XVI

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Nous étions maintenant à quelques rues seulement du point de rendez-vous. L'église de la ville venait de sonner dix coups. Nous avions bien attendu une heure sur ce toit, dans le froid hivernal, avant de pouvoir reprendre notre route. C'est toujours aux aguets que je passais d'une intersection à l'autre. Observant chaque rue dans son intégralité avant de m'y engouffrer. Nasko se trouvait un mètre devant moi. Humant l'air, la truffe tournée vers le ciel. Je n'avais aucun doute sur le fait qu'il ait conscience que tout cela n'était pas normal. Lorsqu'il avait entendu ce robot, alors que nous étions sur le toit, j'avais vu ses poils se hérisser. C'est pourquoi lorsqu'il s'arrêtait ou se refugiait dans une ruelle je ne réfléchissais pas et le suivais instantanément. Je me fiais à son instinct. Nous avions grâce à cela évité deux robots en l'espace de seulement un quart d'heure. Lorsque ma musique s'arrêtait, je ne savais jamais par où fuir, ayant la peur au ventre de me diriger tout droit vers l'objet de mes craintes. Mon compagnon, lui, savait. C'est grâce à cela qu'une petite demi-heure plus tard nous débouchâmes de la rue Meatboerd. Nous retrouvant à l'intersection de celle-ci et de celle des Hultons. Le café « Le Rouge Gorge » me faisait face. Je le détaillais, la tête penchée sur le coté. Il était sobre, mais beau. Sa devanture faite de rouge et de noir dans un style à la fois moderne et authentique. On aurait dit un café Parisien. Il se mariait néanmoins avec les autres bâtiments qui l'entouraient, des bâtiments osmaniens. Je fis un pas hésitant vers celui-ci. Cela faisait maintenant bien dix bonne minutes que je fixais ce café sans oser y rentrer. Ridicule. De quoi avais-je bien peur ? Et l'idée de me retrouver au beau milieu de cette intersection, à découvert devrait pourtant me pousser à m'y réfugier. Pourtant j'hésitais. Comment prendraient mes parents le fait que je ne les ai pas écoutés ? Que je me sois dirigée tout droit vers l'endroit qu'ils m'ont ordonné de fuir ? Et si tout simplement ils ne venaient pas ? Et s'ils n'avaient pas survécu à cette invasion ? Qu'allais-je faire si tel était le cas ? Etais-je prête à apprendre leur mort, seul dans ce café, cette ville abandonnée ? Un reflet me coupa dans mes lugubres pensées. Je plissai les yeux davantage. Que pouvait-il y avoir à l'intérieur qui puisse briller de la sorte ? Je penchai la tête en avant pour discerner l'origine du scintillement. Et je finis, après un instant d'observation par comprendre qu'il ne se situait pas dans le bar mais bien derrière moi. Sur le toit. Je ne perdis pas de temps et fis brusquement volteface. Les yeux braqués vers le toit face au café. Cherchant l'origine de ce reflet. Mais je ne vis strictement rien. J'avais beau balader mes yeux sur toute la surface visible de ce toit, rien ne scintillait. J'étais pourtant sûr et certaine d'avoir vu quelque chose. On aurait dit le reflet d'un miroir, ou d'une jumelle.. Je ne sais pas. C'est idiot, mais j'avais cru un instant qu'on m'observait. Je secouai la tête. Je perdais la boule maintenant. Génial, une nouvelle qualité que je pourrais ajouter à mon CV. Je me retournai de nouveau vers ce pourquoi j'étais venu. En soufflant un bon coup, je secouai mes mains pour évacuer le stress et avançai vers celui-ci. D'un pas qui se voulait déterminé. Ignorant le sentiment que j'avais d'être observée. Le stress me faisait halluciner. Ce n'était rien de plus, j'étais seule. L'envie de voir des « survivants » me faisait voir et croire des choses qui n'étaient que le reflet de mon imagination.
Je poussai la porte d'entrée et le tintement d'une cloche retentit. Je balayai l'espace du regard, observant le bar, le comptoir, les tabourets, banquettes et tables qui habitaient la pièce. Ce n'était que la deuxième fois que je venais ici. Mais dans mon souvenir, ce café était toujours bondé quand je passais devant. J'avançai dans cet espace vide aujourd'hui, à la recherche d'une place où m'asseoir. Mes pieds crissèrent sur des morceaux de verre brisés. Je baissai le regard, pour regarder où je marchais et éviter les autres débris qui jonchaient le sol. Une peluche à un mètre de moi me stoppa. Je sentis mon cœur se serrer et une boule se former dans ma gorge en imaginant à qui devait appartenir cet ours au nœud rose. Je serrai les points, déviai mon regard et continuai ma route, le regard maintenant fixé sur mon objectif, la banquette en cuir rouge au fond de la salle. Bien cachée de la rue. Je m'y installai et regardai l'heure sur l'horloge qui habillait le mur. 10h14.

« Bon, il ne nous reste « qu'à attendre que la nuit tombe » soit au minimum 8h », fis-je après un bref instant.

Nasko venait de s'allonger sur la banquette face à moi sans prêter attention à mes jérémiades. La minute suivante je l'entendis ronfler. Je levai les yeux au ciel.

« Je vois.. Non mais pas de soucis, t'inquiète". Commençai-je à monologuer." Non, n'insiste pas. Toi, vas-y dors, tu dois en avoir bien plus besoin que moi. Moi je vais monter la garde. Faut bien que quelqu'un le fasse après tout. Mais merci d'avoir proposé en tout cas. Ca me touche. Vraiment". Finissais-je ironiquement. 

Chaque minute semblait durer des heures. Je m'ennuyais à en mourir. Je n'avais rien à faire. Cela faisait maintenant 4 heures que j'attendais. Nasko quant à lui ne faisait que dormir. Et lorsque j'avais le malheur de souffler un peu trop bruyamment ou de frapper du pieds au sol j'avais le droit à un regard désapprobateur de sa part. Je me demandais qui de nous deux avait vraiment le rôle de « l'autorité ». Un jukebox, plus loin me faisait de l'œil. Seulement j'avais conscience que de l'utiliser serait le summum de la connerie. Mon ventre gargouilla une énième fois. Nasko ouvrit un œil puis après un court instant se leva subitement, descendit de sa banquette et partit en trottinant.

« Eh mon beau où tu vas comme ça ? » M'inquiétai-je en me redressant.

Ne le voyant pas revenir je me levai pour le chercher. Je traversai la salle à sa recherche mais ne le trouva pas. Un bruit dans l'arrière boutique attira mon attention. « Mais que pouvait-il bien faire la derrière ? ». Je poussai la porte battante menant aux cuisines et le vis une saucisse dans la gueule.

« Ah ouais et le partage, tu connais ? » Le rouspétai-je gentiment en le voyant terminer de manger ses victuailles.


Il se redressa en aboyant et secouant la queue. Visiblement content de son repas. Mon ventre gronda de nouveau à cette idée. Je me mis donc moi aussi à chercher de quoi m'alimenter. Ouvrant tous les placards de la cuisine. Je portai mon dévolu sur un paquet de gâteaux sec, un paquet de chips et une bouteille d'eau. Je me dirigeai ensuite vers le plan de travail pour m'y asseoir, tout en commençant à manger. Je gardais les yeux fixés sur l'heure du four. Non pas pour essayer de faire avancer le temps plus vite. -J'avais déjà essayé avec l'horloge dans la salle ; et ça n'avait à l'évidence pas marché-. C'était, dans cette pièce le seul élément électrique silencieux. Et je voulais éviter d'allumer une quelconque lumière. Afin de rester discrète sur ma présence ici. De là où j'étais je voyais l'extérieur et la rue. La cuisine avait tout un mur ouvert sur la salle. Tout en mangeant je regardais sur les toits. Ne pouvant m'empêcher de repenser au sentiment étrange que j'avais ressentit tout à l'heure. D'être observée. Et là je cru voir quelque chose. De statique, mais que je n'avais pas vu tout à l'heure. Je sautai de mon perchoir, abandonnant mon repas pour m'approcher de l'ouverture dans le mur. Afin de mieux voir. C'est pas vrai. On dirait quelqu'un ? Il y a quelqu'un ?! Je ne réfléchie pas et me précipitai vers l'entrée. Je voulais en avoir le cœur net. Je sortis en trombe du café. J'eu à peine le temps d'apercevoir un homme vêtu tout de noir, qu'il sauta de son poste d'observation et disparu de ma vue. Il portait une arme de précision. Comme un sniper. Il me semblait qu'il était allongé, son arme braquée en direction du café. Etait-il là depuis mon arrivé ? Etait-ce le reflet de sa jumelle qui m'avait éblouie un instant à mon arrivé ? J'amorçai un pas pour le suivre. Je n'étais pas seule, je voulais le trouver. Lui demander s'il était seul tout comme moi ou s'il avait connaissance de d'autres survivants. Mais je me stoppai. Je ne pouvais pas faire ça. Je ne devais pas m'éloigner. J'étais là avant tout pour attendre mes parents. Mais pourquoi n'était-il pas venu me voir s'il m'avait vu ?
La curiosité était bien trop importante ; je retournai en courant dans le café, attrapai mes affaires et partis à sa poursuite. En espérant que le temps qu'il avait dû lui falloir pour descendre tous ces étages me permettrait de le rattraper.

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Mh mais qui peut bien être ce mystérieux inconnu ? Pensez vous que Mia arrivera à le rattraper ? La suite dans le prochain chapitre ! Si vous voulez être prévenu lors de la sortie des chapitres ABONNEZ VOUS! :)


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Mia. L'Invasion (Tome 1) En réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant