Et les autres ? Regarde-moi. *Draxembe*

XVIII. Vide

Neymar

Cela fait trois jours que Neymar végète sur son lit. Le silence autour de lui le rend fou. Il n'arrive pas à réaliser. Le vide dans son cœur est beaucoup trop grand. Un sentiment reste en travers sa gorge. Des journées passées allongé dans son lit, à réfléchir juste. Qu'est-ce qu'il aurait pu faire d'autre ?

C'est de sa faute. Il y a un grand vide dans les placards, un endroit où tous les cintres et tous les tiroirs n'ont plus aucun vêtement dessus. C'est de sa faute. Il y a un grand vide dans la salle de bain, un gobelet où il n'y a qu'une seule brosse-à-dent dedans. C'est de sa faute. Son lit est trop grand, la place à côté de lui est vide de toute présence. C'est de sa faute. Sa chambre, son salon, sa maison est déserte, cette même maison qui était la leur autrefois. Sa faute.

Tout est de sa faute.

Kylian est partout à la fois sans l'être vraiment. Il a l'impression de suffoquer mais il l'a mérité pas vrai ? Ce n'est pas comme s'il n'y avait aucune raison pour son départ, comme s'il avait été irréprochable. Bordel. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ?

Le plus jeune n'a rien laissé de lui dans la maison. Ah, si. Une chose. Les bagues qu'ils se sont échangés comme une promesse, pas comme un mariage, mais une union tout aussi symbolique.

Ney a tout brisé de ses propres mains. Chaque fil qui les a reliés, il les a coupés un par un. Maintenant, il est là, des bouts entre les mains, à essayer de les recoudre. Mais ça ne marche pas. Comme toute chose qui a été brisée ne peut pas être réparée, il ne regagnera jamais la confiance de son ex petit-ami, il ne la mérite pas de toute façon.

Il n'accepterait pas que Ky le pardonne aussi facilement. Il l'a blessé de la pire des manières. L'expression de son visage quand tout s'est finalement terminé repasse en boucle dans sa tête, douce torture. Il a explosé à force de tout contenir. Sa faute, sa faute. Juste. Rien ne peut justifier cette situation.

Arrêter la tragédie, baisser les rideaux. Finir avec leur relation. Se quitter. Pleurer, pleurer, pleurer.

Mais Neymar n'est pas tout jeune. La différence d'expériences entre lui et Mbappé. Conséquences de actes et être impardonnable. Il n'a pas vraiment d'espoir. Abandonner ou s'abandonner ? Il ne comprend pas comment il en est arrivé là.

La tentation ? Le désir ? Il s'en fout. Il veut juste ne plus y penser. Fermer les yeux, se laisser aller, oublier, oublier. Et, avec les jours qui défilent, ses tremblements et sanglots cessent. La douleur reste, amère, mais ses yeux sont secs.

Presnel et Julian ont réussi. Tant de gens ont réussi. Alors pourquoi pas eux ? Pourquoi il a tout gâché ? Pourquoi il n'est pas juste resté dans son train de vie, à être heureux, juste son petit-ami et lui ? Les réponses manquent. Il ne sait pas. C'est ça le pire ? Est-ce qu'il en est réduit à ça ? À avoir gâché la relation à laquelle il a le plus tenu pour que dalle ?

L'amour est-il mort ? Non. Définitivement non. Sinon ça ne ferait pas mal comme ça. Il ne ressentirait pas ce genre de sensations étouffantes, bouleversantes et glaciales à la fois. Un mélange d'auto-blâme et de désespoir qui le transperce à chaque fois qu'il se rappelle que le français ne se tiendra plus jamais à ses côtés, qu'ils ne partageront plus jamais le même lit, qu'ils n'échangeront plus jamais de baisers, n'iront plus jamais en rendez-vous.

Plus jamais.

La pire formulation que l'on puisse entendre. Celle qui condamne tout futur. Mais le brésilien en est rendu là pas vrai ? Qu'est-ce qu'il doit attendre de celui qu'il aime ? Rien. Rien du tout. Il préfère qu'il s'en soit allé, il préfère qu'il soit heureux même s'ils ne sont plus ensemble.

Lui, il ne lui apporte que du malheur. De la tristesse. Ces derniers jours, ils se sont enfermés dans la routine, dans les ténèbres, dans leurs blessures. Repliés dans les non-dits, dans le silence. Ils se sont compris l'un l'autre sans même parler. Ça a suffit pour les détruire.

Kylian, Kylian, Kylian ... Un "Tu me manques", un "Je t'aime", un "Ne t'en va pas", ils sont tous étouffés par le besoin de le laisser libre, de ne pas l'enchaîner. Tout ce qu'il mérite pour l'avoir blessé. Il ne doit pas rester. Leur relation est toxique, un poison pour le plus jeune. Puis, ça va aller. Tout va guérir. Le temps pour panser les blessures.

Ils ont eu des bons moments aussi pas vrai ?

Plein. Trop plein. C'est ce qui lui fait se sentir mourant. Il y a eu des soirs de balades dans Paris, devant la Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, ces dîners aux restaurants les plus chics ou juste à un quelconque fast-food juste à côté, ces après-midis à se cacher de la foule en courant, en riant. Les lumières qui se reflètent dans les yeux de Ky, le faisant paraître plus juvénile et plus beau que jamais, son sourire qui ne quitte jamais son visage quand ils sont ensemble. Ils arrivent toujours à se surprendre. Toujours.

Pas cette fois. Plus maintenant. Le plus dur. Le pire. Ils ne seront plus comme ça. Plus rien ne sera comme avant. Mais tout lui rappelle cette époque qui n'est pourtant pas si loin que ça. Il y a un sentiment d'inachevé qui se creuse dans son estomac. D'insatisfaction aussi. Un peu de tout, un mélange de ressentis noirs. Une tristesse déchirante.

Quand on sonne à la porte, il hésite presque à se lever pour aller ouvrir. Puis il se décide à quand même le faire. Après tout, cela peut être important. Il ne s'attend certainement à tomber sur Presnel et Julian, déterminés.

— Euh ... commence-t-il et, bon sang, sa voix est si rauque qu'il a du mal à parler. Qu'est-ce que vous faites ici ?

— On est venu trouver un moyen de réparer tes erreurs. Allez bouge, laisse-nous rentrer.

Neymar s'exécute sans poser de questions, après tout, il n'a plus rien à faire. C'est ce genre d'émotion lorsque l'on est acculé, du désespoir et de la résignation. Il ne pense pas pouvoir faire grand-chose. Le couple s'assoit sur le canapé et il se surprend à les envier un peu.

— Qu'est-ce que vous avez en tête ? Vous êtes au courant que c'est mort là ? Je ne pense pas qu'il soit capable de me pardonner et, pour être honnête, c'est mieux comme ça. Je ne veux plus lui faire de mal.

— S'il est apte à te pardonner ou non, ce n'est pas à toi d'en décider. S'il le veut, je suppose que tu ne peux pas vraiment t'y opposer ?

— Je ... ne sais pas.

— De toute façon, tu vas pouvoir en discuter avec lui en direct, déclare calmement Jule, le téléphone à la main.

À ce moment-là, la porte d'entrée s'ouvre une nouvelle fois alors que Draxler et Kimpembe se lève pour sortir. Kylian arrive dans le salon, un air neutre sur le visage. Convaincu qu'il ne le reverrait pas de sitôt, la surprise fige Ney qui sent ses gens faiblir. Ils finissent par s'asseoir en tête-à-tête sur le canapé.

Le brésilien a l'estomac retourné. Malgré lui, c'est de bonheur. Parce que, même s'il ne le mérite pas, il n'a peut-être pas encore perdu Ky.

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NDA :

Auto-blâme, auto-blâme ... est-ce que vous arrivez quand même à être indulgents un minimum avec Ney avec ce chapitre ?