XXI

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Il m'avait fallu une bonne semaine pour réussir à cartographier précisément la barrière magnétique qui entourait la ville. Je n'en avais pas fait le tour complet. Car j'avais rapidement compris que ce dôme -ou quel que soit cette barrière- avait une circonférence parfaite. J'avais à plusieurs reprises failli me faire prendre par des furteurs mais j'avais pris l'habitude de rester le plus loin possible du centre-ville. Les premiers jours je m'étais sentis mal de rentrer la nuit me réfugier dans le logement d'inconnu ; mais j'avais fini par m'y faire. Je n'avais de toute façon pas le choix. Je n'avais pour autant, jamais dormis dans la chambre des gens, me contentant de leur canapé. J'avais le sentiment naïf de moins être intrusive de ce fait. Ce qui était, soyons honnête, particulièrement idiot. De la même manière j'avais pris l'habitude de faire mes courses dans les magasins alentour. Je culpabilisai moins de « voler » dans les magasins que de me servir chez les gens. Allez savoir pourquoi ?

Je me trouvais justement allongée sur un canapé d'une de ces maisons. Celle dans laquelle je me trouvais cette nuit, j'y avais déjà dormi la veille. Demain il faudrait que je dorme ailleurs. Il me semblait risqué de rester trop longtemps au même endroit. Les yeux braqués sur le plafond, je réfléchissais. L'obscurité de la pièce n'était pas complète, la pleine lune illuminait une partie de la pièce ; malgré le fait d'avoir tiré les rideaux. Ils n'étaient pas assez opaques pour occulter toute la lumière.
Cela faisait maintenant des jours que j'arpentais la partie la plus excentrée de la vile, je n'avais croisé personne mis à part quelques furteurs. J'avais eu espoir d'y trouver mes parents ou du moins d'autres survivants, mais rien. Je n'avais même pas recroisé le gars. J'avais réussi à le croiser deux fois en une seule journée et voilà que maintenant en plus d'une semaine je ne l'avais pas revu. Pas que je m'en plaigne, seulement ma solitude commençait doucement à me peser malgré la présence de mon chien. J'en venais même à espérer recroiser l'autre gars, je le cherchais involontairement sur chacun des toits, avec l'espoir de l'y apercevoir. La solitude ne me réussissait pas, à l'évidence. Il était pourtant sûr que mes parents, le scientifique et mon inconnu soient encore en ville. Les barrières empêchant quiconque de sortir. « A moins que les furteurs les aient tués », hasarda mon esprit. Un frisson me transperça. Impossible, non, je m'y refusais, je n'y croyais pas, je ne voulais pas y croire. Il fallait que je les trouve, que je trouve quelqu'un. C'est décidé ; demain je me rapprocherais plus du centre. En resserrant de plus en plus mes recherches j'allais bien finir par trouver quelqu'un, non ? C'est sur cette idée que je m'installai plus confortablement, un couteau sous l'oreiller. Le sommeil ne mis pas de temps à m'emporter, je m'endormis en quelque minutes.

« J'ouvris les yeux. Je me trouvais debout au milieu d'une avenue, vide. J'étais à découvert. Je devais bouger, maintenant. C'était bien trop risquer de rester là, je le savais. J'essaya d'avancer, seulement mon corps ne répondit pas. Mes pieds, bien ancrés dans le sol, refusaient d'amorcer le moindre mouvement. J'insistais mais rien n'y fit. Je ne pouvais pas bouger. Un son que je connaissais si bien maintenant, retentit.

BOUMRAAFK.......BOUMRAAFK....BOUMRAFK...BOUMRAFK

La panique me transperça le corps, je devais bouger. Maintenant. A mesure que le son se rapprochait mon cœur s'emballait et mon corps tremblait. Une goutte de sueur froide descendit avec lenteur le long de mon échine. C'était la fin, Ma fin. Alors que les sons se rapprochaient dans mon dos, je vis face à moi Lisa marcher vers moi, un sourire aux lèvres. Comme si ce qui se passait lui échappait.

« Nan Lisa ! Lisa cours !! Il va te tuer », hurlai-je terrorisée. Essayant vainement de bouger.

« Tout va bien Mia, tu m'as promis qu'il ne m'arriverait rien ; je te fais confiance », fut sa seule réponse, calme et contrôlée, toujours en avançant vers moi le sourire aux lèvres.

« Que.. QUOI ? Non Lisa, écoute-moi je t'en supplie pars, fuis ! COURS je t'en supplies.. éclatai-je en sanglot alors que mon amie se trouvait bientôt face à moi, à seulement dix petits mètres.

Je criais à mon amie de fuir. Elle ne m'écoutait pas. Ma panique grandissait à mesure que ses pas se rapprochaient de moi. Le furteurs était dans mon dos, si proche.
Alors que je continuais à lui hurler dessus à m'en arracher les cordes vocales, je sentis une ombre passer. Je me raidis. C'était mon heure ; j'allais rencontrer la mort en personne aujourd'hui. Seulement, non, je vis le furteur passer à mes côtés sans faire attention à moi. Je suivis son regard et compris qui était sa cible. Je me débâtais contre la paralysie de mon corps avec tout la hargne et le désespoir que je ressentais mais rien n'y fit. Je hurlais, criais à Lisa de partir mais elle ne bougeait pas, se contentant de me regarder le visage serein, le regard confiant. Je vis comme au ralentit le robot se placer dans son dos sortir une lame dans un bruit de ferraille et la lever en l'air.

« Non, non, non s'il vous plait non non non », répétai-je avec frénésie, horrifiée par ce qu'il se passait sous mes yeux.

L'instant d'après le furteur fouetta l'air de sa lame et trancha la tête de mon amie d'un geste net. Des gouttelettes chaudes éclaboussèrent mon visage. J'hoquetai, en état de choc. Je ne respirais plus. Quelque chose toucha ma jambe ; je baissai la tête avec une lenteur effrayante. Lorsque je vis la tête de mon amie un sanglot douloureux se coinça dans ma gorge, je ne pouvais plus lâcher le regard de mon amie. Il y avait tant de sang. Alors que je fixais toujours le visage de Lisa ; je vis son regard bouger, se visser dans le miens, une larme s'en échappa. Elle ouvrit la bouche et murmura :

« Je te faisais confiance. Tu m'avais promis qu'il ne m'arriverait rien Mia. Tout est ta faute. ».

Sur ces paroles qui explosèrent dans mon esprit et mon cœur, je vis le regard de mon amie se vider de sa vie, de son âme. Le regard vide, le visage blafard, mon amie n'était plus. Et j'en étais la seule responsable ».


Je me redressai en sursaut sur le canapé, regardant tout autour de moi, désorientée. J'étais en sueur, prise de tremblements incontrôlés. Je recouvris mon visage de mes mains dans l'espoir de me calmer. Mon visage était inondé de larme. Mon cœur battait la chamade. J'étais trempée de sueur. Alors que les images affluèrent dans mon esprit je fus prise d'un haut le cœur et me précipitai dans les toilettes où je vidai tout le contenu de mon estomac. Après un certain temps, je réussi à bouger. Je me lavai les dents et retournai me coucher. Toujours prise de tremblement, je fixais le mur. Sachant que le sommeil ne viendrait plus et que je n'étais pas prête à le laisser m'emporter de nouveau. Ma gorge me brulait, j'avais dû hurler dans mon sommeil. Je passai une main tremblante sur ma gorge et l'autre attrapa ma couverture et l'amena jusqu'à mon cœur, la serrant avec force. C'est dans cette position et le regard braqué sur le plafond que je restai jusqu'au petit matin.


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Mia. L'Invasion (Tome 1) En réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant