour moi. C'était déjà perdu avant même que ça ai commencé. Je suis une erreur, j'aurai beau faire ce que je peux, je n'aurais jamais dû être là... Me dit-il, d'une voix tremblante.

Je m'avance vers lui et essaye de le prendre dans mes bras mais il s'éloigne à la hâte, comme brûler par mon contact.

— Rien de ce que tu pourras dire ou faire ne m'empêchera de t'aimer, tu le sais ? 

— Non... Dit-il, d'une voix brisée.

— Ça à a voir avec l'hospitalisation de ta mère, je le sais. Tu es ainsi depuis ton retour de Manchester. Qu'a-t-elle bien pu faire pour te rendre aussi mal ?

— Ce n'est pas de sa faute, mais de la mienne ! Dit-il, avec virulence. Je l'ai détruite ! Je suis un monstre. Dit-il, me regardant droit dans les yeux.

Je me rends compte qu'il pense vraiment ce qu'il dit.

— Non ! Tu n'es pas un monstre, tu es magnifique... 

— Ce visage est une malédiction ! Tu es avec moi à cause de lui, mais tu ne sais pas qui me l'a donné ! Je suis maudit depuis ma naissance, une aberration...

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