J'avait la lèvre ouverte, la joue violette, une plaie sur le front. J'avait aussi plein de sang séché et un affreux mal de ventre. La radio crachotait des informations dont je m'abreuvait depuis près de trois heures, allongé sur mon lit, luttant contre la douleur.
"Le suffrage du premier tour de l'élection des électeurs est ouvert et s'arrêtera demain matin à quinze heures. Le suspens est à son comble, et un long débat est organisé ce soir, ou sera présent les principaux électeurs ainsi que les plusieurs candidats. Nous rappelons que la popularité de Mr. Donoré est supérieure aux autres. Nous vous rappelons que voter est bénéfique a notre démocratie, nous comptons sur vous."
Adams était armé jusqu'aux dents. Il portait un long manteau noir de tueur, et des lunettes de soleil qui cachait son expression triste qu'il portait réellement. Il portait un sac énorme contenant une mitrailleuse et un bombe. Il sortit du métro lentement, dans une démarche molle dans les rues du quartier hippie de Bruckston. Les rues de ce quartiers étaient tout le temps bondés. Il s'arrêta dans un bar, aux allures indiennes. A l'intérieur, les joints fumaient, et remplissait la salle de brouillard diffus. Adams posa le sac. Il prit un objet couvert d'une bâche et referma soigneusement le sac. A présent c'était comme une pièce de théâtre. Il l'avait répété plusieurs fois, mais ce coup ci c'était pour de vrai. Et cela ajoutait deux fois plus de glauque à ses pensées. Il ne savait pas si il devait rire ou pleurer, mais il savait ce qu'il devait entreprendre. Il sortit du bar, abandonnant le sac, et alla un peu plus loin dans la rue. Il s'immobilisa. Il respira lentement, essayant de ressentir le plus possible la sensation d'être en vie, une dernière fois. Il déballa la mitrailleuse, tira sur le levier sous le regards déjà inquiets des passant. Puis vint le moment ultime où il ouvrit le feu sur la foule. La mitrailleuse tirait des balles d'une violence extrême, sifflotant dans les airs avant de percuter une mur, ou le crâne d'un des passants. Les gens s'enfuyaient, de manière chaotique, plusieurs personnes étaient déjà par terre, et la panique générale se présentait dans les rues. Adams se dirigea tirant quelques coups de feu de temps en temps, vers le bar où était le sac. L'évacuation des rues était interminable, le champ de tir était encore large. Il finit son chargeur sur les gens dans le bar, avant que son arme explose, trop surchauffée par les tirs. Il avait les mains en sang, mais cela importait peu. Les gens au fond du bar regardait le meurtrier avec terreur, bloqué par la situation. Il sortit un Desert Eagle chromé de son manteau, et tira deux fois sur le sac qu'il avait laissé. Au bout d'une trois secondes d'intense terreur et de dernières réflexions de la part d'Adams tout comme la foule dans le bar, et une explosion violente rependit une boule de feu qui s'étala jusqu'à la sortie de la salle. L'immeuble enflammé s'écroula dix minutes plus tard, et celui voisin au bout d'une heure trente. Le sang gisait en ce moment encore dans les rues, ruisselant dans les rigoles de Bruckston.
"En cette belle journée de printemps, le Parti Socialiste a triomphé. Les électeurs de gauche on récupéré le plus de voie, et les mobilisations civiles reprennent, après ce vote serré (55% des suffrages de gauche) et une période de calme dans la cité. Le deuxième tour est à venir, puis éventuellement un troisième. Pour rappel, le tragique événement d'hier reste sans revendications, et inquiète très sérieusement les services de Police de Bruckston. Une délégation de la police internationale a été déployée à l'hôtel de police de Bruckston, afin d'enquêter sur cette sombre affaire. La situation tente d'être maintenue au sein des fortes tensions politiques de la cité, qui sont probablement les plus marquées de l'histoire de celle-ci.
A. Powinski"
Le gouvernement Bruckstonois avait ouvert un grand amphithéâtre pour accueillir un débat chaotique sur les élections prochaines. Il y avait de tout, des hommes d'affaires, des communistes, des socialistes, des centristes, des pacifistes, des conservateur, et évidemment le parti fasciste qui accueillait les Ordriers. On sentait un sentiment d'abandon de la part du centre, une solidarité à gauche, et une tension à l'extrême droite. Les conservateurs étaient affalés sur leurs sièges, en costard cravate, tranquillement. Les violents du parti communistes toujours vêtu de longs manteaux noirs agressifs fixaient en face, les Ordriers vêtus de costards sombre en vacarme, avec un air de tension et de provocation.
Donoré arriva en premier, avec sa longue barbe pointue. Il se démarquait bien des autres candidats qui demeuraient écrasés excepté Mr. Bondy, de gauche qui avait récupéré le plus d'électeurs pour ce premier tour. Mais Donoré demeurait confiant, et commença à parler après un longue introduction du débat.
"Bruckston ne pourra pas se contenter d'un partenaire unique pour longtemps. Il faut à tout prix s'émanciper des accords Français et Italien, et se rapprocher des Etats Unis économiquement.
A cela, j'y répond dans mon programme en proposant d'adopter le dollar au détriment du franc Bruckstonnois. En effet, il est bien moins cher, et cela nous permettrait d'attirer des investissements étrangers, l'économie va grimper drastiquement, et les finances de Bruckston pourront se renflouer. La dette économique est lourde, et ce notamment à cause des mesures de dépenses publiques. Aussi il faudrait penser à une politique plus stricte et moins providentielle. L'économie privée suffira largement à couvrir les services civils."
A ces mots, le sous-parti communiste était totalement hystérique, et la salle était tellement immense et bondée, qu'on entendait rien de ce qu'ils clamaient. Bondy s'approcha de son micro.
"Tout ceci est tout bonnement scandaleux, vous n'allez pas corrompre un peuple avec des théories pareilles. Bruckston ne va pas bien. On ne peut ignorer la misère constante d'un tiers de sa population, dont la moitié est déjà corrompue. Au diable les Etats Uni! Vous allez me faire croire qu'ils on levé le petit doigt lors du génocide douloureux que nous avons encaissés? Nous n'avons pas besoin d'investissements étrangers. Il faut d'abord d'auto suffire. Nous possédons déjà une partie de campagne plutôt grande au nord de la ville, où les maïs sont produit pour être exportés massivement vers l'Europe. Nous avons nos mines de charbons et des minerais plus loin dont nous sommes en train de racheter. Nous devons investir dedans. Et croyez moi, on pourra se relever, et appliquer encore et toujours des valeurs d'entraide... Dois-je vous rappeler Mr Donoré, que nous sommes attachés à l'Europe, de part notre histoire et notre population. Ainsi, dans cette transition je dénonce vos mesures anti-immigration dans votre programme, une immigration qui nous concerne pour la grande majorité à Bruckston."
La foule réagit par des discussions, des applaudissements, et des blâmes. Donoré se pencha vers ses micros, sans qu'aucun candidat ne puisse réagir.
"Mes amis, vous oubliez la situation dans laquelle se porte l'Europe, ce n'est pas une source fiable. Le seul appui valable que nous puissions avoir, c'est le monde, tout simplement. Bruckston est un emplacement économique je vous le garantit. Nous ne pouvons pas rester dans cette situation, nous devons avancer, triompher, et se doter de quoi s'abreuver du monde, jusqu'à la dernière miette, en satisfaisant le plus de demande possible. Bruckston doit commencer sa marche, joignez vous à nous!"
On ne pouvait pas enlever une chose à Donoré, c'est que c'était un parfait orateur. La moitié de la salle l'applaudit. Je ne trouvait pas tout critiquable dans son discours, malgré la valeur morale capitaliste qu'il véhiculait. Mais tapis entre les militants communistes qui voulait voir Donoré à la potence, j'était le seul à savoir que celui-ci n'était pas que ça. Son programme n'était que minime à ce qu'il allait entreprendre, et il me pressait de savoir ce que c'était. Il fallait que je rentre chez moi, commencer à analyser le dossier.
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Bruckston
ActionUne cité état nommé Bruckston, née de l'immigration en Amérique du Nord prospère de son socialisme depuis des années. Mais quelque chose se trame derrière... Allan Powinski, jeune journaliste tourmenté va avoir la lourde tâche d'informer la populati...