Chapitre 1

37 10 2
                                    

Tous les soirs, c'est la même chose. Les faisceaux lumineux traversent la salle tellement lentement que je finis par me dire que c'est mon cerveau qui fonctionne au ralenti. Ce n'est pas vraiment étonnant. La fête a commencé depuis quelques heures déjà et toutes les personnes présentes sont dans le même flou que moi, si ce n'est pire. La fumée des cigarettes et joins emplit la salle. L'air doit être étouffant pour une personne qui vient d'arriver, mais cela fait déjà des heures que je suis là. Je n'y fais plus attention, comme la plupart des autres. La masse de gens autour de moi arriverait à même déclencher une crise chez une personne non-claustrophobe mais j'ai l'habitude. Les filles avec une tenue indécente se frottent aux garçons qui, eux, ne sont intéressés par qu'une chose : passer une nuit agitée avec elles. On est tous ici pour s'amuser et ça ne dure jamais longtemps quand on rencontre quelqu'un ici. Je tourne la tête et ferme les yeux. Cette nuit est particulière. Elle a un goût amer qui me scie la gorge. J'ai beau m'appliquer consciencieusement à oublier - et ça marchait plutôt bien jusque-là - tout revient en bloc quand arrive ce genre de jour-là.

« - Tu vas bien ?

- Oui, pourquoi ? je mens.

- Tu as l'air pensive, c'est pas vraiment ton genre..., ricane Aspen. »

Si seulement il savait... Je hausse les épaules. J'ai retrouvé Aspen à une de ces fêtes qui rassemblent les trois quart de la ville. Le genre de fêtes qu'on croit impossible, celles du Great Gatsby, tu vois le genre. Mais elles existent réellement. Lors de ces fêtes, tout le monde est ailleurs, si tu vois ce que je veux dire, avant même que ça commence.

« - On va chez moi ? propose-t-il.

- Pourquoi tu me le demandes ?

- Lève-toi, on y va alors. »

Aspen ne me connaît pas vraiment. Il n'est pas vraiment dupe et perçoit des signes, comme tout à l'heure, mais on a décidé de les ignorer. Je le comprends. Ce n'est pas facile de vivre avec ses propres problèmes, alors vivre avec un fardeau deux fois plus lourd, ce n'est pas l'idéal. On fait comme si l'autre vivait parfaitement bien sans s'occuper de ses problèmes. Tout est mieux comme ça de toute façon.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant