Je voulais les voir. Je courais, me rapprochais, il fallait que je les vois. Allaient-ils bien ? Etaient-ils bien traités, nourris ? Des jours durant, j'avais pu les apercevoir dans la cour ouverte de la base. Mais malgré les capacités plus qu'incroyable de mes jumelles, j'étais bien incapable de voir pleinement, en détails leurs corps. Etaient-ils blessés ? Affamés ? Seul en me rapprochant je le saurais. J'avais besoin de savoir. Alors, lorsque j'avais vu qu'un groupe sortait de la base, s'enfonçant dans les rues de notre ville, en direction du centre. Je n'avais pas réfléchi. Je devais voir, savoir. Alors que je courais tout droit vers eux, je me demandais quel pouvait être le but de cette sortie ? Même si de nombreux furteurs les escortaient n'était-ce pas un risque de leur part ? Cela ne donnait-il pas la chance à certains d'entre eux de fuir ? Alors que la musique se stoppa je compris que je devais maintenant me mettre à couvert. Je savais le risque que je prenais, seulement c'était plus fort que moi. J'étais seule depuis si longtemps, j'avais besoin de voir qu'ils allaient bien, que je n'étais pas seule. Et je voulais comprendre à quoi pouvait bien leur servir les humains. Alors que je m'enfonçais dans une ruelle sombre, derrière une de ces grosses bennes à ordure en arrière des restaurants, j'attendis. Toujours essoufflée, je gardais les yeux bloqués sur l'avenue que je venais de quitter, les mains serrant le dessus de la benne avec force. Faisant abstraction de l'odeur nauséabonde qui s'en dégageait.
Ils ne devraient pas tarder. Cette avenue était la plus simple pour rejoindre le centre. A moins que je me sois trompée sur leur destination ? Les bruits significatifs des pas des furteurs me confirmèrent que non, j'étais bel et bien au bon endroit. Mais alors pourquoi mettaient-ils autant de temps bon sang ? Les minutes s'écoulaient avec une lenteur affolante et rien. Certes j'entendais de plus en plus distinctement les bruits des robots mais je me demandais ce qu'ils pouvaient bien faire pour mettre autant de temps à descendre cette simple avenue. Ne tenant plus je quittai ma cachette, doucement, sur le qui-vive. Et me dirigeai vers l'avenue, dans le but d'apercevoir ce qu'ils pouvaient bien y faire. Je m'appuyai sur l'angle du mur de ma ruelle pour pencher mes yeux vers l'avenue. Je ne m'attendais pas à ça. Un bruit de moteur ce fit entendre. Les prisonniers nettoyaient, déblayaient la route. Démarrant les voitures pour les garer sur le bas-côté. Ils ramassaient les objets abandonnés, laissés par leurs propriétaires alors qu'ils fuyaient dans l'espoir de sauver leur peau. Le groupe de prisonnier nettoyait tout ce qui entravait la route, afin d'ouvrir la voie. Je regardais leurs corps de plus près, ils semblaient fatigués, voutés. Aucun d'eux ne cherchaient à communiquer avec les autres ou même tenter de fuir. Avaient-ils peur ? Ils ne s'échangeaient pas un seul regard. Le regard vide, triste. Un pincement me serra le cœur. C'est donc ce qui arrivait lorsqu'on perdait espoir ?
Toujours scotchée sur leur activité, le regard bloqué sur leur avancé. Je n'arrivais pas à me soustraire à ce que je voyais. Malgré le son d'une voix intérieur me priant de partir le plus loin possible avant qu'il ne soit trop tard. Les pieds cloués au sol, les yeux figés sur la scène qui se passait sous mes yeux, j'étais incapable de bouger. J'aimerais tant leur venir en aide. Je visualisai la situation, les furteurs étaient six, pour une vingtaines d'humains, c'était tout bonnement impossible. Je reculais d'un pas, m'enfonçant dans l'ombre de la ruelle. Mais, le regard toujours rivé sur ce groupe, je vis une personne s'en éloigner quelques peu, se rapprochant de ma position. Me faisant reculer d'un second pas, ayant peur de me faire repérer. Je continuais de reculer doucement, mais mes pieds se figèrent. La prisonnière ramassa un sac à main non loin de ma position. Sa silhouette ne m'était pas inconnu. Mais dans l'uniforme kaki difforme qui les habillés tous, je n'arrivais pas mettre le doigts dessus. Tous vêtu et cachés du même bonnet, ils étaient tous si semblable. Mais le profil de cette personne, je le connaissais, j'en avais la certitude, il m'était familier. Même cette distance d'une bonne vingtaine de mètres ne changeait rien. J'étais sans appel, je la connaissais. J'avais juste besoin de mieux la voir. Et lorsque qu'un coup de vent violent et glacé couru dans l'avenue son bonnet s'envola. Des mèches rousses s'en échappèrent, plus terne cependant qu'à l'accoutumée. Un hoquet de surprise sortie d'entre mes lèvres, une de mes mains tremblantes se posa sur ma bouche.
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Mia. L'Invasion (Tome 1) En réécriture
Ficção CientíficaMia, jeune étudiante en faculté de psychologie, va, lors d'une journée d'hiver, voir sa vie basculer. La jeune femme maladroite, au caractère des plus difficile et à l'humour laissant à désirer va devoir apprendre à survivre dans ce monde qui sembl...