Dix huit heure. Après cinq heures de bureau de votes ouverts et deux heures de dépouillement, Les sondages étaient à 35% pour Donoré. 21% chez les communistes, 27% pour les socialistes, et le reste des petits partis extrémistes sans trop d'intérêts. C'était une catastrophe, d'autant plus qu'une ligne avait été rajouté dans son programme, pour ainsi dire la suppression du conseil ministériel, et donc une représentation accrue de l'état. Comme aux états unis.
Chez la gauche, tout ceci nous était proscrit. L'état devait être une réunion du peuple, et un institution, surtout pas une figure précise.
Pour ce qui était de ce tempérament politique, nous étions plutôt en colère. Les communistes avaient refusé de s'assembler avec les socialistes, ce qui laissait un froid entre les deux. Nous aurions pût largement gagner les élections grâce à cela. Mais ils avaient tous des idéaux précis à défendre. A cause de ces événements, le gouvernement fictif dans lequel je travaillait s'était presque dissout. La grève s'était estompée de part le dégoût des ouvriers.
Quand à moi, toujours la même chose: j'enquêtait activement sur l'affaire, et me contentait de rédiger les unes de chez moi, en parcourant station de métro par station de métro pour trouver des sources dans les institutions de Bruckston. Les journées étaient plus qu'épuisantes si on rajoutait à ça ma fréquentation habituelle du soir dans les bar et les boîtes de rock. Simon & Garfunkel, un duo New Yorkais qui commençait à grimper les échelons musicaux. Et au niveau international. Leurs chansons de folk, qui ne nécessitait qu'une batterie et une guitare folk, parlait de l'insertion d'un jeune homme dans la vie active de New York douloureuse et prématurée. Je m'identifiait plutôt bien à ce genre de récit, même si je n'avait pas eu grand mal à m'intégrer à Bruckston. "i am leaving i am leaving but the fighter still remains..." Une image des coups de gants de boxe que la vie nous donne auquel l'on doit à tout prix surmonter sous peine de finir oublié à jamais. Ce genre d'expression artistique est peut-être anodin pour beaucoup de gens, mais c'est typiquement la chose qui, sans son existence, m'aurait laissé sous les rails d'un train a à peine seize ans. Mais même si la vie (ma vie) n'était pas parfaite, l'idée de m'épuiser à vivre m'exaltait.
Sheldon était enfin arrivé à Bruckston. L'avion au sol roula doucement vers la porte, et le soleil commençait à peine à se lever. Il avait suivit Mickael Yardiff jusqu'à Londres car cet ingrat avait refusé de rester à Bruckston "une ville de gorilles sauvages" selon ses dires. Il avait passé un long interrogatoire plein de larmes avec le proxénète Anglais, qui s'était, lui encore suicidé en cellule à l'aide d'un seul stylo. La prostituée avait tout de même été libérée à Bruckston, car elle n'en savait visiblement rien. Mais elle était selon les contacts de la police portée disparue depuis hier soir. Il avait ensuite passé quatre jours à Cap Carnaval, pour communiquer certaines informations. Notamment les bandes téléphoniques de Allan. Même si cela le répugnait, il s'agissait simplement de la profession. Alphonse allait revenir dans une semaine, et ils allaient commencer à fouiller dans les finances de campagne à Donoré. Les sondages sonnaient faux. Même si Alphonse disait tout le temps que la politique n'était pas liée à la criminalité, c'était un Carnavalais. Il ne savait pas ce qu'était Bruckston réellement, un tel événement était tout juste impensable.
"Mesdames messieurs, en raison d'attaques terroristes très violente, la sortie de l'aéroport est formellement interdit par les autorités. Veuillez garder votre calme et patienter ici."
Sheldon fronça les sourcils.
Il n'arrêtait pas de trembler. Il se demanda si il réalisait seulement ce qui était en train de fer. Prendre une charge, l'introduire dans l'arme automatique, tirer sur le manche, et appuyer longuement sur la gâchette. Le plus dur était de recharger. A ce moment précis, on avait le temps de méditer sur la situation actuelle. Puis on reprenait le dur travail moral en ôtant des vies simplement en appuyant sur la gâchette, le bruit de l'arme faisant distraction psychologique. "Puisque les communistes sont un problème pour notre but, je dis plus de communistes, plus de problème!" disait-le patron. On voyait bien que ce n'était pas lui qui exécutait. Des bombes explosaient, dans les 18 avenues principales de Bruckston, 10 impliquaient une fusillade. Cette heure parut durer des jours. Les gens se cachaient, le fuyait comme si il était un monstre. Peut-être qu'il en était un? Puis, à court de munitions, nous trois qui étions qu'une infime partie du coup, la police arriva.
"Vous vous souvenez du code? Dit Hayley, une complice, en sortant un beretta à sa tempe.
- J'ai vraiment pas envie. Dit-je, les larmes aux yeux, même si je sortait mon arme machinalement.
- Ferme ta gueule et applique."
Elle tira en s'écroulant au sol. Auguste, le deuxième, tira à blanc avant de charger son arme et tirer pour de bon. Je regarda la pointe en face. Je sentit une vive et brève perte de sens dû à mon état psychologique, j'appuya enfin sur la détente.
Sheldon patienta toute la nuit à somnoler dans l'avion. A sept heures du matin, il sortit de l'aéroport. Le gouvernement avait déclaré l'état d'urgence, et il dût traverser toute la ville à pied, un périple long de deux bonnes heures de randonnée dans la jungle urbaine. Il venait de traverser l'équivalent de deux fois Paris à pied. Les rues étaient pleines d'ambulances, de fourgons militaires, et il passait un contrôle d'identité à chaque avenue. D'après les forces locales, le tiers des criminels se seraient suicidés à l'arrivée de la police, le reste s'était volatilisé. L'origine reste inconnue, mais il semblait bien que tout ceci soit lié à la tension politique. Une tuerie dans plusieurs manifestations. La ville était évidemment sous un choc monstrueux, et plus personne ne sortait. Tout était figé, les rues et la circulation automobile habituellement excessive à Bruckston était dans certains quartiers (surtout en centre ville) inexistante, si ce n'était que quelques forces de l'ordre, et des passants inconscients comme Sheldon. Cependant, la fusillade avait cessé à 4 heures du matin, le dernier meurtre officiellement à 4h23. Une tache de sang de plus dans l'histoire de Bruckston. Mais celui ci faisait froid dans le dos. Aucune patrouille de police n'avait intercepté d'armes ni quoi que ce soit, cet attentat était le crime parfait. Allez savoir ce qu'il se trame encore derrière.
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Bruckston
ActionUne cité état nommé Bruckston, née de l'immigration en Amérique du Nord prospère de son socialisme depuis des années. Mais quelque chose se trame derrière... Allan Powinski, jeune journaliste tourmenté va avoir la lourde tâche d'informer la populati...