Chapitre 1

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La vie, c'est comme une bicyclette,
il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.
Albert Einstein

°Ellaïa°

Les roulettes de ma valise grise font un bruit infernal sur les pavés humides de la cour principale de la résidence universitaire. De cette dernière je peux apercevoir la faculté entourée de grands bâtiments jaune pâle, salis par le temps et faiblement éclairés par le soleil. Ce dernier, caché par des nuages, commence à se coucher et cela donne au ciel une teinte rose-orange très agréable.

Je prends le temps d'essuyer mes baskets noires sur le paillasson en pénétrant dans le bâtiment décrit par mes parents comme étant la résidence parfaite pour les prochaines années. Le hall est assez accueillant je dois l'avouer, plusieurs étudiants semblent déjà avoir pris leurs marques et rient sur les canapés couleurs crème tandis que d'autres font un baby foot ou ont déjà la tête plongée dans leur livre de cours. Chacun profite de la dernière soirée avant le début des cours à sa façon.

Moi je vais aller m'enfermer dans ma chambre.

Une pancarte m'indique l'accueil où je me dirige discrètement afin de ne pas attirer l'attention de la foule. Mon cœur bat à toute vitesse dans ma cage thoracique et je me demande quand il compte se calmer. Depuis que j'ai posé les pieds dans la gare de cette nouvelle ville, il ne veut plus s'apaiser. Et toute cette foule fait doubler mon anxiété.

J'inspire un grand coup avant de pousser la porte ornée d'un écriteau indiquant que la réception est ouverte et je tombe sur une mini salle d'attente déserte où plusieurs chaises sont alignées. Je m'assois sur l'une d'entre elles tandis que l'horloge colorée accrochée au mur enchaîne les tics tacs agaçants.

– Il y a encore quelqu'un ?

– Oui, Ellaïa Zak, annoncé-je en me levant, ma valise en main.

J'avance en direction d'une jeune femme très bien habillée, qui m'accueille avec un grand sourire dans son bureau aux couleurs chaleureuses ; quelques affiches encourageant à arrêter de fumer sont accrochées aux murs bleu pastel ainsi que deux tableaux plutôt laids. Ce drôle de bureau me détend un peu et j'arrive à calmer ma respiration. Elle s'installe derrière son bureau en bois pâle et m'invite à m'asseoir.

– Bonsoir, je suis l'une des surveillantes de la résidence. Tu arrives pile à temps, j'allais fermer ! rit-elle.

Elle tape sur son clavier et je sors quelques feuilles de mon sac.

– Pas besoin, j'ai tout sur mon ordinateur ! Ellaïa Zak, tu as dix-sept ans, tu es née le quinze octobre deux mille deux et tu es inscrite en première année de STAPS. Tu as juste besoin de signer le règlement et je te donne les clés de ta chambre.

Elle fait glisser les feuilles sur son bureau et me tend un crayon bic. Je n'ai jamais réussi à prendre l'habitude de signer des papiers mais je lis assez rapidement le règlement, sous le regard étonné de la surveillante, avant de signer en bas de la page.

Eh oui madame, je lis les règlements.

Comme prévu, la résidence fournit le Wifi mais aussi une laverie, une salle de sport ainsi qu'une cafétéria et plusieurs espaces de vie commune. Mes parents n'ont pas voulu m'écouter lorsque je leur ai dit qu'un studio paumé avec un bus me suffisait amplement et leur coûterait bien moins cher. Mais ils n'ont rien voulu entendre et je voyais bien que ça les rassurait de me savoir autant encadrée dans une résidence, si proche de la fac et entourée de tout ce dont j'ai besoin. Ils m'ont assuré que c'était « l'avantage fille unique » qui me permettait d'avoir un budget plus... généreux mais je sais parfaitement que ça n'a rien à voir.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant