Chapitre I

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Ma tête était lourde, mon estomac était vaseux. La vieille fenêtre en guillotine avec la peinture qui fichait camp laissait entrevoir le ciel. Il était d'un bleu éclatant et rougissait plus loins vers l'horizon. Je m'assis sur le lit pour remettre de l'ordre dans mes pensées, et cet instant fut interrompu par Marlène qui entra par une porte à ma droite, un tasse de café à la main qu'elle tenait par la soucoupe. Elle la posa sur la table.

"Tu as l'air dans un sale état – dit-elle en souriant -

- Oui, tu sais les deux types d'hier là... Ils étaient plus que louche. Soit c'était de la provocation, soit c'était de la tchoucherie. Qu'est-ce que des amateurs de ce premier ministre pourraient me vouloir dans leur journal?

- Il se sont certainement trompés de cible, ou alors oui c'était de la corruption. Mais ce sont des rédacteurs, pas des gangsters.

- Ils m'ont pris la tête toute la soirée. J'arrive jamais à me sortir de ce genre de situations. Je suis la cible préférée des gens trop insistants.

- Alors c'était des imbéciles. Quoiqu'il en soit ça t'apprendra peut-être à être moins naïf auprès des autres la prochaine fois."

J'aquieçai en croquant mon sucre avant de boire mon café en deux gorgées. Marlène grimaça de dégoût, elle ne comprenais jamais pourquoi je le buvais comme ceci. Je reposa mes lunettes sur mon nez et rassembla tout mon courage pour me rhabiller. Je mis mon manteau, pris mon sac en cuir et je rentrai dans le salon tout petit de Marlène. En effet son appartement était plutôt petit, mais le mien l'était encore plus. J'avais rencontré Marlène en sortant de mon école, quelques années après la mort de mon père. Nous vivions encore séparément, car nous restions encore très libre alors que cela durait depuis plus d'un an déjà. J'étais subjugué par ses mèches blondes qui tombaient de son front jusqu'à ses joues d'une douceur intense qui devenaient écarlates, le reste de ses cheveux en arrière retombaient sur ses épaules. Je ressentait un sentiment de liberté immense lorsque je l'admirait ainsi.

"Tu pars – me demanda-t-elle -

- Je suis déjà bien en retard.

- Quel zélé! Burry te laisse venir quand tu veux, tu monopolises les pages de Brucktopia, je l'ai bien vu!

- Désolé, mais j'ai beaucoup à faire. À ce propos, toi aussi tu n'as pas des critiques à faire pour ta maison d'édition? - demandai-je avec un grand sourire -

- Mais j'aime mon métier moi mon cher, et je ne m'obstine pas à en faire plus que ce que je devrais.

- Ah si tu insinue que je n'aime pas mon métier je ne peux plus rien pour toi, je pars!"

Je l'embrassait langoureusement, et prit la porte avant de descendre les cinq étages de cet escalier grinçant. Une fois je dans la rue je descendit dans les sous terrains. Dans une des galeries il y avait un un café dans lequel je m'arrêtait pour prendre deux croissant et un deuxième café. J'admirai la une qui était affiché sur le mur blanc:

"La démission des forces de police, et les violences policières."

En effet, certains des forces de polices démissionaient à cause des mesures du gouvernement, et d'autre dérapaient dans la violence. Je me disait que ils avaient peut-être des raisons, la ville subissait de violentes manifestations antigouvernementales partout dans la cité, et la plupart étaient parfois très violentes. Cela n'était pas arrivé depuis bien longtemps, en fait quasiment jamais, et Bruckston n'avait jamais connu de guerre ou quelconque officiellement. La vie ici n'était donc que peu préparée à la guerre, quoique l'immigration de l'Europe à Bruckston avait explosé ces trente dernières années, et l'était toujours, contrairement aux États-Unis à cette époque.

BruckstonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant