XXXVIII. Insécurité

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Julian Draxler

Une fois, quand il était plus jeune, Julian a aimé un garçon. Avant que Lena ne devienne une part de sa vie, au moment où eux deux n'étaient qu'amis, il a rencontré quelqu'un.

La jeunesse est une période énorme qui souvent décide de nos comportements plus tard, elle peut laisser des cicatrices comme des bons souvenirs. Et cela dépend des personnes qui nous entourent et de leurs intentions bien sûr.

Ce gars était beau et surtout il avait tendance à faire rire Ju. Toujours. Il trouvait un moyen de lui donner le sourire quand ce dernier n'en avait pas trop. Alors il s'est mis à l'aimer doucement.

Ils ont fini par sortir ensemble. Le petit-ami n'a pas trop changé mais ses tiques se sont presque ancrés en l'allemand. La peur d'être vu, des remarques désobligeantes, des difficultés à être sincère. Au final, quand ils ont rompu, Jule était déjà plus qu'endommagé par toute leur relation, gardant au plus profond de lui une blessure.

Ainsi, c'est pourquoi, aujourd'hui encore, même en étant avec Presnel, heureux, comblé, fiancé et avec des projets, il a la sensation affreuse que ça ne va pas durer.

« Il va se lasser de moi, il va se laisser de moi. »

Ça se répète en boucle dans sa tête comme un mantra. C'est mauvais, très. Il n'est pas censé penser ça parce qu'il connaît Pres ; ils ont été meilleurs amis avant d'être en couple. Mais il ne peut le stopper. Ses peurs, son insécurité est partout.

Des fois, il guette les réactions de son français par peur de ce qu'il peut penser ou dire. Bien entendu, ce dernier s'est rendu compte que quelque chose ne va pas mais comme il ne lui a rien dit, sa moitié n'arrive pas à savoir.

Lena lui envoie des messages, lui demande s'il lui a dit, insiste pour qu'il le fasse. Mais il repousse toujours l'occasion. Même s'il sait que ça pourrait causer du tort à leur couple. Il peut causer du tort à son couple. Si seulement il n'avait pas ses stupides frayeurs.

Jule et Presko sont allés voir Neymar et Kylian comme ils n'ont pas pris trop de leurs nouvelles avec le scandale et ne les ont pas vu hors entraînement. Ils semblent aller mieux, avoir pris du recul au moins.

C'est ce qu'il faut qu'il fasse lui aussi. Cette journée lui apporte un mauvais pressentiment alors qu'elle a très bien commencé. Il s'est levé sous les caresses de son coéquipier, ils se sont douchés ensemble et ont déjeuner dans une humeur blagueuse et tendre. Ils sont allés à l'entraînement qui a été épuisant mais libérateur, ont commandé des pizzas pour manger puis sont venus ici. Kim lui a même déclaré qu'ils iraient voir Sarah dès qu'elle serait rentrée pour lui parler et régler enfin l'histoire avec Kayis.

Rien de mauvais en somme. Alors d'où vient ce sentiment palpable dans sa poitrine ? Il ne sait pas. Drax a presque l'impression d'être normal, de ne plus avoir ses mille et unes pensées qui tourbillonnent constamment dans sa tête.

Il finit dans la cuisine avec Kylian à préparer des gaufres. Neymar et l'autre français sont restés affalés dans les canapés du salon, dans une conversation qui leur a semblé pas-sion-nan-te.

— Ça en fait deux de plus. On devrait bientôt avoir fini.

— Dis Ky, t'as des nouvelles de Thilo et Marqui ?

— Apparemment, ils se sont disputés plutôt gravement hier. Thilo squatte chez Thiago je crois. Je pensais que tu serais le premier au courant.

— Je sais pas ... Thilo me parle plus trop en ce moment.

— Oh.

Ils passent quelques minutes dans un silence pesant car ils ne savent plus quoi dire. Julian sait bien pourquoi son coéquipier allemand l'a évité. Jalousie ou en tout cas mal-être en voyant leur couple. Il a pensé que le fait d'être avec Marquinhos changerait peut-être quelque chose mais cela n'a pas été le cas.

Et si ce n'est pas ça ? Et s'il s'est rendu compte d'à quel point il n'a aucune valeur ? De tous ses défauts ?

— Julian ?

Il revient à lui à l'entente de la voix du plus jeune. Ce dernier le fixe avec concerne, comme s'il est inquiet de quelque chose.

— Oui quoi ?

— Ça fait plusieurs fois que je t'appelle mais tu réponds pas.

— Ah désolé, tu voulais quoi ?

— Va dire à nos deux idiots que les gaufres sont prêtes.

Il acquiesce. Ses pas sont rapides. La cuisine et le salon sont reliés donc ce n'est pas vraiment loin. En y arrivant, il s'approche des deux, assez près pour entendre leur conversation.

— Juju et moi, on est un peu comme l'eau et le feu. On s'entend c'est sûr mais on reste plutôt différents. On aurait pu ne pas être ensemble. Franchement, j'aurais pu le laisser se marier-

Il se fige à l'entente de la phrase. Pour lui, elle sonne comme un glas de terreur dans sa tête. Les larmes lui montent aux yeux et il se met à trembler de manière incontrôlable. La sensation d'être trahi lui monte à la gorge. Comme si toutes ses peurs prennent vie en ce moment exactement.

Alors son petit-ami accorde aussi peu d'importance à leur couple ? Pense qu'ils sont trop différents ? Est-ce que c'est tout ce qu'ils valent à ses yeux ? Est-ce qu'il est le seul à vouloir passer le reste de sa vie avec l'autre ?

Il est irrationnel. Tout au fond de lui, il le sait très bien. Mais sur le coup, ces mots ne font que raviver la cicatrice et l'empêcher de relativiser.

À cet instant, Presnel, comme muni d'un pressentiment, se retourne et la vision de lui le désempare sûrement. C'est normal qu'il ne comprenne pas. Cependant ce qu'il a dit continue de résonner dans sa tête comme une malédiction.

— Mais ... Julian, qu'est-ce qui ne va pas ? Balbutie son coéquipier, cherchant à le réconforter.

— T-Tu l'as dit toi-même. Tu as certainement raison. Je ne pensais juste pas que tu l'admettrais comme ça, dans mon dos. Sans même m'en parler.

Il s'enfuit de la pièce presque en courant et va jusqu'à se permettre dans le voisinage après un long footing. Personne ne lui a couru après, c'est bien ce qu'il pensait. Tout s'effondre autour de lui, c'est affreux.

Jule atteint un coin qu'il lui semble reconnaître  dans la ville. Il ne veut décidément pas rentrer chez lui. Il a le cœur au bord des lèvres. Ses yeux se ferment alors qu'il réfléchit. En dernier recours, il se résout à appeler un ami.

— Allô, Kevin ? Ouais c'est moi. Tu es toujours sur Paris ?

Oui pourquoi ?

— Tu peux venir me chercher ?

Juste toi ? Tu n'es pas avec Presko ?

— Non, je ... c'est compliqué. S'il te plaît, j'ai besoin de toi.

Okay, bouge pas, je viens.

Il lui indique rapidement l'adresse et raccroche. Une dizaine de minutes plus tard, son coéquipier allemand arrive en voiture et il grimpe avec lui.

Le roulement de la route le berce un peu. La tristesse éclôt dans sa poitrine avec douleur.

Et, en regardant de nouveau sa main où brille toujours son anneau, il fond en larmes.

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NDA :

Il y a sûrement des gens beaucoup plus en insécurité qu'il ne le laisse paraître. Julian en fait partie. Est-ce que Presnel arrivera à le conforter assez ?

Et les autres ? Regarde-moi. *Draxembe*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant