Prologue

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La nuit à Bruckston, c'était magnifique, surtout en cet hiver particulièrement frais. Un froid bien sec qui ne gelait que les parties du corps à nues. Mais j'appréciais fortement cette neige qui tombait du ciel couvert nuages qui paraissaient rougeâtre par les lumières urbaines. Bruckston Est, c'était les usines qui marchaient encore et toujours, les ouvriers qui sortaient prendre du bon temps, et moi donc. Cette semaine m'avait épuisé. Et même si j'avais encore du travail demain, j'avais besoin de vider la tête, et partir moi aussi en quête de distractions. Je traversais l'avenue qui menait jusqu'au 4ème arrondissement et s'enfonçait dans le centre, plus loin vers le premier. Mais avant, je bifurqua vers une ruelle piétonne, quittant l'avenue encombrée et bruyante pour m'enfoncer dans un petit quartier. C'était une petite rue, presque une impasse sombre qui contrastait beaucoup avec les lumières éblouissantes de la ville tout autour. Quelques personnes recroquevillés dans leur manteau pour se protéger du froid attendaient je ne sais quoi près d'une petite porte en fer.

"Priviet."

Je pénétra dans une grande salle de concert par cette porte. Tout était enfumé, on parlait, buvait, fumait. Seules des lumières blafardes éclairaient un peu la salle, et la scène n'était qu'éclairée que de manière artisanale. Un guitariste procédait au balances sans l'aide d'aucun ingénieur, sans que personne ne le regarde, ou n'y fasse attention. Pour ma part, je me dirigea vers le bar, pour prendre une grande bouteille de bière de soixante-quinze centilitres à quelques francs, que je comptait siroter pour la soirée. Je regardait le groupe qui commençait à se brancher, et formuler des riffs pour tester l'acoustique de la salle qui disons le, n'était pas terrible. Je ne connaissait que le nom du guitariste. Mike Amphler, du groupe Dear Stratospher, un groupe qui venait de New York je crois bien. Je regardait vers la porte: Le public se faisait de plus en plus nombreux, je commençait à être pressé de tous les côtés, et enfin, le batteur commença un break pour annoncer le début du concert. D'un seul coup, le guitariste marqua une descente accompagnée de celle du bassiste, et les cordes qu'il pinçaient comme un joueur de harpe, formèrent un perpétuel solo qui sautait de la ligne de batterie, pour atterrir sans aucune arythmie particulière. Mes mains qui étaient gelées se réchauffèrent, et la chaleur du concert me prit d'un coup, sans parler de ma bière qui commençait à m'enivrer. Mais pendant quelques instant, des voix venues du public commencèrent à couvrir le concert. J'essayai de regarder de tout les côtés de la salle, je ne voyais rien du tout, à part une marée humaine. Les voix s'approchèrent de plus en plus, je commençait à être perdu entre la mélodie et ce qu'il se passait dans le public. J'avais presque envie de venir protester contre cette cohue qui troublait mon plaisir auditif, quand un homme visiblement fort inquiété se fraya un passage devant moi en me poussant violemment en arrière pour qu'on le laisse passer. Il se déplaçait vers la droite de la scène, et deux hommes qui portaient un masque de carnaval exécuta la même action que l'autre, et me bouscula à mon tour. Qu'est-ce que c'était que cette plaisanterie? Ce qui n'était clairement pas pour me rassurer, était le fait qu'ils avaient tous deux un objet chromé dans la main, que je n'avais pas réussi à identifier. Une tachycardie commença à m'affecter, et j'essayai moi aussi de me frayer un chemin pour sortir. Puis deux détonations mirent fin à l'euphorie générale. Puis encore un. Et un ultime. Je fus emporté par le courant du public, je faillis être piétiné, mais par ma lutte je réussis à me dégager de la salle pour retrouver l'air glacial de dehors. Aucun autre coup de feu n'avait été tiré, mais je ne m'attardai pas sur ce détail et fonça retrouver mon appartement ne voulant pas mourir cette nuit.

Je fus réveillé naturellement par les rayons de soleil du matin déjà diffus dans mon appartement. J'essayai de me rappeler si ce que j'avais vu hier était réel... Peut-être encore un affaire de gangs qui se règlent des comptes. Je préférai les laisser, je n'étais dans ce coup. Il me fallait peut-être enquêter.

BruckstonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant