J'était assis dépité sur le fauteuil devant une table dans une pièce austère, éclairée par une seule ampoule à lumière blanche. Un homme avec des moustaches, et des lunettes de soleil. Il alluma sa pipe, et se rassit dans son fauteuil.
"Donc... Si j'ai bien compris vous n'avez pas déclenché l'agression?
- Pour la dernière fois, oui. Je me suis simplement défendu, et au moment où il allait tirer sur moi, j'ai déclenché l'arme.
- Et qui vous a donné cette arme à feu?
- Un ami à moi, je ne sais pas d'où elle vient.
- N'oubliez pas que le port d'arme est toléré, mais vivement surveillé par les forces de police. Ecoutez, vous allez rester encore quelques temps ici, le temps que l'affaire s'éclaire. Etant donné que votre agresseur est mort, nous n'avons plus aucune piste de ce côté.
- J'ai été agressé. J'ai tué quelqu'un, je meurt de sommeil, de faim, de soif. Et en plus, je dois rester dans ce commissariat pour une durée indéterminée.
- Comme vous l'avez dit, vous avez tué quelqu'un. Et c'est pas parce que vous êtes un journaliste que je vais vous laisser gambader dans Bruckston. J'ai aucune preuve que vous êtes la victime. Je préfère me méfier des gaillards comme vous."
La porte s'ouvrit brusquement, et Sheldon émergea dans la salle, et déposa une pile de fiches sur la table.
"Allan Powinski, vous êtes libre. Je suis revenu de Cap Carnaval, et j'ai la preuve que cet homme a été agressé.
- Ça ne fonctionne pas comme ça, aucune preuve ne sera tangible. Et qui êtes vous d'abord?
- Sheldon Torlici, agent de la police de Bruckston attaché à InterPol. Allan Powinski est menacé par une organisation terroriste originaire d'Europe. On ne peut pas en dire plus, le dossier est un secret défense. Moi même je n'ai pas accès au dossier. Mais la menace est réelle.
- Vous prétendez qu'un vieux dossier qu'on ne peut pas lire explique la libération de cet individu? Vous ne me prenez pas pour une cruche par hasard?
- Vous trouverez dans ces document un avis du ministère qui innocente directement Mr Powinski ici présent. - L'homme aux lunette frappa sur la table et s'en alla, déçu. -
- Merci. Infiniment.
- Il y a pas de quoi, Alphonse a reçu un coup de téléphone hier soir de Interpol disant que tu était enfermé ici. Je me suis dépêché de te sortir d'ici. Ceci dit, ça reste flou du côté de cette foutue organisation.
- Comment ça?
- Le dossier top secret fait état d'un gang français dans Bruckston. Mais il y a rien marqué de plus. On sait tous toi et moi que c'est bien plus que ça. - Alphonse rentra dans la pièce -
- Mais c'est ce cher Allan! Comment ça va?
- J'ai tué quelqu'un.
- Bof, j'en ait tué cinq dans ma vie. Enfin, ça fait parti du métier.
- On est des flics pas des assassins Alphonse.
- Ah bon? - dit-il ironiquement -
- En tout cas, tout ça a un rapport avec Donoré. Et bien d'autres choses.
- Pourquoi?
- Je vous en dirait plus un autre jour. Jeudi, venez à l'Hasard dans le 5ème, une petit bar dans le Boulevard Rachidi. Donoré va gagner les élections et il ne faut absolument pas que ça arrive.
- Je comprends. Allez, rentre chez toi te reposer. Tu viens de faire une nuit blanche.
- Bonne nuit les gars.
- A Jeudi."
Je fût réveillé par les pétards qui éclataient non loin de ma rue. J'entendait les gens crier, les sirènes de police, et la cohue générale de dehors. Il fallait que j'aille voir. Je descendit dans la rue, et plus de descendait, plus le vacarme était perceptible. Des banderoles était déployées dans la foule. Donoré = Suicide social!, Les communistes entravent encore la démocratie, La rive ouest est pleine aux as, la rive ouest est dans la crasse!, Mort aux rouges. Sur le côté d'une rue, un homme était assis, reprenant ses forces, au pied d'une marre de sang qui coulait de son nez cassé. Un brouillard de gaz épais imprégnaient le boulevard, qui faisait disparaître les manifestants qui couraient dans sa direction. Je demandait à un homme qui descendait la rue les revendications.
"Vous n'êtes pas au courant? Les électeurs de droite on eu la majorité au 3ème tour! Donoré va être élu! Enfin! Bruckston va pouvoir progresser!
- D'accord. Tant mieux pour vous.
- Pas de problème Mr... Powinski."
Il s'éloigna lentement de moi en rigolant comme un abruti et disparût dans le nuage de fumigène plus loin. Je resta de marbre devant cette insulte et descendit dans les métros. Le métro continua sa course sur les ponts métalliques entre les rues. Je fixait la fenêtre, et vit furtivement un homme accroché à la rambarde du pont, les pieds proches du vide. J'écarquillai les yeux pour tenter de savoir si cela n'était que mon imagination, mais le métro allait tellement vite que je n'eût pas le temps de vérifier. Tout le monde n'avait pas l'air choqué, toujours dans la lassitude morose urbaine. Dans le quartier, la foule était encore plus abondante qu'avant. On voyait des gens avec des sacs pleins de fumigènes, de banderoles et de bombes de peintures, courir dans les rues pour trouver le centre des barricades non loin de là. Ce jour là je fit quelque chose d'exceptionnel. Je resta une journée entière dans mon bureau à écrire mes articles, à coup de café et de tabac. Une chose que je n'avait pas fait depuis mon burn-out. J'avait d'ailleurs arrêté mes anti dépresseurs, et la tequila me rendait encore plus malade qu'auparavant. J'était constament en état pacif de pseudo dépression, qui résultait sans doute ce dont quoi j'avait été impliqué depuis quelques mois. Je n'avait jamais vu autant de sang couler en si peu de temps. A 20h, mon téléphone sonna.
"Oui?
- Oui, Allan, c'est Alphonse, on a quelque chose d'assez tracassant actuellement. L'attaché parlementaire de Donoré s'est suicidé.
- Quand ça? Et où?
- Vers 11h je crois. Au dessus du Pont La Rochelle. On est censé te le dire parce que t'es dans la presse mais entre nous... C'est assez suspect et je pense qu'il faudrait passer à la phase supérieur et enquêter de très très près.
- Je ne sais pas si c'est très raisonnable... Pour le moment. Vous avez vu les tensions politiques en ce moment?
- Oui je sais mais... Ça me fait des frissons quand même.
- Hé bien faites comme vous le sentez. C'est pas de moi que tiens le cours de l'histoire.
- Aucun problème Allan, bonne nuit.
- Bonne nuit."
Je raccrocha et me mit à penser. Il était évident que c'était lui que j'avait vu suspendu au dessus du pont. Sûr et certain. Et si l'attaché de presse s'était suicidé c'est qu'il y avait des raisons et des affaires derrière. Je ne pouvait pas m'empêcher de penser que si un homme est prêt à sauter d'un pont pour échapper à quelque chose, c'est que ce qu'il fuyait devait être terrible.
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Bruckston
ActionUne cité état nommé Bruckston, née de l'immigration en Amérique du Nord prospère de son socialisme depuis des années. Mais quelque chose se trame derrière... Allan Powinski, jeune journaliste tourmenté va avoir la lourde tâche d'informer la populati...