XXXIV

216 32 2
                                    


Je n'ai fait que tourner en rond, ruminer et maudire l'être prétentieux qui me servait de « colocataire ». J'allai très bien. J'aurai pu venir, sortir aujourd'hui. Je n'arrivai même pas à comprendre pourquoi je l'écoutai. J'aurai pu tout aussi bien sortir sans son approbation. Mais non, je l'avais écouté ! Aaarght qu'il m'énervait ! En plus, qu'est-ce qu'il m'avait pris d'être gênée et confuse comme ça lorsqu'il s'était rapproché ? Il allait croire qu'il avait une influence sur moi, ou pire ; qu'il me plaisait ! Beurk, comment je pourrais être attirée par un tel con prétentieux ? En plus il était parti avec Nasko ; j'espérai pour lui qu'il n'allait pas mettre mon chien inutilement en danger. Sinon j'allai l'étriper. J'allai attendre qu'ils rentrent tous les deux, pour m'assurer que Nasko allait bien et je sortirai. De toute façon il fallait que j'aille récupérer cette fichue carte. D'ici à l'immeuble, où ma carte se trouvait, il devait bien y avoir 10 bons kilomètres. J'allai en avoir pour quelques heures. Mais je voulais cette carte, je ne voulais pas gâcher tous ces jours de recherches. Tous ces jours où j'avais annoté, cartographié les lieux fouillés, les immeubles ouverts et autres informations que j'avais eu du mal à récolter, me mettant parfois même en danger pour les recueillir. Je savais qu'Helick ne voudrait pas que je sorte. Mais il suffirait que j'attende qu'il soit sous la douche pour m'en aller ; il n'allait pas me suivre à poil ; enfin j'espérais. J'eu chaud aux joues tout à coup. Cela devait être la colère, oui la colère.

L'horloge mural m'informait, grâce à ses deux aiguilles, 21h37. Je faisais des aller-retours dans l'entrée, me triturant les mains, prise d'angoisse. Ils auraient déjà dû rentrer. Ils leur étaient arrivé quelque chose ? Non, impossible, me repris-je en passant une main tremblante dans mes cheveux pour dégager mon visage. Mon chignon, fait à la vite, ne ressemblait plus à rien. Des mèches hirsutes s'en échappaient de façon désordonnée. Je devais avoir l'air d'une folle. Je fis une énième fois demi-tour, martelant le sol de quelques pas puis me retournai de nouveau. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Merde, fallait que j'aille voir. D'un pas décidé je traversai de nouveau la pièce, en de grandes enjambés, l'ongle d'un pouce dans la bouche. En plein stress, j'allais sortir. Lorsque je tendis la main vers la poignée de la porte, celle-ci s'abaissa, faisant bondir mon cœur dans ma cage thoracique. Je reculai précipitamment, me décalant de la porte. Ce fut les rangers d'Helick que je discernai en premier, puis en remontant mon regard je vis un étroit pantalon cargo aux nombreuses poches. Autour de sa cuisse droite se trouvait une arme, accrochée grâce à une ceinture holster. Tout en continuant mon inspection visuelle je vis mon objet d'étude vêtu d'un t-shirt blanc cachant difficilement sa musculature et une veste trouée de partout ressemblant drôlement à une veste militaire. En détaillant avec plus de minutie son torse je vis qu'une chaine était accrochée à son cou et tombait sur son poitrail. Un anneau semblait y être pendu. Je plissai les yeux pour mieux le voir, mais fus coupée lorsque sa main s'empara de l'anneau et le cacha sous son chandail. Prise en flagrant délit, je posai mes yeux dans ceux d'Helick. Nous nous fixâmes un instant, sans bouger, nos yeux s'éternisant plus que nécessaire dans ceux de l'autre. Trop longtemps pour que cela soit socialement acceptable. Mais nous n'en avions que faire, nous ne ressentions pas de gêne. Je ne saurais dire pourquoi nous faisions cela. Je repense au débat intérieur que j'avais eu il y a quelques mois ; sur les normes non dites que nous suivions. L'interdiction de fixer les gens en faisait partie. Seulement, la société n'étant plus, cela avait peut-être tout changé, me dis-je cherchant à comprendre pourquoi nous agissions de la sorte. Une boule de poils géante coupa notre lien invisible. Ce monstre poilu me sauta dessus, me faisant tomber à la renverse. J'éclatai de rire lorsque qu'il me lécha le visage, debout sur moi, au sol.

« Ça va ! Ça va Nasko ! Moi aussi je suis contente de te revoir mon beau. Aller pousse toi tu m'étouffes », Dis-je entre deux rire, heureuse de le retrouver et de voir qu'il allait bien.

Mia. L'Invasion (Tome 1) En réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant