Et les autres ? Regarde-moi. *Draxembe*

IV. Regrets, Remords

Presnel Kimpembe

L'arrivée de Julian dans son appart est une surprise. La discussion qu'ils ont et son départ précipité le sont tout autant. La porte claque et Presnel reste un instant, les yeux perdus dans le vide, une tempête dans le creux de l'estomac.

C'est toujours comme ça. Pourquoi aujourd'hui il se sent si amer ? Aucune réponse ne peut être apportée à sa question. Son soupir est la seule chose qui transcende le silence alors qu'il récupère la tasse presque non touchée et encore fumante de son ami dans l'évier avec la sienne. Il n'a plus faim ni soif.

Ju a eu un appel de Thilo. Un appel de plutôt mauvaise augure vu la tronche qu'a tiré l'allemand. Est-ce par rapport à Lena ? 

Il a franchement envie que ça le soit. C'est malsain et malhonnête de sa part de penser ainsi. Il le sait. Mais est-ce que ça le dérange ? Est-ce qu'il se cache vraiment la nature des sentiments qu'il éprouve envers son meilleur ami ?

Cela fait longtemps ... si longtemps que Pres se sent de cette manière, qu'il refoule tout, qu'il joue au "parfait ami" sans s'accorder aucun espoir. Parce que, depuis tout le temps où lui et Jule se connaissent, jamais ce dernier n'a quitté sa petite-amie. Et maintenant, ils vont bientôt se marier. Une cicatrice de plus va orner son cœur.

Il chasse ces sombres pensées rapidement. Il a d'autres choses en tête. Techniquement, Sarah viendra dans deux jours déposer Kayis. Son rayon de soleil. Il sent sa poitrine se gonfler de joie rien qu'à l'idée de voir son fils.

Quand la sonnerie de sa porte retentit, il grommelle en se levant. Qui c'est cette fois ? Il ouvre rapidement et trouve face à lui Adrien avec un sac sur l'épaule.

— Salut Pres, tu pourrais m'héberger le temps d'une nuit ?

— Adri ! On s'est vus ce matin, il s'est vraiment passé quelque chose entre temps ?

— C'est compliqué.

Son ami grimace et Presnel, content de voir son ami et de n'être plus seul à broyer du noir, se pousse pour le laisser entrer. Ils s'installent rapidement sur le canapé.

— Raconte ?

Rabiot se fige, semblant réfléchir à ce par quoi commencer. Une lueur fatiguée passe dans ses yeux.

— Des fois ... j'envierai presque les gens normaux, comme Julian par exemple, qui n'ont pas à se soucier de ce que le monde va penser. Est-ce qu'il va y avoir des répercussions ? Tout va-t-il bien se passer ? Je suis fatigué de me poser ce genre de question.

Cette fois, c'est au tour de Kim de se figer, incertain. Il se demande s'il a bien compris le problème de son coéquipier. Il a besoin de lui. Alors il se décide à répondre quand même.

— À propos de ton homosexualité ? Tu sors avec quelqu'un ?

— Pas encore. Je ne sais pas si ça va se faire. On vient déjà de se disputer. On ne semble jamais être d'accord quant à la décision qu'il faut prendre. Et tout ça parce qu'on est connus.

Adrien semble vraiment abattu. Presnel se sent mal de le voir dans un tel état alors il lui frotte le dos avec une certaine compassion.

— C'est pour ça que tu as besoin d'un endroit où dormir ? Vous avez emménagé ensemble ? Mais vous n'êtes pas en couple ?

— L'amour était vraiment imprévu. De base, on avait juste prévu de prendre une maison en commun, on trouvait ça sympa. Mais à présent ...

— Je le connais ?

— ... Oui. Ce n'est pas le sujet cependant. Toi, qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien du tout.

Pres laisse échapper un petit rire nerveux. Cela fait tant de temps qu'il cache son secret au nez et à la barbe de tout le monde, qu'il le garde pour lui tout seul, il n'a pas envie de ruiner ses efforts maintenant. Si seulement il s'était plus préparé à la venue de son ami, ses émotions ne seraient pas autant à découvert.