XXX. Amer

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Paul Pogba

Madrid est une jolie ville. C'est la réflexion que Paul se fait alors qu'il observe une énième fois le décor au travers la baie vitrée de sa chambre. Cette constatation ne change rien au fait que sa venue ici soit une erreur. Ahaha.

D'autres pensées lui viennent en tête. Dire que Maria, sa jolie et tendre Maria, a accepté qu'il vienne ici pour voir son "ami". Est-ce qu'elle se doute de quelque chose ? Ça le torture parfois des nuits entières. Il a peur de tout perdre. Mais s'il en est si effrayé que ça, alors qu'est-ce qu'il fiche ici ?

Antoine ... il aurait dû abandonner ces sentiments pour lui. Sentiments qui existent depuis si longtemps. Pourquoi est-ce qu'ils n'explosent que maintenant ? Tout pourrait aller bien s'ils n'entachaient pas sa vie.

Son cœur est confus. Tout l'est chez lui en fait. Sa raison même s'est perdue. Il n'arrive même plus à garder son attention figée sur l'environnement. Son meilleur ami prend toute sa conscience, il est partout, il le regarde.

Il a goûté à ses lèvres quelques heures plus tôt. La scène repasse en boucle. C'a été le meilleur baiser de sa vie. Un goût d'interdit et de liberté à la fois, une sensation de bonheur intense. Mieux que tout. Mais plus le moment revient, plus les sensations se dissipent. Bientôt, ce souvenir de la rencontre de leurs bouches n'est plus qu'une brise. Impossible de tout conserver.

Ça fait mal. Sa gorge est pleine de sanglots. Il n'est plus un enfant pourtant, il devrait savoir abandonner une situation quand elle est perdue d'avance alors pourquoi il n'arrive pas à s'y résoudre ?

Les mots que lui ont donné Presnel raisonnent douloureusement à ses oreilles. Tu sais, tu as 25 ans. Tu as bâti des choses c'est vrai. Mais il n'est pas encore trop tôt pour t'en défaire. Tu es jeune, fais tes choix n'aie pas de regrets. Pourquoi est ce qu'ils lui font tellement écho ?

Et, au final, il veut oublier qu'il est venu. Oublier ce baiser. Oublier tout. Juste ne garder que sa vie normale et parfaite, une vie qui n'est pas troublée par le terrible sentiment d'avoir perdu Antoine peut-être pour toujours.

Paul se laisse retomber sur son lit. Ses yeux se ferment avec difficulté, les images tentent de disparaître. Il les range dans un coin de sa tête, un coin qu'il essayera de ne jamais plus ouvrir ou regarder. Puis, la prochaine fois qu'ils se verront, il sera comme d'habitude.

Leurs touches seront affectueuses, son sourire sera presque sincère et son estomac ne se contractera pas à chacune de leurs interactions. Ça passera. Ce n'est pas si difficile de faire comme avant pas vrai ? Il peut le faire, il a toujours su ignorer ces sentiments.

Ils ont toujours été proches depuis leur rencontre. Est-ce qu'il aurait dû agir plus tôt ? Est-ce qu'il aurait réussi à convaincre son ami de leurs sentiments mutuels ? Est-ce qu'ils auraient pu être ... heureux ?

Le monde est cruel autour d'eux. Il a peur d'aborder le sujet trop en public. Peut-être défendre l'homosexualité mais jamais en déclarer faire partie. Que penseraient ses coéquipiers, sa famille, la terre entière ? La peur est irrationnelle et pourtant des couples arrivent à survivre à cette épreuve. Avec lui, ça aurait été différent. Ils se seraient battus contre tous. L'éternel citation : « nous contre le reste du monde ».

Que du conditionnel et rien de vrai. Ses rêves sont destinés à rester morts, à ne jamais voir le jour. Il les emportera dans sa tombe. Encore une tentative de ne pas y penser gâchée. Il y revient. Qu'est-ce qu'il peut faire pour arrêter ?

Avec son meilleur ami, ils ont eu l'habitude de se parler plusieurs fois par semaine. Appels ou messages, peu importe tant qu'ils maintiennent le contact. Maintenant, il n'est pas sûr de ce qu'ils vont faire. Les soupirs s'enchaînent. Il aurait peut-être dû commander de l'alcool pour se changer les idées. Ou même un joint.
Mais il n'a pas vraiment envie de se foutre en l'air.

On toque à sa porte et il se redresse plutôt surpris. Il est 1h04 du matin, qui ça pourrait être à cette heure-ci ? Le service de l'hôtel, un cambrioleur ? Il se lève, pestant un peu contre la personne et finit par aller ouvrir.

Il n'a le temps de rien faire qu'il est tiré à l'intérieur et poussé plutôt violemment sur le lit. La porte claque dans un fracas immense. Il essaye de se débattre mais est rapidement repoussé et ses bras sont épinglés avec force au-dessus de sa tête. Avec le peu de lueur que lui fournit l'éclairage de la ville, il aperçoit une touffe châtaine.

— Qu'est-ce que tu fais Antoine ?

Mais il n'obtient aucune réponse. Au contraire, l'autre lui enlève ses vêtements avec précipitation. Il y a un léger arrêt avant qu'Antoine ne presse ses lèvres sur les siennes plutôt durement. De surprise en surprise, Paul ouvre sa bouche et il en profite pour entremêler leurs langues.

Dire qu'il ne veut pas coucher avec son meilleur ami serait un mensonge. Il en a rêvé et ne peut croire que ce pourrait être en train de se réaliser. Mais pourquoi ? Il a bien vu le regard froid que lui a lancé son ami la dernière fois, un regard qui a semblé vouloir dire "Je ne veux plus jamais te revoir".

Pogba avec quelques difficultés réussit finalement à reprendre le dessus sur son coéquipier et se retrouve sur lui. Il lui saisit les poignets et fait face au visage de Griezmann et à ses yeux bleus magnifiques assombris par le désir. Il n'y a aucune trace d'alcool.

— Pourquoi ? Anto, tu-

Mais, encore une fois, le garçon qui lui fait face ne répond pas et se contente de l'embrasser avec plus de fougue que le dernier baiser échangé. Quand il se dégage, ils ont un instant à se regarder droit dans les yeux, sa seule retenue étant sa raison. Jusqu'à ce que Antoine lâche une bombe.

— S'il te plaît, Paul, baise-moi. J'en ai besoin.

C'est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Mais, même si sa conscience lui crie de ne rien faire, il se débarrasse de ses derniers vêtements et de ceux de son meilleur ami. Il monte dans son cou où il laisse des suçons, marque le territoire. Ses mains descendent pour taquiner les tétons de son amant, lui arrachant des gémissements terribles, puis glissent le long de ses hanches jusqu'à ses fesses.

L'hésitation passée, il use du lubrifiant et introduit ses doigts. Les bruits que font l'autre français sonnent à ses oreilles comme une douce mélodie. Toujours plus.

Il entre en lui et leurs râles s'alignent alors que leurs corps bougent à l'unisson. Il est dur, pas lent et aimant comme il l'aurait voulu, mais il a trop peur que ce ne soit qu'un rêve, qu'un fantasme. Alors il marque, il marque. Pour être sûr de s'en souvenir. Antoine lui griffe le dos et, sous lui, lui prend le visage encore une fois pour l'embrasser. Il n'y a plus aucune hésitation, c'est la course au plaisir et à la luxure.
Il prend le sexe de son ami en main pour bouger au fil de ses mouvements. Finalement, il le fait venir avant de jouir à son tour, contre sa prostate. Il se retire, fatigué et le sommeil l'emporte vite, avec la sensation d'un baiser délicieux déposé au creux de son cou.

Quand Paul se réveille bien des heures plus tard, la place à ses côtés est bien vide et froide depuis longtemps. Antoine est partit sans rien laisser derrière lui si ce n'est que des marques et des draps froissés, des éléments qui disparaîtront. La déception envahit sa bouche et lui laisse un terrible goût amer.

Il est si idiot, si idiot d'y avoir cru. Pourquoi ? Juste l'élan d'un instant, d'une nuit, il a eu tout ce qu'il a voulu et désiré. Ça a été court, si éphémère. La solitude est trop énorme et affreuse. Il a mal à son cœur. La boule dans sa gorge ne disparaît pas. Pourquoi es-tu si cruel Antoine ? Regrets, regrets, regrets.

Il enfouit son visage dans les draps pour y respirer l'odeur de son meilleur ami qui est en train de s'en aller. Puis, c'est trop pour lui ; il craque et des larmes, perles salées, roulent le long de ses joues pour se fondre directement dans le tissus et disparaître. Disparaître. Il veut que tout disparaisse, lui y compris.

Au loin, à travers la baie vitrée, le soleil se lève et illumine la triste chambre, lui recroquevillé. Plus loin, Antoine l'aperçoit aussi, chez lui, entouré de sa famille, impassible bien qu'il ne puisse pas effacer la nuit dernière de sa tête.

Paul se morfond une journée de plus et à la fin, il ne va même pas prendre son avion.

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NDA :

Parce que le Draxembe avance trop bien ... Voilà un nouveau couple avec une bonne couche de drame comme je les aime !

Et les autres ? Regarde-moi. *Draxembe*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant