XXXVII

177 38 3
                                    


Ma blague ne le fit pas rire. La douleur s'intensifia, me provoquant un nouveau tiraillement. Je me détournai de mon interlocuteur et ouvris le robinet avant de répliquer.

« Tu m'excuseras, j'ai à faire. Bonne nuit. », le congédiai-je avec finesse.

Je n'avais ni l'envie, ni la force de me battre avec lui ce soir. Cependant, il ne bougea pas. Me scrutant ; semblant une nouvelle fois plongé dans ses pensées. Cherchant surement à comprendre ce qu'il s'était passé ; dans quel pétrin j'avais encore pu me fourrer. Je serrai le rebord du lavabo de ma main gauche et passai mon bras droit sous le jet pour enlever tout ce sang. Mon bras était recouvert d'hémoglobine et la plaie n'en était que moins visible. Une série de juron sortirent de ma bouche alors que je retirai mon bras précipitamment du jet. En reculant je rencontrai le torse d'Helick. Je sursautai violemment, je ne le pensais pas si proche. A vrai dire, je ne l'avais même pas entendu s'approcher. Ne me laissant pas le temps de protester celui-ci attrapa mon coude avec douceur mais déclara durement.

« C'est pas croyable d'être aussi conne. »

La rudesse avec laquelle il avait employé ces mots dénotait complètement avec la douceur qu'il avait mis dans son geste. Des fourmillements apparurent à l'endroit même où ses doigts me touchaient. Il guida mon bras sous le jet d'eau, dont il diminua la puissance. Il avança mon bras précautionneusement afin que le jet ne touche pas directement ma blessure et que ce ne soit que l'écoulement de l'eau qui la nettoie. Mon sang se mélangeait à l'eau et disparaissait peu à peu dans les tuyauteries. Je relevai la tête et le regardai dans le reflet du miroir. Il semblait concentré sur sa tâche, les sourcils froncés, le regard sérieux, impassible. Après un instant, il releva la tête, plongeant son regard émeraude dans le mien, comme s'il se savait observé depuis le début. Il demanda plus calmement, même si une certaine tension était identifiable à travers ses traits.

« Que s'est-il passé ? »

Des images de ce à quoi j'avais échappé prirent place dans mon esprit, défilèrent sous mes yeux. Le rythme de mon cœur s'accrut, une angoisse m'étreignit. Des bouffés de chaleur me firent presque suffoquer. Ma vision vacilla. Je due m'agripper de mes deux mains au lavabo, prise de vertiges.

« Demain, s'il te plait.. » Ne réussissais-je qu'à répondre faiblement.

J'essayai de rester consciente, de ne pas flancher. Le corps tremblant, j'inspirai doucement. Faut dire que j'avais perdu pas mal de sang et que l'effort que j'avais dû fournir pour fuir avait dû être beaucoup trop important pour mon corps qui n'était pas encore complètement remis de sa blessure à la tête.

« Tu vas perdre connaissance là ? »

Sa réplique me vexa. J'en avais marre d'être à ses yeux qu'un boulet fragile. C'est pourquoi je me retournai brusquement. Le surprenant et lui dis droit dans les yeux. Faisant abstraction de notre proximité.

« Tu rigoles j'suis un vrai bonhomme moi, je vais pas.. »

Je ne pu terminer ma phrase, l'obscurité m'engloutis. Je m'effondrai dans les bras d'Helick. Et ne pu entendre qu'un « Merde, tu fais chier Mia. » Avant de sombrer complètement.

***

Je me réveillai dans un sursaut. Complètement, perdue. Regardant tout autour de moi, cherchant à me souvenir des évènements qui m'avaient emmené jusqu'ici ; dans cette chambre, sous cette couette. Dans le doute je relevai rapidement la couverture qui me recouvrait. Ouf, j'étais toujours pourvu de vêtements. Je me figea néanmoins en assimilant que ce n'était ni ceux que je portais la veille ni les miens. Une panique ainsi qu'un grand malaise s'emparèrent de moi. Assimilant le fait qu'Helick m'avait, durant mon inconscience, déshabillée et vêtu d'un simple t shirt. Qui soi-disant passant sentait divinement bon. « Mia ressaisi-toi. », me repris-je. Je fus néanmoins soulagée qu'il ne soit pas allé jusqu'à enlever mes sous-vêtements. J'avais conscience qu'il l'avait fait car mes vêtements devaient être trempés et recouvert d'hémoglobine mais cela ne rendait pas cette perceptive moins embarrassante. Je continuai mon inspection et tournai la tête pour observer mon avant-bras droit. Un bandage y était minutieusement fait. Je ne ressentais qu'une vague douleur sourde, rien d'insupportable.

Mia. L'Invasion (Tome 1) En réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant